L’Énergie, tout le reste en découle... Par Amadou Diop

L’attachement fort que les Sénégalais portent à la stabilité de leur pays les encourage à supporter la pauvreté, le chômage chronique, la carence de médecins et un niveau d’enseignement qui dégringole de jour en jour. Mais jusqu’où s’arrêteront nos sacrifices ? Une chose est certaine, cette bulle de sacrifices s’éclatera un jour. Le Sénégal va très mal sur tous les plans : politique, religieux, économique, éducatif et social.
Nous vivons aujourd’hui la période la plus noire et la plus scandaleuse de notre histoire. Messieurs les assoiffés, de pouvoir, ça fait trop longtemps que nous supportons l’indécence que vous nous avez infligée. Vous avez tendance à minimiser les problèmes que nous vivons au quotidien. Cela, parce que vous érigez votre monde comme modèle et référence ce qui vous éloigne de votre mission première qui est de travailler pour le peuple. Aujourd’hui, la pauvreté est tellement forte au Sénégal que les facteurs déterminants de ces élections seront comme d’habitude liés à la conjoncture politico-économique, tels que le pouvoir d’achat, la corruption et l’image des candidats. Cette dernière occupe la quasi-totalité des débats ce qui me fait dire que les politiciens vont encore faire recours aux manœuvres politiciennes pour apprivoiser le peuple sénégalais. Vous agissez tout le temps de la sorte car vous n’êtes pas à la hauteur de nos problèmes dont vous êtes pourtant à l'origine. En réalité vous n’avez jamais réfléchi sérieusement aux solutions à nos problèmes. Tout ce qui vous intéresse c’est le pouvoir. Je serais même tenté de dire qu’il reste encore en vous cette fibre d’esclave qui vous oblige à vendre économiquement votre peuple aux anciens négriers. En espérant que vous lisez cette lettre, Messieurs, je vous recense ici ce que les Sénégalais attendent de vous.

Une autonomie d’énergie jusqu'à l’extinction du soleil

D’après la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, « le continent africain représente 13 % de la population mondiale, mais seulement 35 % des habitants ont accès à une énergie commerciale telle que le charbon, le gaz et les produits pétroliers. Moins de 10 % ont accès à l´électricité ». L’énergie est sans doute le paramètre le plus important pour le développement d’un pays. Une bonne santé financière nécessite une bonne politique énergétique. Les pays les plus compétitifs sont ceux qui sont autonomes en énergie. C’est pourquoi je pense que le plan de développement accéléré du gouvernement n’était qu’une illusion. J’en profite pour renvoyer tous nos dirigeants au livre du professeur Cheikh Anta Diop intitulé : Les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique Noire. Aujourd’hui, le problème de l’énergie est devenu le symbole de la misère des Sénégalais. La plupart des candidats sont conscients que nous ne pourrons plus continuer à être dépendants du pétrole. Il faut opter sur l’énergie solaire pour régler ce problème. Certes le soleil est une source d’énergie inépuisable, mais il faut mettre en place dès maintenant des mécanismes pour le protéger des investisseurs étrangers. Le Sahara occidental va devenir bientôt l’el dorado de l’Allemagne en matière d’énergie solaire (en 2000, le gouvernement Allemand a investi sur 100.000 toits de panneaux solaires) et d’autres pays occidentaux ne tarderont pas à l’imiter. Si nous perdons la bataille de l’énergie solaire, on peut dire adieu à notre développement. Le soleil doit être une exception de nos ressources dilapidées.

Énergie solaire pour diminuer la pauvreté dans le monde rural

L’essentiel des programmes des candidats à l’élection présidentielle de 2012 s’articule au développement des grandes villes. Certes, les grandes villes doivent être dotées d’infrastructures, mais cela ne doit pas se faire au détriment du monde rural. Aujourd’hui le monde rural, reste dans sa grande majorité, marginalisé et oublié quant à la satisfaction des besoins les plus élémentaires. Abdou Diouf avait bien compris l’importance de la productivité (contribution) du monde rural dans l’économie du pays. C’est pourquoi il avait mis en place un plan d’électrification rural. Ce dernier visait à améliorer les conditions de vie des ruraux, à maîtriser l’exploitation, la conservation et la transformation des produits car les pratiques actuelles sont rudimentaires et dépassées par l’évolution croissante des besoins vitaux des populations et de l’économie. L’électrification rurale avance aujourd’hui à pas de tortue. Cette inefficacité est due à l’éloignement des zones rurales des sources de production de l’énergie ce qui rend les coûts de transport de l’énergie électrique conventionnelle trop onéreux pour le gouvernement.
Les successeurs d'Abdoulaye Wade devront finir l’implantation des panneaux solaires dans les zones rurales initiée depuis les années 80. Selon le professeur Pathé Bolé Dieng le Sénégal a une moyenne d’ensoleillement de 3 000 heures par an, soit au moins 6 heures de soleil par jour, ce qui est largement suffisant pour assurer le fonctionnement optimal de n’importe quelle technologie d’usage du solaire. C’est pour ces raisons que ces technologies y présentent une disponibilité pratique et, constituent des moyens parfaitement adaptables et fiables pour la satisfaction d’une partie importante de la demande de consommation d’énergie en milieu rural (éclairage, cuisson, alimentation de machines et appareils...).

Amadou Diop – Doctorant en chimie à l’université du Québec à Trois-Rivières-Canada