L’action du politique n’a de sens qu’au regard des fins qu’il pose librement et en cela il ne peut être indifférent aux conséquences effectives de son action, ni se défausser quand ces conséquences ne sont pas celles qu’il avait laissé espérer à ceux qui lui ont fait confiance en invoquant les desseins impénétrables de la divinité ou la bêtise et la méchanceté des hommes, nous enseigne la philosophe Cathérine Colliot-Thélène.
L’homme politique engage sa responsabilité dans l’exercice de la mission qui lui est confiée et, au nom de la continuité de l’Etat, ne peut se soustraire aux conséquences des actes posés et/ou des évènements qui en découlent.La responsabilité est consubstantiellement moulée à la fonction du politique qui se voit investi des pouvoirs suprêmes par la voix du peuple pour la gestion de son quotidien et lui tracer les perspectives pour les générations futures.
Une ambition politique doit être assise sur une vision et, éclairée par le sens des responsabilités parce que le pouvoir est un privilège dont l’exercice exige de rendre des comptes et pas seulement à l’issue du mandat mais tout le temps, à chaque conséquence des actes posés aussi bien dans le temps présent que dans le futur. Voilà pourquoi la notion de responsabilité envers les générations futures doit être considérée comme une exigence forte devant orienter l’action politique.
La pertinence de la vision se dessine là et doit être articulée autour de cette sempiternelle question qui doit résonner en permanence dans la tête des hommes politiques : qu’est ce que nous devons élaborer pour baliser le chemin aux générations futures ? Voilà ce que doit être la préoccupation des politiques et qui doit leur permettre d’orienter leurs actions.
Ici, depuis le 25 Mars 2012 une question demeure : quelle est la vision du Président de la République non pas parce qu’il n’en a pas mais parce que la perception que nous autres en avons est brouillée si bien qu’elle risque de ne pas laisser d’empreintes. Continuer l’œuvre entrepris par son prédécesseur parait être une évidence caractéristique d’un Etat et ne saurait suffire pour marquer une singularité. Ici encore, la vision doit être forte pour transporter les rêves les plus fous de ce peuple à la fois savant et ingénieux.
Des présidents se sont succédé dans notre cher pays qu’est ce Sénégal. Le premier a construit les fondements de la Nation et dessiné les contours de la République. Sa mission s’arrêtait là et aujourd’hui avec le recul, nous lui en sommes reconnaissants. D’autres ont pris le relais, d’autres prendront le témoin et, indéfiniment. Ceux qui ont déjà passé le témoin ont chacun en ce qui le concerne et suivant les réalités du monde de l’époque, contribué soit par le maintien des acquis dans un monde trouble où le droit à plus de démocratie s’affirmait de manière irréversible, soit en conduisant les changements impérieux nés des besoins d’un peuple évoluant dans un monde globalisé.
Ces réalités-là font qu’aujourd’hui plus qu’hier, une vision politique doit s’imbriquer de cette conscience de l’évolution continue, à savoir « une nouvelle phase dans une évolution continue » avec ce souci permanent de rendre les choses toujours meilleures sans aliéner notre souveraineté, de parfaire cette volonté chevillée à notre âme de faire « mieux qu’hier et moins bien que demain » afin que les générations futures s’en imprègnent pour continuer l’œuvre dans un élan « démesuré », sentiment qui forge une grande Nation.
Ici plus qu’ailleurs, le pouvoir politique doit cesser d’être une sinécure, un moyen par lequel on accède aux richesses. « Le supposé suicide des opulents » actuellement sous les feux de l’actualité est là pour témoigner de la responsabilité historique des politiques parce que simplement si cela s’avère, alors ils se seraient servis plus que de droit, usurpant ce qui appartenait à tous et de ce fait, aliéner les moyens devant servir aux politiques de développement, amenuiser la corbeille destinée aux générations futures.
La politique est un devoir sacerdotal et dans cette mission, il importe aux politiques de savoir que le présent importe peu parce qu’il ne saurait suffire et, est déjà d’hier alors que les attentes demeurent et s’inscrivent dans le futur qui, nécessairement, convoquera leur responsabilité soit en hymne, soit en diatribes.
Ameth GUISSE
Auteur des romans « Femmes dévouées, femmes aimantes » Octobre 2011 et « Une mort magnifique » - Juin 2013 - Editions l’Harmattan Sénégal
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