Fronde au PDS : Les esclaves se sont-ils affranchis ? ou bien s'agit-il d'une simple PARAMÔNE ? (Jean Collin Sambou)


Fronde au PDS : Les esclaves se sont-ils affranchis ? ou bien s'agit-il d'une simple PARAMÔNE ? (Jean Collin Sambou)
La sanglante et cuisante défaite du Pds à la présidentielle du 25 mars 2012 a eu l’effet d’une bombe, perturbant ainsi le calme de la fazenda. Le maître déchu, comme par enchantement les esclaves se réveillent ; un réveil brutal, très brutal. Au point que les anciens démons ont ressurgi : transhumances, déballages, scissions, accusations, pour en arriver à la fronde que d’aucuns ont vite fait d’assimiler à un affranchissement.

S’affranchir c’est se libérer de la servitude du maître, de la domination, de la misère ou de la crainte. Mais l’affranchissement reste tout de même un acte volontaire de la part du maître sur la base de différentes méthodes : grâce au testament du maître, ou bien pour services exceptionnels rendus au maître.
Or dans le cas du Pds, le maître n’a délivré aucun testament d’affranchissement à ses esclaves. Ce qui nous amène à penser que la principale raison de cette agitation n’est rien d’autre qu’une volonté d’affranchissement pour services exceptionnels rendus au maître. Car ils (les frondeurs du Pds) lui en ont bel et bien rendu et des plus exceptionnels, d’ailleurs, de par leur participation active ou passive dans les cas ci-après.
 La mise à mort politique de certains cadres du PDS, tels que Idrissa et Macky.
 Le partage des terres du Cices, de la réserve du stade L. S. Senghor, de Fanaye…
 La liquidation des entreprises telles que Jean Lefèvre de Bara Tall.
 La mise en œuvre du projet de dévolution monarchique du pouvoir.
 L’arnaque du siècle : Fesman, Monument de la Renaissance.
Ce sont là quelques cas où ces soi-disant frondeurs affranchis ont joué leur partition. Ils ont été là et personne d’entre eux n’a levé le plus petit doigt pour protester contre le sort indigne réservé à un des leurs en particulier, aux Sénégalais en général.
Personne parmi ces pseudo frondeurs ne s’est affranchi du cloisonnement et de la servitude imposés par le maître tout puissant d’alors. Pis, certains d’entre eux avaient renié et récusé leur amitié avec Idy, Macky ou Bara Tall, pour échapper à la furie du maître.

C’est certes une fronde. Il arrive que dans une fazenda les esclaves se rebiffent. Mais ils ne peuvent pas aller au-delà, car l’esclave ne sait pas s’affranchir. Vous le libérez, il fait quelques mètres, puis finit par revenir car il ne sait pas où aller. Le cas de Ousmane Ngom - qui a fait un aller-retour du Pds au Pds/R et s’en est revenu au Pds - ainsi que celui de tant d’autres cadres du Pds en constituent des exemples patents.
Même affranchi, l’esclave est loin d’être l’égal d’un citoyen de naissance, il ne perçoit et ne voit que ce que son maître lui a fait percevoir et voir pendant tout le temps qu’il le servait.
C’est d’ailleurs pourquoi les hommes politiques sénégalais et particulièrement les frondeurs, n’ont jusque là pas compris que le peuple est mature et en avance sur eux (hommes politiques).

Affranchissement ? Non !
On pourrait certainement assimiler cette agitation à une Paramône. C'est-à-dire une servitude à durée déterminée, souvent jusqu’à la mort du maître. Une thèse qui semble plausible, du fait que la fronde, pardon l’affranchissement, s’est fait évidemment à la mort du maître, déchu de son trône par un apprenti politicien. Comme pour dire au maître : nous t’avons servi jusqu’à ta mort politique et comme tu ne vaux et ne peux plus rien, adieu maître !


Entre leurres et lueurs, Bokk guiss guiss n’est rien d’autre que Bokk tiss ak vices.
Vous avez partagé les mêmes amertumes, les mêmes vices dans le Pds, il ne vous reste plus qu’à partager les mêmes leudeum leudeum - mélancolies, incertitudes, ombres et pénombres - dans le cadre d’une alliance qui ne dit pas son nom, aux contours lugubres, où règnera le mensonge et où seules la perfidie et la déloyauté auront droit de cité. Pendant longtemps vous avez menti au peuple et à vos bases affectives. L’aveu de M. Baldé qui reconnaît avoir menti au président Wade sur l’appartenance religieuse de Mme Innocence N’tab Ndiaye, afin d’en faire une ministre, vient confirmer l’état d’esprit dans lequel Bokk guiss-guiss fonctionnera.

Vous n’avez rien compris ! Le peuple n’a pas rejeté seulement le Pds, mais ses hommes, femmes, et jeunes, avec leurs comportements, leurs attitudes, leurs vices et leurs tares. Aucun recyclage, fût-il « une transhumance par voie de contournement », ne peut et ne pourra jamais effacer de la mémoire du peuple tout le mal que vous lui avez fait subir en douze ans d’exercice du pouvoir.
Les esclaves ne se sont pas affranchis, car le seul et unique affranchissement qui vaille est celui de l’esprit. Qui veut que ces esclaves s’affranchissent non pas du maître, mais de leurs ingratitudes vis-à-vis d’eux-mêmes, de leurs camarades et de leur base affective.
Qu’ils s’affranchissent de leurs attitudes et de leurs comportements, de leurs tares et de leurs vices, afin que cela les pousse à changer de vision politique et à revoir leur conception du parti, qui n’appartient qu’aux militants et non au chef de parti, fût-il le fondateur.
Comprenez que, vous exprimer en termes de « mon parti », c’est aussi gérer le parti comme Wade a géré le Pds.


Jean Collin Sambou
samboujeancollin@yahoo.fr




Mercredi 25 Avril 2012
Jean Collin Sambou




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