GUINGUINEO - la ville fantôme : entre l’espoir et la déception.(Amadou Fall)

Bay ci sa wewu tànk !


GUINGUINEO - la ville fantôme : entre l’espoir et la déception.(Amadou Fall)
Connaissiez –vous GUINGUINEO, cette cité bouillonnante, alerte et facile à vivre d’il y a à peine deux à trois décennies ? Connaissiez –vous GUINGUINEO à l’heure des Autorails 1, de l’Express DAKAR-BAMAKO 2, du petit train « jeeg 3» fourmillant de femmes de cheminots (nos braves mamans pour la plupart) allant faire le marché à KAOLACK, à l’heure de Léger TAMBA 4, de Léger TOUBA 5, du train REGULIER 6, à l’heure de la gare ferroviaire battant son plein ?
C’est de ce beau patelin que nous espérions retrouver au soir d’un 19 mars 2000, plein de promesses pour les plus nostalgiques d’entre nous. Chacun se délectait, savourant l’espoir de voir sous ses yeux se réaliser le miracle de la métempsycose et de la régénération de notre attachante cité. Que nenni !
Avez-vous l’idée de ce que nous avons perdu et pour lequel nous n’avons que nostalgie et nos yeux pour pleurer ? Pleurer sur ce qui nous unissait à cette agglomération, jadis belle de son innocence, de sa virginité, de sa fécondité, de sa joie de vivre et de son existence paisible. Pleurer sur la perte de la douceur et du réconfort que savait nous offrir une diversité ethnique aux relents culturels qui donnaient à la ville un aspect de perpétuel carnaval.
Connaissiez-vous ma ville à l’heure de la traite arachidière qui tapissait de monticules de graines, les seccos et autres quais de la gare ferroviaire nous rappelant nos leçons de petits écoliers sur les phénoménales pyramides de la vallée des morts en EGYPTE ? Qui fera revenir les diverses espèces d’arbres fruitiers qui exhibaient leurs trésors variés et appétissants à la grande joie des bambins que nous étions ; nous qui y chassions la faim dont nous ignorions encore les affres ? Que dire encore des troupeaux de bovins et d’ovins de nos grands « ardo peulhs 7 » revenant des pâturages et qui interrompaient au crépuscule, la fin des interminables parties de football dans les rues, théâtre inlassable des joutes sportives des plus jeunes ? Nostalgie quand tu nous tiens !
C’est plein d’espoir que GUINGUINEO a applaudi l’alternance de 2000. .Pour ce même espoir, la ville est restée, depuis, libérale dans son écrasante majorité. Pour preuve, aux locales de 2009, le maire sortant - aujourd’hui PREMIER MINISTRE – est reconduit dans ses fonctions avec un taux surréaliste et impensable de presque 90% au moment où la quasi-totalité de nos concitoyens d’ailleurs avait fini de montrer le dos au camp du SOPI. Que nenni !
Dans ce choix électoral, GUINGUINEO a suivi - en toute logique - la stratégie politico- politicienne des intérêts partisans et particuliers que le pouvoir en place depuis 2000, a fait naître dans ce pays : à l’instar de THIES et de FATICK (qui ont bénéficié des largesses du pouvoir avec respectivement Idrissa Seck et Maky Sall comme Premier ministre, chacun pendant un bout de temps plus ou moins éphémère), la ville de GUINGUINEO attendait beaucoup de son « fils prodige» devenu PREMIER MINISTRE. En politique, ne dit-on pas chez nous que « ku def lu rêy, am lu rêy 8 ». Naturellement donc, la ville de GUINGUINEO attendait de ce fils haut placé dans les sphères supérieures de décision, le miracle de sa renaissance, de sa réouverture sur le monde. GUINGUINEO attendait de ce fils un nouveau port altier, une volubile coquetterie semblable à celles des belles femmes nouvellement mariées et bien de chez nous. GUINGUINEO pensait et pensait encore…...Que nenni !
Parce que justement une action politique n’est pas seulement ruses, duplicités, trahisons, tergiversations et hypocrisies. Quand on se croit le plus intelligent d’entre les hommes de la cité, que l’on soit imbu de sa seule personne, que l’on soit fat et infatué par une bourrue et soudaine réussite socio politique, que l’on ne soit préoccupé que par ses seuls intérêts, les seuls intérêts de sa famille biologique ou d’emprunt, les seuls intérêts de ses partisans sectaires et exaltés, il est inéluctable que l’on se plante, que l’on se casse les dents sur les écueils du verdict implacable de vos concitoyens que votre attitude irrespectueuse à leur égard aura fini de vous opposer. Je vous assure que la population de Guinguinéo a grandi, qu’elle a mûri à force de déceptions, de désillusions et de désappointements relatifs à des éléphants blancs (un stade où l’on pose la première pierre chaque année), à un discours fallacieux, perfide et déloyal et à des promesses sans lendemain. La population de Guinguinéo ne croit plus en un maire dont le Verbe (ce qu’il dit) ne coïncide point avec le Geste (ce qu’il fait). Notre ville veut et / ou réclame des résultats visibles, tangibles et palpables dans l’amélioration de sa condition de vie ; elle abhorre à tous jamais les arnaques politico politiciennes, les contorsions intellectuelles à dessein électoraliste et les rêveries ou leurres pour galvaniser des espoirs qui l’ont quittés depuis longtemps. On attend toujours plus et mieux d’un Directeur de Campagne d’un Demi Dieu (selon les idolâtres qui l’entourent) comme Sa Majesté Wade himself !
Ville fantôme, ville enterrée, ville oubliée qui émeut plus qu’elle ne meuve, GUINGUINEO se lamente et pleure son désespoir. Il plie de plus en plus sous le poids lacérant de son enclavement préhistorique car coupé irrémédiablement du reste du monde à partir de dix-huit heures et tels des bagnards déportés, ses enfants étouffent, abandonnés à un sort que même les plus incrédules ne risqueront de traverser dans les abysses de l’Enfer. La gare et le dépôt, jadis poumons économiques d’une cité florissante, sont devenus un cimetière de ferrailles consacrant du coup un vivier sans précédant et un effrayant réceptacle au chômage local. Electrifié bien avant des localités comme KAFFRINE ou TAMBA, le déficit d’éclairage public sonne comme une insulte, comme une gifle aux visages des habitants qui ne savent plus où donner de la tète face au vol récurrent de bétail. Les hautes herbes prennent, après chaque hivernage, un malin plaisir à y transformer les rues et avenues (héritées d’un des plus beaux lotissements au Sénégal) en une jungle épaisse et touffue, nid véritable aux essaims de moustiques responsables du paludisme chronique qui fait des ravages chez les plus jeunes et chez les femmes enceintes. Combien sont ces braves femmes qui, en voulant donner la vie, ont risqué d’y laisser la leur (pour une évacuation sur l’hôpital de KAOLACK) sur les obstacles infranchissables de la bretelle de neuf kilomètres qui nous relie à la Nationale ?
En vérité, je ne vous livre ici (en toute fidélité avec la réalité) que les justes raisons qui avaient fait pourquoi la ville de GUINGUINEO attendit beaucoup de son fils de Premier ministre : elle l’attendait sur son désenclavement avec la réfection ou la réhabilitation de la bretelle cauchemardesque GUINGUINEO - BACK SAMBA DIOR ( en tout cas plus et mieux que ces récents et faméliques travaux de colmatage inachevés), sur le bitumage de la route de MBOSS qui l’ouvrirait sur TOUBA, sur un accès à MBIRKILANE et à la Capitale régionale KAOLACK passant par KAHÔNE. Notre cité attendait son Maire/Premier ministre sur l’éclairage publique quand on sait que nous sommes les moins éclairés des anciennes communes du pays, sur des investissements qui boosteraient l’économie locale complètement à genoux, sur la réfection le relèvement du plateau technique de l’hôpital au standard moribond et sur la réhabilitation des écoles publiques (par exemple l’école Doudou Kanté qui menace de s’écrouler sur ses occupants à tout moment), sur la construction d’un stade fonctionnel ( le pays entier a honteusement assisté à la dernière édition de la finale de la coupe du maire interrompue pour défaut de projecteurs), sur le chômage de ses enfants aujourd’hui tous transformés en vélo taximen même s’il n’y a pas de sot métier, sur l’équipement administratif et bureautique de la commune nouvellement érigée en chef-lieu de Département, sur le désengorgement de l’unique CEM dépassé par son effectif pléthorique ( que l’on n’oublie jamais qu’il a fallu fermer une école primaire pour affecter ses locaux à un deuxième CEM), sur ses ASC de jeunes où ne réside aucune idée de développement communautaire et/ ou participatif résultant de subventions faméliques, sur la salubrité publique, sur la réglementation des prix onéreux du transport ( les neuf kilomètres de route qui nous relient à Back Samba Dior valent ici plus de cinq cents francs) , sur l’ouverture d’une station d’essence qui y bannirait à jamais le marché noir et les risques d’incendie et enfin sur la sécurité publique par le renforcement des effectifs de la gendarmerie, à défaut d’un poste de police. Bref sur le sauvetage d’un GUINGUINEO qui s’étiole et se meurt de jour en jour.
Dites au Maire, au Premier ministre et au Directeur de campagne de Sa Majesté, vous qui croyiez toujours en lui, dites au fils et au frère, qu’il est vraiment temps de se reprendre, de faire taire la critique de ceux que vous appelez méchamment ses « détracteurs ». Car si Guinguinéo n’a rien à se mettre sous la dent, le reste du pays criera certainement famine. Si Guinguinéo n’est pas convaincu par des actes concrets alors il n’aura rien à dire ailleurs. Dites lui qu’il est encore temps de répondre favorablement aux questions sans réponses de ces nombreux déçus de son magistère jusqu’ici improductif et peu glorieux. Dites lui que l’on ne règle pas les problèmes accablants de sa commune dans l’absentéisme chronique, dans l’indifférence, dans l’arrogance du verbe et du geste, dans des promesses sans lendemain, dans l’entretien d’une insipide clientèle politique essentiellement composée de troubadours, de laudateurs professionnels et de mercenaires incultes et intéressés (enveloppes bourrées et billets pour La Mecque..)! Dites lui que sur tous les murs de sa commune, s’affichent majestueusement les tirades que voici : « JULES bañul, dafa manul 9 – JULES avance, GGEO recule – JULES fo rekk 10». Continuera-t-il à leur (son opposition) donner raison ne faisant la sourde oreille ? Ne voyez –vous pas que chaque jour des pans importants de la population locale plient bagages pour « migrer » vers d’autres cieux plus cléments ? Êtes –vous sûr d’avoir le courage de présenter, à la face du monde, GUINGUINEO cette ville agonisante comme celle du Premier des ministres de la République ?
Je vous assure que les citoyens de GUINGUINEO en ont marre des combats de lutte sans envergure du « promoteur de l’alternance », des journées de course hippique sans lendemain et des concerts de musique insipide trop loin des préoccupations quotidiennes des populations. Dites lui qu’en politique, les régimes comme les hommes passent, seules les réalisations utilitaires restent et demeurent à jamais ! Dites lui encore que même s’il sait griser, le pouvoir (surtout celui conféré par WADE) est traître par essence. Rappelez lui la toute puissance de IDY, de Gadio, de Aminta Tall ou de MACKY dans un passé encore trop récent.
AMADOU FALL Enseignant à GUINGUINEO
TEL : 775457544/766887279
Zemaria64@yahoo.fr/ zemazia64@hotmail.fr
1-2-3-4-5-6 : appellation de trains partant ou passant quotidiennement à GUINGUINEO.
7 : grands éleveurs peulhs.
8 : ceux qui offrent beaucoup, ont le droit de s’attendre à recevoir beaucoup.
9 : Souleymane ne refuse pas, il n’a pas la capacité et les moyens de bien faire.
10 : Souleymane ne pense qu’aux réjouissances.





Lundi 19 Décembre 2011
amadou fall




1.Posté par LUI le 20/12/2011 08:33
TU AS PARFAITEMENT RAISON MR FALL .ET DU COURAGE

2.Posté par kEYNES le 20/12/2011 16:55
J suis subjugué par la finesse de votre analyse et la pertinence d votre point de vue,chapeau Mr FALL



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