Crise dans le secteur de la boulangerie sénégalaise : un appel urgent aux autorités


Depuis la baisse du prix du pain décidée par les autorités le 21 juin 2024, le secteur de la boulangerie sénégalaise traverse une crise sans précédent. Cette mesure, qui visait à soulager les consommateurs, a entraîné des conséquences économiques et sociales dramatiques. Plusieurs boulangeries à travers le pays ont fermé leurs portes, menaçant des milliers d’emplois et fragilisant un secteur stratégique.

Des réglementations non appliquées

Malgré l’existence du décret 2277 et des arrêtés fixant les normes d’ouverture et d’exploitation des boulangeries, ces textes restent largement non appliqués. Les comités de suivi, censés veiller au respect de ces règles, sont inactifs dans plusieurs régions. Par ailleurs, l’anarchie règne : ouverture de boulangeries sans respect des normes de distance, vente de pain dans des conditions d’hygiène douteuses, ou encore utilisation de moyens de transport inadaptés comme des pousse-pousse et des voitures non conformes.


Les boulangers font également face à une augmentation vertigineuse des coûts de production. Les intrants essentiels comme la levure, le sel iodé ou le papier d’emballage ont vu leurs prix grimper de manière alarmante. À titre d’exemple, le prix du carton de levure est passé de 20 000 F en 2019 à plus de 30 000 F aujourd’hui. À cela s’ajoute la difficulté d’accéder à du carburant subventionné : beaucoup de boulangeries doivent acheter leur gasoil au prix fort (755 F le litre au lieu des 425 F prévus).

Des promesses encore en attente
 

Le 14 janvier 2025, une délégation de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS) et du Regroupement des boulangers du Sénégal (RBS) a été reçue par le ministre du Commerce et de l’Industrie. Celui-ci a exprimé sa volonté de soutenir le secteur en promettant un assainissement du milieu, la suppression des taxes sur les intrants, et une révision de la structure du prix du pain. Toutefois, ces engagements tardent à se concrétiser.

Face à cette situation critique, les boulangers lancent un appel solennel au Premier Ministre et au Président de la République. 
 
Ils demandent :
-L’application stricte des réglementations existantes, pour mettre fin à l’anarchie.
-La suppression des taxes sur les intrants et la réduction des droits de douane sur des produits comme la levure.

-Une tarification sociale de l’électricité pour alléger les charges des boulangeries.
Les artisans boulangers insistent sur l’urgence d’une action coordonnée de tous les ministères concernés, notamment le Commerce, l’Intérieur et les Forces armées.

Cette bataille dépasse le cadre des boulangers. Elle concerne également les consommateurs, qui méritent un pain de qualité fabriqué et livré dans des conditions respectueuses des normes d’hygiène. Laisser perdurer cette situation reviendrait à encourager la concurrence déloyale et à sacrifier un secteur vital pour l’économie sénégalaise.

Les boulangers, tout en continuant à rechercher des solutions avec les autorités, avertissent que l’absence de mesures concrètes pourrait entraîner une faillite massive dans leur secteur. La balle est désormais dans le camp de l’État, qui doit agir pour éviter une crise économique et sociale majeure.
Jeudi 16 Janvier 2025
Amadou Koundour 



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