Etat d’avancement de la médiation du CONGAD pour l’arrêt des violences universitaires et le retour au dialogue


Etat d’avancement de la médiation du CONGAD pour l’arrêt des violences universitaires et le retour au dialogue
DAKARACTU.COM- A l’acceptation de toutes les parties prenantes à la mise en œuvre des recommandations issues des concertations nationales sur la réforme de l’enseignement supérieur, le CONGAD a initié une série de rencontres, en vue d’apaiser l’espace universitaire. Une telle démarche est une première dans l’histoire du CONGAD dont les actions antérieures n’intégraient pas l’espace universitaire. Ainsi avons-nous reçu respectivement, les délégations d’étudiants des universités de Bambey et de Ziguinchor le mardi 24 décembre 2013, de Saint Louis et de Thiès le 28 décembre 2013 et enfin de l’UCAD le 1er janvier 2014.
Lors de ces rencontres, nous avons sensibilisé les mandataires des étudiants face aux menaces d’instabilité qui pèsent sur les universités sénégalaises et sur le Sénégal, si nous n’arrivons pas à mettre fin aux violences récurrentes notées ces dernières semaines dans les campus.
Afin de faciliter notre médiation, nous avons demandé aux délégués de faire des propositions pour arrêter la violence et pour régler le problème des inscriptions.
Les délégués ont salué et encouragé la démarche du CONGAD. Ils ont également déclaré avoir pris bonne mesure des conséquences que peuvent entraîner leurs actes et ont affiché une bonne volonté pour le dialogue permanent et la paix dans les universités. En retour, ils invitent les autorités de l’enseignement supérieur à adopter des comportements aptes à faciliter le dialogue et la concertation car face à certaines attitudes nihilistes de leur part, il sera difficile de contenir longuement la colère des étudiants.  
Aussi ont-ils proposé comme solutions d’apaisement de l’espace scolaire l’arrêt définitif des retards de paiement des bourses d’étude et la révision en baisse des frais d’inscription augmentés par le gouvernement.
Le gouvernement a décidé de porter à compter de cette année universitaire les frais d’inscription comme suit :
·        premier cycle : L1 à 25 000 FCFA, L2 à 30 000 FCFA, L3 à 35 000 FCFA ;
·        second cycle : Master 1 à 50 000 FCFA, Master 2 à 60 000 FCFA ;
·        doctorat à 75 000 FCFA.
Tout en précisant qu’ils ne sont pas contre l’augmentation des frais d’inscription, toutes les délégations que nous avons reçues s’opposent à ces tarifs. En contrepartie, elles proposent les prix suivants :
·        premier cycle : 15 000 F CFA ;
·        second cycle : 30 000 FCFA ;
·        doctorat : 60 000 FCA.
Dans l’espoir d’une ouverture de négociations autour des inscriptions, les étudiants s’accordent à dire aux autorités universitaires que quel que soit le montant exigé, cela doit résulter d’une approche par coût de revient de l’étudiant.
Par ailleurs, ils estiment également que les augmentations doivent contribuer à l’amélioration de leurs conditions pédagogiques et sociales, grâce à une gestion transparente des fonds générés par les frais d’inscription.
Concernant les bourses d’études, les étudiants déclarent qu’ils ne sont pas contre l’option de les attribuer sur la base de l’excellence, estimant que le paiement peut se faire sur la base des procès-verbaux des derniers examens, conformément à la tradition universitaire, et qui sont tout aussi bien des critères d’excellence.
Pour les étudiants dont les bourses ne dépendent pas des résultats d’examens, les mandataires proposent également qu’ils soient payés et que la direction des bourses se réserve le droit de couper leurs allocations s’ils ne s’acquittent de leur inscription et régularisation. 
De plus, les étudiants assurent qu’ils sont prêts à aider les autorités compétentes à assainir le fichier des bourses d’étude, pour la radiation de ceux qui n’ont pas droit aux allocations.
Par ailleurs, ils prient le ministère de l’Enseignement supérieur de tenir compte de la précarité accrue de leurs camarades non bénéficiaires des œuvres sociales. N’habitant pas dans des résidences universitaires, ces derniers sont obligés actuellement de payer le loyer, l’eau, l’électricité et la restauration. Des besoins qu’ils ont du mal à satisfaire aujourd’hui suite au retard des paiements des bourses.    
Aussi tiennent-ils à attirer l’attention du gouvernement sur un risque d’aggravation des contestations si la condition d’inscription préalable avant tout paiement de bourse n’est pas levée d’ici au retour des vacances de noël. Etant donné qu’ils ne sont pas d’accord sur les prix d’inscription et compte tenu du fait que la majorité d’entre eux appartiennent à des familles de modestes revenus, les étudiants demandent aux autorités universitaires de libérer d’abord les bourses, pour qu’ils aient de quoi payer leur inscription. Sans ce préalable, les mandataires reçus par le CONGAD informent qu’ils ne pourront contenir des conséquences néfastes qui pourraient naître de la rétention de leurs trois mois de bourse et de leur trousseau. Pour ce fait, les délégués de l’UCAD précisément s’aménagent un temps de négociation limitable au 6 janvier 2014.
Actuellement, chaque étudiant bénéficie d’une bourse ou d’une aide. Durant l’année universitaire, tout titulaire d’une bourse entière perçoit chaque mois 36 000 FCFA et l’allocataire d’une moitié de bourse reçoit 18 000 FCFA. Les non-boursiers perçoivent une aide annuelle de 60 000 FCFA.  
En dehors des problèmes liés aux inscriptions et aux bourses d’étude, les délégués ont émis les revendications spécifiques suivantes :
1.     La prise en charge médicale de l’étudiant Ibou Diouf, blessé au cours d’une manifestation estudiantine à Dakar ;
2.     La mise en œuvre de mesures d’accompagnement nécessaires au bon fonctionnement de l’université de Bambey, notamment la création d’un corps d’accueil des sortants de l’UFR Santé et Développement durable, l’homologation des diplômes de Master, l’augmentation des salles de cours et amphithéâtres,  l’électrification de tous les pavillons et l’amélioration de la qualité de la restauration ;
3.     Le respect des franchises universitaires et le renforcement des moyens des services de sécurité recrutés par les universités ;
4.     L’autorisation et l’encadrement des marches d’étudiants ;
5.     La restauration des amicales suspendues à l’UCAD ;
6.     La création à l’université de Bambey d’un centre d’œuvres sociales en lieu et place du Centre des œuvres universitaires de Dakar.
Après avoir recueilli les points de vue et revendications des étudiants, le CONGAD compte poursuivre sa mission de médiation, afin d’amener le ministère de l’Enseignement supérieur à rouvrir les négociations. D’ores et déjà, nous invitons les deux parties à faire preuve de dépassement et à ne prendre en considération que l’intérêt supérieur de la nation.
En attendant de rencontrer les autorités du ministère de l’Enseignement supérieur, nous notons avec satisfaction la maturité et l’esprit de dialogue dont ont fait montre les mandataires. Nous les invitons à faire de sorte que leur esprit mature et pacifiste fasse tache d’huile auprès de tous leurs camarades étudiants.
Aussi, nous leur demandons fortement de ne pas fragiliser leur département de tutelle, en revenant à la table de négociation à la prochaine invitation du ministère. Concernant les marches de protestations, nous prions les étudiants à mieux les organiser en mettant en place des comités de vigilance afin d’éviter toute infiltration de personnes mal intentionnées. 
Amacodou Diouf
Président du Conseil d’administration
Dimanche 5 Janvier 2014




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