Diplomatie sénégalaise : en route vers le chaos


Diplomatie sénégalaise : en route vers le chaos
Une réponse politique à des préoccupations politiques, voilà en substance la seule réaction que la sortie récente des diplomates inspire au Ministre des Affaires étrangères. Curieusement, Mankeur Ndiaye fait penser à Talleyrand dans la roublardise, mais avec le talent du fin diplomate en moins.
Gouverner, c’est d’abord bien s’entourer de personnes à l’éthique sûre et aux compétences avérées. Car un bon management est celui qui prêche par l’exemplarité. Il est regrettable en parlant d’exemple, de souligner que Mankeur Ndiaye n’en constitue pas un à la Place de l’indépendance tellement son passé de comploteur, de briseur de carrières et de sectaire y est connu. Ce n’est pas cet homme qui, après sa nomination, a posé comme premier acte la prise de la carte de membre de l’APR qui donnera un avis dissonant quand le Chef de l’Etat proposera des personnes aux cv rachitiques à des postes hautement stratégiques pour notre pays. Il y a des gens qui n’ont jamais su et ne sauront jamais dire non, car ayant signé un bail avec le larbinisme et la courtisanerie.
En faisant le tour des ambassades et consulats sénégalais, déjà éprouvés par des nominations inopportunes d’Abdoulaye Wade, l’on voit que le pire a succédé au carrément mauvais. Ces gens qui y trônent, de Paris en passant par Douala, Ottawa, Marseille ou Lyon, sont franchement indignes des responsabilités qu’ils occupent.
Ils n’en ont ni la formation, ni le talent, ni la subtilité, ni la carrure, ni la personnalité, ni la mesure, ni la pondération, ni le vécu, ni l’expérience. Bref, le costume est trop ample pour ces hyksos venus assaillir la diplomatie transformée pour l’occasion en un instrument de promotion sociale au détriment de la culture du service public et de la promotion des valeurs de notre pays dans les différents lieux d’affectation.
Il convient tout de même de préciser qu’il ne s’agit pas ici d’un réquisitoire contre les personnes n’appartenant pas  Cadre des Affaires étrangères. Car il y a bien des agents d’autres administrations très compétents, ayant évolué toute leur vie au Ministère des Affaires étrangères.
D’ailleurs, actuellement, le ministre, son directeur de Cabinet, son Secrétaire général et son Secrétaire général adjoint sont tous diplomates de carrière ; malgré tout le fonctionnement de la maison n’a jamais été pire. Comme quoi, c’est un conglomérat d’incompétents en route vers le chaos.
J’imagine les diplomates étrangers riant sous cape après avoir échangé avec la ministre déléguée aux Sénégalais de l’extérieur. Cette dame est dépourvue de toutes les règles de civilité qu’exigent son statut, même celle de bien se tenir.
Dans les grands instituts de diplomatie, le premier cours porte sur le protocole, et l’on apprend à l’impétrant qu’en diplomatie la forme a autant d’importance que le fond. Même se faire coacher par un mari chômeur de luxe ne l’a pas sauvé du ridicule.
Quand on a vu cette dame, dont le cv est tellement court qu’il tiendrait sur une carte de visite, dévaler les marches du Ministère des Affaires étrangères pour y occuper non pas un poste de sous-chef de bureau, mais celui de ministre de la République, l’on s’est fait une opinion sur la voie que Macky Sall voulait faire prendre à notre diplomatie. Ceux qui l’ont vu à la télé s’exprimer ont certainement refusé de rire, tellement elle couvrait de honte notre pays. Le Sénégal de Me Doudou Thiam, d’Ibrahima Fall, d’Abdou Karim Gaye, de Cheikh Tidiane Gadio, ne mérite pas une pareille offense. Français lapidaire. Aucune tenue ni retenue. Mme Touré est valablement une catastrophe nationale, une plaie dont il faut guérir notre pays vite. Les meilleures blagues sont les plus courtes.
Les diplomates sénégalais ont eu raison d’avoir crié haut et fort leur mécontentement sur la situation qui prévaut actuellement dans la maison où ils sont appelés à servir au gré des contingences politiques. Cet appel méritait de la part de leur hiérarchie de meilleures réponses que celles  qui ont été servies avec légèreté par Mankeur Ndiaye et son piètre Secrétaire général, Pape Omar Ndiaye.
A noter que ce Pape Omar Ndiaye est l’auteur de ces propos rapportés par le quotidien L’Observateur : « Dans ce pays tout le monde fait ce qu’il veut. Moi aussi, je fais ce que je veux ». Propos remplis d’irresponsabilité qui renseignent bien sur cet homme qui a la charge de diriger une administration aussi sensible que les Affaires étrangères. Au lieu d’une sanction, il est promu ambassadeur dans ce pays stratégique qu’est l’Algérie. Il ira donc y représenter un pays où, selon lui, tout le monde fait ce qu’il veut.
Les jeunes diplomates ont posé de vraies questions de fond qui n’épargnent aucun des personnages qui gravitent dans la haute sphère de la diplomatie sénégalaise, du Chef de l’Etat en passant par son chef de la diplomatie et son Conseiller diplomatique ; ce dernier, sous ses airs placides, n’a rien à envier au plus vils comploteurs que notre pays a connus.
D’ailleurs, comment garder Oumar Demba Ba, qui est comptable des errements de la diplomatie sénégalaise durant les années Wade ? Un homme qui se respecte et qui dispose d’un minimum de dignité, de cohérence et d’honnêteté intellectuelle doit se démettre quand l’homme qu’il servait comme proche collaborateur perd le pouvoir. A-t-on vu à l’Elysée ou au White House des conseillers diplomatiques rester après la chute de leur mentor ? Sauf si au-delà de ses compétences totalement douteuses, d’autres raisons inavouées l’épargneraient de la guillotine…?
La diplomatie du Sénégal est malade et le restera tant que « l’axe du mal » actuellement aux manettes continuera cette course folle vers des lendemains obscurs. Les nominations dans le secteur ne permettent aucun espoir pour une correction des tares. Ainsi, la sortie des jeunes diplomates est moralement légitime et professionnellement nécessaire, car il s’agit de leur outil de travail qui constitue aujourd’hui le jouet de personnages aux moralités douteuses et aux capacités intellectuelles totalement dérisoires.
 
 François A. Diouf
Paris
 
 
Jeudi 23 Mai 2013




1.Posté par dfefgaaga le 24/05/2013 14:03
Tu as totalement raison dans ton analyse, sauf lorsque tu classe le legendaire nullard de GADIO comme un des ministres references. Sur ce point tu te goures carrement jeune homme. Gadio fut au contraire le plus bete et le plus cruel ministre que ce departement ait jamais connu. Prions cependant ce mouton de panurge de Mankeur qu'Omar Demba Ba tire par le bout du nez ne soit pas aussi mediocre que Gadio.
Mais tu as raison, pour le moment notre diplomatie ne vaut absolument rien de bout en bout.



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