Crise Européenne : Quelles Leçons pour l’UMOA et la Grèce ? (Dr. Abdourahmane SARR)


Crise Européenne : Quelles Leçons pour l’UMOA et la Grèce ? (Dr. Abdourahmane SARR)
Nous sommes dans la même situation que la Grèce du point de vue des conséquences de notre arrangement monétaire sur nos économies et avons le même problème politique que les européens mais nous n’en parlons pas. Nous avons un ancrage sur l’euro et une faible croissance, nous ne sommes pas compétitifs, et peinons à mettre en œuvre des réformes structurelles à même d’améliorer notre compétitivité dans l’ensemble euro-dépendant dans lequel nous sommes. N’étant pas formellement dans l’euro, nous avons pu à une époque dévaluer notre monnaie, et nous avons eu la chance d’avoir nos dettes extérieures annulées pour la plupart grâce à l’initiative des pays pauvres très endettés. La volonté de maintenir une monnaie commune, le FCFA, nous avait en partie fait opter d’abord pour une austérité budgétaire pénible comme la Grèce suivie d’une dévaluation uniforme pour tous les pays de l’UMOA. Depuis, nous avons certes une stabilité macroéconomique que les grecques nous envieraient mais une pauvreté dont ils ne voudraient certainement pas. Pour préserver la stabilité macroéconomique acquise de haute lutte, un pays comme le Sénégal doit réduire son déficit budgétaire pour éviter que le niveau des dépenses publiques de ces dernières années sans croissance véritable ne nous amène à la situation que vit la Grèce aujourd’hui. De ce point de vue, les allemands ont peut-être raison de préconiser à leurs partenaires européens d’engager la discipline budgétaire car la croissance ne vient pas nécessairement de dépenses publiques plus importantes même lorsqu’on en améliore la composition.

Le maintien d’un ancrage sur l’euro porté par une Allemagne toujours plus compétitive continuera de coûter cher à tous ceux qui sont accrochés à cette locomotive sans en avoir les fondamentaux ou la capacité de les avoir assez vite. La Grèce est ainsi avertie par l’expérience de l’UMOA. En restant dans l’euro, l’ajustement sera très pénible et durable et l’inévitable arrivera, c'est-à-dire la restructuration de sa dette suivie d’une pauvreté relative prolongée et le décrochage de sa monnaie à terme. Autant avaler la pilule maintenant et changer de chemin si c’est ce tableau qui lui est réservé.

Ce dénouement inévitable pour la Grèce sera retardé le plus longtemps possible non pas parce que la Grèce est importante en elle-même vu son poids économique dans l’ensemble européen, mais parce que sa sortie donnerait des idées aux populations d’autres Etats beaucoup plus importants pour la construction européenne. La démocratie n’aide pas toujours les grands desseins des initiés.

Nous avons su préserver l’UMOA et avons choisi de continuer notre ancrage sur l’euro. Pourrons-nous continuer à maintenir notre union sans la caution de la France ou des institutions internationales qui de fait ont joué le rôle d’Etat central pour nous là où l’Europe n’arrive pas à concrétiser son projet politique fédéral? Quel rôle de pionnier pouvons-nous jouer dans la recherche de solutions au casse-tête européen ayant nous-mêmes le même problème? Avons-nous un projet fédéral et de décrochage véritable? Quel rôle pour notre banque centrale dans un tel projet? Nos élites sont interpellées.

Dr. Abdourahmane SARR, Président du Centre d’Etudes pour le Financement du Développement Local et du MRLD-Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp
Jeudi 24 Mai 2012
Dr. Abdourahmane SARR




1.Posté par deugue dji le 25/05/2012 09:22
Dr.Sarr, l'UMOA n'existe plus depuis 1994. L'UMOA est morte, vive l'UEMOA! Ah nos intellos!

2.Posté par Temoin le 25/05/2012 09:34
Deugue dji, Il n y a que les inities qui savent qu il y a une difference entre uemoa et umoa et que les deux existent l un n etant que monetaire.

3.Posté par Professeur le 25/05/2012 09:47
tres bonne analyse. J'espere que les decideurs liront ca!

4.Posté par Lat Soucabé MBOW le 25/05/2012 09:51
Article dont son auteur aurait bien se dispenser. Comment parler de performance économique sans donner des chiffres ? Le parallèle établi entre la situation de la Grèce et celle de l'UEMOA (non l'UMOA) est un non sens tant en ce qui concerne les agrégats macro-économiques que les perspectives de croissance. L'endettement n'est pas de même nature de part et d'autre, par conséquent les solutions européennes de sauvetage de la Grèce ne s'appliquent pas pour le moment dans l'union monétaire africaine.

La dépendance du franc cfa vis à vis de l'euro pose certes la question de la souveraineté économique des Etats africains, mais les conditions techniques préalables à la création d'une monnaie affranchie de la garantie française sont-elles réunies ?

La seule idée recevable avancée dans cet article porte sur la prudence qu'il suggère en ce qui a trait à la politique budgétaire. Le déficit des finances publiques ne devrait pas être résorbé par un recours à l'emprunt inconsidéré sur les marchés financiers, mais plutôt par la rationalisation des dépenses de l'Etat. Les premières mesures visant la réduction du train de vie de l'Etat vont dans ce sens. Il n'en reste pas moins qu'il va falloir trouver des moyens de donner à la croissance plus de vigueur pour produire du développement, réduire le niveau atteint par la pauvreté dans le pays, et, augmenter la création d'emploi pour les jeunes arrivant par vagues sans cesse plus nombreuses sur le marché du travail et résolus à lutter sur l'espace public en vue de l'amélioration de leur sort.

C'est sur ce terrain des stratégies de relance économique que les opérateurs économiques privés nationaux, les investisseurs étrangers et l'opinion publique attendent le nouveau gouvernement. La prochaine déclaration de politique générale du Premier Ministre devant l'Assemblée nationale sera à cet effet suivie avec beaucoup d'intérêt. Elle devra de manière explicite indiquer la voie qui sera empruntée dans le domaine de l'économie en informant sur les options stratégiques envisagées ainsi que sur leur déclinaison en termes de programmes séquencés dans les politiques publiques.

5.Posté par wouta le 25/05/2012 17:12
depuis le debut, et avant la campagne je ne cesse de vous demander il est docteur en quoi et avec quels diplomes. il a travaillé dans combien de boites. je vous le dit et redit ce fils a papa ne connait pas le senegal encore moins l'afrique. il na jamais vecu et travaille au senegal. qui vivra verra.

6.Posté par pas besoin le 25/05/2012 17:50
Abdourahmane Sarr est docteur en sciences économiques. Il a fait HEC et l'université de Montréal. C'est un ancien économiste du FMI. LE problème, ce n'est pas Abdou Sarr mais ses idées.

7.Posté par Courage le 25/05/2012 18:12
Des questions essentielles sont soulevées dans cet article. Nos économistes et dirigeants doivent avoir le courage d'aborder les questions difficiles



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