Juges! le peuple vous écoute!

La gravité des crimes à Madinatoul Salam ne laisse personne indifférente, tant la barbarie avec laquelle elles sont commises, a atteint un degré inouï et inédit dans l’histoire de la criminologie au Sénégal. Elles rappellent douloureusement les fosses communes d’Hitler ou les tristes charniers de Youpougon. Ino et Alex en auraient sans doute émus.
Certains pensent juguler le mal par l’élimination des phénomènes de milices religieux qui prolifèrent dans ce pays ! Mais c'est les systèmes politico-religieux qui les produisent et les entretiennent qui doivent procéder en premier au toilettage interne au risque de participer à la conspiration du silence! Un guide religieux de quelque obédience qu'il soit à l'obligation d’éradiquer tout ce qui peut nuire à l'image de la religion à fortiori à celle de sa propre communauté! Ainsi, la méditation ou le retrait spirituel ne saurait être pris comme prétexte pour se terrer dans un silence assourdissant alors que « la cité brûle ». L’adoration de Dieu n’a de sens que lorsqu’il est articulé au service de la communauté. Certes, le guide a un droit de réserve par rapport à certaines frivolités de ce bas monde, mais il est interpellé par la communauté à chaque fois que sa destinée est mise en jeu comme dans des cas aussi grave de meurtres ou d’assassinats organisés. Au moins, s’il n’agit pas directement, il doit garder une position de neutralité objective quand la justice de son pays se saisit d’une affaire.
L'autorité politique à l'obligation de supprimer toute association qui, parce qu'il se couvre sous le manteau d'une confrérie, s'érige en une armée ou une police parallèle pour faire sa propre justice en semant la terreur et la zizanie. Malheureusement, le défunt état libéral, au lieu de s’atteler à cette mission régalienne, a contribué à la protection de ces milices clandestines en se servant d’elles comme une police aveugle qui sévit impunément dans le noir. Malgré leur implication dans d’innombrables crimes, elles sont logées, nourries et blanchies au grand déshonneur des inspecteurs de police et de la gendarmerie nationale.
Par ailleurs, la meilleure façon de tuer un serpent c'est de lui couper la tète. La suppression des sectes ou associations de malfaiteurs qui prolifèrent au Sénégal passera inéluctablement par la « décapitation » des gourous, une mise à l’écart systématique, car en général les foules qu’ils dirigent, victimes d’un endoctrinement mystique (les fanatiques et illuminés) ou voulu (par ceux qui recherchent protection sociale et luxure) sont comparables à des troupeaux de moutons veules et vains. Une fois que le chef anesthésié, c’est la débandade générale et le sauve qui peut. Il s’agit de les récupérer stratégiquement et de les réintégrer dans les circuits normaux, en apportant aux uns (les illuminés) des soins psychothérapeutiques adéquats et aux autres (les nécessiteux) la couverture sociale dont tout chômeur et pauvre a besoin.
En tout cas, l’Etat sénégalais doit prendre toute ses responsabilités pour que ces crimes d’une rare violence ne se reproduisent jamais. Cela passera par la condamnation sans pitié des coupables avec toute la force de la peine requise. J’ai confiance à la justice sénégalaise.