Le comportement des trois candidats les plus crédibles de l’opposition au camp libéral durant la première semaine de cette campagne pour l’élection présidentielle de 2012, me donne l’impression que Ndamal Kajoor, en l’occurrence Idrissa Seck, a encore réussi à les leurrer. Une autre de ses prouesses était de faire semblant qu’il voulait joindre ses forces avec celle du Parti socialiste alors qu’il négociait discrètement avec Me Abdoulaye Wade un retour dans la bonne grâce de son père politique. Toutes mes tentatives de trouver une explication cartésienne ou politiquement réaliste de la décision des camps de Tanor, Niasse et Fall de se fondre dans le magma hétéroclite du M23 et risquer de laisser passer l’opportunité qui leur est offerte aujourd’hui de tourner la page libéralo-wadienne ont été vaines.
Le plus difficile à comprendre pour moi est que Tanor, Niasse et Fall sont entourés par des sommités intellectuelles qui, en principe, doivent être en mesure de discerner un vœu pieux qui est illusoire d’avec ce qui est concrètement possible. Ils doivent tous savoir que Me Wade est arrivé à un point de non retour et que personne n’a les moyens juridiques et/ou matériels pour l’interdire de participer au scrutin du 26 février. Durant cette première semaine de la campagne électorale, l’incohérence ou l’illisibilité de la stratégie qui est en train d’être déroulée par leur équipe de campagne et l’irréalisme politique dont ils sont en train de faire montre sont en train de faire perdre à bon nombre d’indépendants comme moi la confiance qu’ils avaient commencée à avoir en eux.
Me Wade et Idrissa Seck, qui ont tous les deux exprimé le souhait de voir les libéraux rester au pouvoir pendant 50ans, doivent sans doute être en train de rire sous cap. Car, pendant que Me Wade sillonne le pays pour mobiliser le vote libéral, Idrissa Seck utilise le M23 pour encourager une abstention massive du vote anti-libéral. Si je croyais au maraboutage, j’allais commencer à faire épier tous les vas et viens nocturnes de M. Seck, ou ses personnes de confiance, pour découvrir la personne qui a su lui procurer la potion magique qui a servi à l’envoûtement des sieurs Dieng, Fall et Niasse.
Il est noble de se battre pour le respect de la constitution de notre République. Toutefois, le bon combattant n’est pas celui qui s’obstine dans une voix sans issue. Avoir le courage de reconnaître que la tactique de guerre qu’on a adoptée initialement ne peut que mener à la défaite, n’est pas être défaitiste, au contraire. Nos sages Walaf ne disent-ils pas que : ‘Xar dawul dafa wuuti doole’ ? Il me semble aujourd’hui urgent de changer de tactique et de faire usage des moyens réalistes qui sont à portée de main pour empêcher à Me Wade de recevoir du peuple sénégalais un troisième mandat. Je suis de ceux et celles qui sont convaincus que l’opposition au camp libéral a, à sa disposition, les moyens de tourner la page libéralo-wadienne.
Pour cette raison, je n’ai pas considéré la décision du Conseil constitutionnel de valider la candidature de Me Wade comme une calamité pour mon pays. Elle a retardé le grand ouf que les Sénégalaises et Sénégalais vont pousser quand ils sauront que Me Wade va prendre sa retraite mais sa défaite aux urnes étant certaine, l’attente pour pousser ce grand ouf de soulagement ne saurait être longue.
Il va sans dire que les candidats issus du camp libéral ne souhaitent pas la déroute de leur famille politique. Pour Idrissa Seck, le seul moyen de faire d’une pierre deux coups, c’est-à- dire éviter la défaite du camp libéral et être élu quatrième président de la République du Sénégal, est d’empêcher à Me Abdoulaye Wade d’être candidat à cette élection présidentielle. Dans le cas contraire, ce n’est pas une divagation insensée que de penser que M. Seck préférera une victoire de Me Wade à celle d’un Tanor Dieng, Moustapha Niasse ou Ibrahima Fall. C’est de mon point de vue là où réside tout le sens de l’engagement de M. Seck dans le M23. Il faut s’attendre à ce qu’il fasse tout ce qui lui est possible pour que le M23 bloque la participation de Me Wade à cette élection présidentielle ou crée une telle confusion chez les électeurs que le taux d’abstention massif des anti-Wade va faciliter la victoire du ‘Pape du Sopi’ au premier tour de cette élection présidentielle.
La cause du M23 et Y en a Marre est noble. Mais il est évident que bien qu’ils combattent pour la même cause que M. Seck, les initiateurs de ces deux mouvements doivent certainement savoir que protéger la Constitution du Sénégal est le cadet des soucis de M. Idrissa Seck. N’est-ce pas M. Seck qui avait conseillé à Me Wade de garder le juge Cheikh Tidiane Diakhaté à portée de main pour se servir de lui en cas de besoin ? Le radicalisme qu’il affiche aujourd’hui n’est donc qu’un moyen de duper Ousmane Tanor Dieng, Ibrahima Fall et Moustapha Niasse. Il a réussi durant cette première semaine de la campagne électorale, à les faire abandonner leur vrai combat qui est de tout faire pour nous débarrasser des libéraux et souscrit à son combat qui est d’empêcher à Me Wade de participer à cette élection présidentielle afin qu’il puisse améliorer ses chances de réaliser son rêve d’adolescent : se faire élire quatrième président de la République du Sénégal.
En regardant de plus près les trois motifs qui sont avancés par l’opposition pour maintenir le mouvement du 23 juin, on ne peut que reconnaître qu’Idrissa Seck a bien appris ses leçons. Réussir à faire croire à des politiciens aussi expérimentés qu’Ousmane Tanor Dieng, le doyen Ibrahima Fall et Moustapha Niasse que son combat est celui qui vaille la peine d’être combattu et non les leurs n’est pas une mince affaire. L'habile disciple de Machiavel qu’est Idrissa Seck a réussi à faire croire à Tanor, Fall et Niasse trois chimères :
• La première est l’urgence d’arrêter le plan (imaginaire) de dévolution monarchique du pouvoir. Il leur a fait croire que mettre leurs compatriotes en garde contre ce plan, dont personne n’a la preuve qu’il est en train d’être ourdi par Me Wade, est plus important que battre campagne pour partager leur programme de société avec l’électoral sénégalais. Il est bien légitime de douter du bien fondé de cette accusation qui a été libellée contre Me Wade par Idrissa Seck après qu’il ait perdu son titre de prince héritier du ‘pape du Sopi’. Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio, qui avaient soit réfuté cette thèse ou ne lui avaient accordé aucun crédit pendant qu’ils bénéficiaient de la bonne grâce de Me Wade, ont vite fait d’entonner cette chanson dès qu’ils ont perdu la confiance de ce dernier. Le dénominateur commun du courroux d’Idrissa Seck, Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio contre Abdoulaye Wade est qu’ils voient tous Karim Wade comme étant le commanditaire de la décision de son père de les écarter des lambris dorées du pouvoir. Il m’est personnellement difficile de croire que Me Wade veuille transmettre le pouvoir à son fils Karim Wade. Même s’il avait perdu son sens aigu de l’appréciation de la réalité politique sénégalaise, et décidé de mettre Karim Wade en danger, la sœur de ce dernier et sa mère ne vont pas laisser leur bien aimé accepter un cadeau qui risque de lui être fatal.
• La deuxième est qu’empêcher à Me Wade de participer à l’élection présidentielle du 26 février prochain, malgré la décision du Conseil constitutionnel, est plus important que s’organiser pour le battre à plate couture aux Urnes. Toutes les personnes qui sont familières avec le mode de prise de décision des juges constitutionnels savaient que le Conseil constitutionnel du Sénégal avait deux options devant lui. Prendre une décision qui est basée sur la lecture littérale du texte et valider la candidature de Wade. Le principe énoncé dans l’article 9 Alinéa 2 de la Constitution et le flou crée par l’article 104 de la loi fondamentale donnent bel et bien aux juges constitutionnels les outils juridiques pour valider la candidature de Me Wade à cette élection présidentielle. La seconde option était de se rappeler qu’en votant massivement pour l’adoption de la Constitution de la troisième République, le peuple sénégalais avait aussi la ferme intention d’empêcher à tout occupant du fauteuil du président de la République de faire plus de deux mandats qu’elle que puisse être sa performance. C’est ceci que d’aucuns appellent ‘l’esprit de la loi’. Je suis de ceux qui pensent qu’invalider la candidature de Me Wade en se fondant sur la volonté exprimée par les constituants sénégalais de 2001 sur le nombre des mandats du président de la République allait mieux servir au renforcement de la démocratie sénégalaise.
Cependant considérée cette décision malencontreuse comme une violation de la Constitution est à mon avis une expression d’un point de vue politique partisan. Les défenseurs de l’illégalité de la décision du Conseil constitutionnel aiment faire référence à l’article 104, alinéa 2 de la loi fondamentale sénégalaise qui stipule que, ‘toutes les autres dispositions de la présente Constitution lui sont applicables’. Ils brandissent ensuite l’article 27 qui limite le nombre des mandants du président de la République à deux. L’erreur qu’ils commettent ici est que l’article 27, alinéa 1 est certes une des dispositions de la Constitution mais l’article 9, alinéa 2 en est une autre. En faisant allusion à toutes les autres dispositions de la Constitution au lieu de se limiter à la disposition de l’article 27, alinéa 1, les auteurs de la Constitution ont créé une confusion qui a permis à Cheikh Tidiane Diakhaté et ses collègues de valider la candidature de Me Wade sans qu’aucun constitutionnaliste objectif ne puisse trouver chose à redire.
La troisième chimère est le prétendu pouvoir magique du Conseil constitutionnel de faire fi des résultats des urnes et proclamer Abdoulaye Wade vainqueur même si ce dernier est clairement battu aux urnes. Pour étayer leur argument, certains citent le cas du Conseil constitutionnel ivoirien qui, sous l’égide du très politique Ndri, avait proclamé Gbagbo vainqueur alors que le maximum qu’il lui était permis de faire est l’invalidation des résultats de l’élection présidentielle. Comme je l’avais dit à Mamadou Diop ‘Decroix’, Abdou Fall, Cheikh Tidiane Gadio et Doudou Wade au siège de Aj/Pads en 1999 et à Abdoulaye Wade dans un restaurant sénégalais à Harlem en novembre 1999, les fraudes ne peuvent pas être la cause primaire de la défaite d’un candidat à une élection présidentielle sénégalaise. Elles peuvent amplifier l’écart entre le vainqueur et le vaincu, mais la vraie cause de la défaite réside dans la faiblesse du vaincu. Un candidat qui n’est pas en mesure de garantir la sécurité du vote sur toute l’étendue du territoire national ne peut pas objectivement justifier qu’il est plus représentatif que celui qui arrive à avoir au moins deux représentants dans chaque bureau de vote.
Je me rappelle bien qu’Abdou Fall avait émis un doute sur ces propos. L’amélioration de la sécurité du vote en 2000 avait sans nul doute permis d’amener Abdou Diouf au second tour. La même chose est valable aujourd’hui. La suite tout le monde la connaît. Ce n’est pas parce que le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Me Abdoulaye Wade qu’il a les moyens de le déclarer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Le juge constitutionnel peut interpréter comme il l’entend les articles de la loi fondamentale. Il lui est, cependant, impossible d’outrepasser la volonté exprimée par les Sénégalaises et Sénégalais et déclarer Me Wade vainqueur alors qu’il a clairement perdu les élections aux urnes. Il est vrai que Cheikh Tidiane Diakhaté a un précédent qui peut pousser à croire autrement.
Mais cette élection présidentielle est particulièrement très bien observée par les alliés du Sénégal qui ont exprimé leur scepticisme quant à la sagesse de Me Wade de briguer un troisième mandat. Tout porte à croire qu’ils vont user de tous les moyens qui seront à leur disposition pour décourager toute tentative de Me Abdoulaye Wade de se proclamer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Il me semble aussi insensé de croire que malgré la présence des observateurs étrangers, le dynamisme de la presse sénégalaise et la possibilité pour les candidats de veiller à la sécurité du vote que le Conseil constitutionnel puisse proclamer Wade vainqueur après qu'il ait été défait à plate couture aux urnes. En 2000 et 2009, les Sénégalais ont pu tester la faisabilité d’une défaite des tenants du pouvoir.
Idrissa Seck sait que ses chances d'aller au deuxième tour sont presque nulles avec Wade dans la course. Il faut alors tout faire pour focaliser l'opinion publique sur la nécessité de mettre Wade hors de la course. En écoutant les différents programmes interactifs des radios du pays ou en consultant les échanges de nos compatriotes à travers le World Wild Web, on se rend compte qu’une portion assez significative du peuple sénégalais (peut-être la majorité) n'est pas tombée dans le filet de notre Machiavel local. Mais peu importe pour lui parce que le doyen Ibrahima Fall, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, les porteurs des candidatures crédibles contre Me Wade et le camp libéral, ont tous mordu à son hameçon.
Le seul qui semble mettre en danger le plan machiavélique d’Idrissa Seck est son ex-lieutenant Macky Sall. Ceci se comprend bien, parce que Macky Sall le connaît mieux que tous les autres candidats. M. Sall est aussi entouré de personnes qui ont pendant longtemps pratiqué Idrissa Seck et savent comment il construit et exécute ses plans pour devenir le quatrième président de la République du Sénégal. On peut bien imaginer que la prochaine étape dans la marche de Monsieur Seck vers la réalisation de son rêve, être élu quatrième président de la République du Sénégal, est de réussir à diaboliser Macky Sall. Il semble avoir atteint sont but au sein du leadership du M23. Il y a de bonnes raisons de douter que le peuple sénégalais va se laisser prendre dans ce nouveau piège d’Idrissa Seck.
S'il est bien vrai que l’écrasante majorité des électeurs sénégalais ne veulent plus de Wade, ils peuvent le faire partir en février-mars 2012. Il va sans dire que la seule personne qu’une telle défaite de Me Wade ne va pas arranger est Monsieur Idrissa Seck. Voilà, à mon humble avis, la raison pour laquelle il utilise aujourd’hui tout son savoir-faire machiavélique pour empêcher que cette défaite de Wade ait lieu.
Diomaye (Ndongo) FAYE Cilawkuut@com
Le plus difficile à comprendre pour moi est que Tanor, Niasse et Fall sont entourés par des sommités intellectuelles qui, en principe, doivent être en mesure de discerner un vœu pieux qui est illusoire d’avec ce qui est concrètement possible. Ils doivent tous savoir que Me Wade est arrivé à un point de non retour et que personne n’a les moyens juridiques et/ou matériels pour l’interdire de participer au scrutin du 26 février. Durant cette première semaine de la campagne électorale, l’incohérence ou l’illisibilité de la stratégie qui est en train d’être déroulée par leur équipe de campagne et l’irréalisme politique dont ils sont en train de faire montre sont en train de faire perdre à bon nombre d’indépendants comme moi la confiance qu’ils avaient commencée à avoir en eux.
Me Wade et Idrissa Seck, qui ont tous les deux exprimé le souhait de voir les libéraux rester au pouvoir pendant 50ans, doivent sans doute être en train de rire sous cap. Car, pendant que Me Wade sillonne le pays pour mobiliser le vote libéral, Idrissa Seck utilise le M23 pour encourager une abstention massive du vote anti-libéral. Si je croyais au maraboutage, j’allais commencer à faire épier tous les vas et viens nocturnes de M. Seck, ou ses personnes de confiance, pour découvrir la personne qui a su lui procurer la potion magique qui a servi à l’envoûtement des sieurs Dieng, Fall et Niasse.
Il est noble de se battre pour le respect de la constitution de notre République. Toutefois, le bon combattant n’est pas celui qui s’obstine dans une voix sans issue. Avoir le courage de reconnaître que la tactique de guerre qu’on a adoptée initialement ne peut que mener à la défaite, n’est pas être défaitiste, au contraire. Nos sages Walaf ne disent-ils pas que : ‘Xar dawul dafa wuuti doole’ ? Il me semble aujourd’hui urgent de changer de tactique et de faire usage des moyens réalistes qui sont à portée de main pour empêcher à Me Wade de recevoir du peuple sénégalais un troisième mandat. Je suis de ceux et celles qui sont convaincus que l’opposition au camp libéral a, à sa disposition, les moyens de tourner la page libéralo-wadienne.
Pour cette raison, je n’ai pas considéré la décision du Conseil constitutionnel de valider la candidature de Me Wade comme une calamité pour mon pays. Elle a retardé le grand ouf que les Sénégalaises et Sénégalais vont pousser quand ils sauront que Me Wade va prendre sa retraite mais sa défaite aux urnes étant certaine, l’attente pour pousser ce grand ouf de soulagement ne saurait être longue.
Il va sans dire que les candidats issus du camp libéral ne souhaitent pas la déroute de leur famille politique. Pour Idrissa Seck, le seul moyen de faire d’une pierre deux coups, c’est-à- dire éviter la défaite du camp libéral et être élu quatrième président de la République du Sénégal, est d’empêcher à Me Abdoulaye Wade d’être candidat à cette élection présidentielle. Dans le cas contraire, ce n’est pas une divagation insensée que de penser que M. Seck préférera une victoire de Me Wade à celle d’un Tanor Dieng, Moustapha Niasse ou Ibrahima Fall. C’est de mon point de vue là où réside tout le sens de l’engagement de M. Seck dans le M23. Il faut s’attendre à ce qu’il fasse tout ce qui lui est possible pour que le M23 bloque la participation de Me Wade à cette élection présidentielle ou crée une telle confusion chez les électeurs que le taux d’abstention massif des anti-Wade va faciliter la victoire du ‘Pape du Sopi’ au premier tour de cette élection présidentielle.
La cause du M23 et Y en a Marre est noble. Mais il est évident que bien qu’ils combattent pour la même cause que M. Seck, les initiateurs de ces deux mouvements doivent certainement savoir que protéger la Constitution du Sénégal est le cadet des soucis de M. Idrissa Seck. N’est-ce pas M. Seck qui avait conseillé à Me Wade de garder le juge Cheikh Tidiane Diakhaté à portée de main pour se servir de lui en cas de besoin ? Le radicalisme qu’il affiche aujourd’hui n’est donc qu’un moyen de duper Ousmane Tanor Dieng, Ibrahima Fall et Moustapha Niasse. Il a réussi durant cette première semaine de la campagne électorale, à les faire abandonner leur vrai combat qui est de tout faire pour nous débarrasser des libéraux et souscrit à son combat qui est d’empêcher à Me Wade de participer à cette élection présidentielle afin qu’il puisse améliorer ses chances de réaliser son rêve d’adolescent : se faire élire quatrième président de la République du Sénégal.
En regardant de plus près les trois motifs qui sont avancés par l’opposition pour maintenir le mouvement du 23 juin, on ne peut que reconnaître qu’Idrissa Seck a bien appris ses leçons. Réussir à faire croire à des politiciens aussi expérimentés qu’Ousmane Tanor Dieng, le doyen Ibrahima Fall et Moustapha Niasse que son combat est celui qui vaille la peine d’être combattu et non les leurs n’est pas une mince affaire. L'habile disciple de Machiavel qu’est Idrissa Seck a réussi à faire croire à Tanor, Fall et Niasse trois chimères :
• La première est l’urgence d’arrêter le plan (imaginaire) de dévolution monarchique du pouvoir. Il leur a fait croire que mettre leurs compatriotes en garde contre ce plan, dont personne n’a la preuve qu’il est en train d’être ourdi par Me Wade, est plus important que battre campagne pour partager leur programme de société avec l’électoral sénégalais. Il est bien légitime de douter du bien fondé de cette accusation qui a été libellée contre Me Wade par Idrissa Seck après qu’il ait perdu son titre de prince héritier du ‘pape du Sopi’. Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio, qui avaient soit réfuté cette thèse ou ne lui avaient accordé aucun crédit pendant qu’ils bénéficiaient de la bonne grâce de Me Wade, ont vite fait d’entonner cette chanson dès qu’ils ont perdu la confiance de ce dernier. Le dénominateur commun du courroux d’Idrissa Seck, Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio contre Abdoulaye Wade est qu’ils voient tous Karim Wade comme étant le commanditaire de la décision de son père de les écarter des lambris dorées du pouvoir. Il m’est personnellement difficile de croire que Me Wade veuille transmettre le pouvoir à son fils Karim Wade. Même s’il avait perdu son sens aigu de l’appréciation de la réalité politique sénégalaise, et décidé de mettre Karim Wade en danger, la sœur de ce dernier et sa mère ne vont pas laisser leur bien aimé accepter un cadeau qui risque de lui être fatal.
• La deuxième est qu’empêcher à Me Wade de participer à l’élection présidentielle du 26 février prochain, malgré la décision du Conseil constitutionnel, est plus important que s’organiser pour le battre à plate couture aux Urnes. Toutes les personnes qui sont familières avec le mode de prise de décision des juges constitutionnels savaient que le Conseil constitutionnel du Sénégal avait deux options devant lui. Prendre une décision qui est basée sur la lecture littérale du texte et valider la candidature de Wade. Le principe énoncé dans l’article 9 Alinéa 2 de la Constitution et le flou crée par l’article 104 de la loi fondamentale donnent bel et bien aux juges constitutionnels les outils juridiques pour valider la candidature de Me Wade à cette élection présidentielle. La seconde option était de se rappeler qu’en votant massivement pour l’adoption de la Constitution de la troisième République, le peuple sénégalais avait aussi la ferme intention d’empêcher à tout occupant du fauteuil du président de la République de faire plus de deux mandats qu’elle que puisse être sa performance. C’est ceci que d’aucuns appellent ‘l’esprit de la loi’. Je suis de ceux qui pensent qu’invalider la candidature de Me Wade en se fondant sur la volonté exprimée par les constituants sénégalais de 2001 sur le nombre des mandats du président de la République allait mieux servir au renforcement de la démocratie sénégalaise.
Cependant considérée cette décision malencontreuse comme une violation de la Constitution est à mon avis une expression d’un point de vue politique partisan. Les défenseurs de l’illégalité de la décision du Conseil constitutionnel aiment faire référence à l’article 104, alinéa 2 de la loi fondamentale sénégalaise qui stipule que, ‘toutes les autres dispositions de la présente Constitution lui sont applicables’. Ils brandissent ensuite l’article 27 qui limite le nombre des mandants du président de la République à deux. L’erreur qu’ils commettent ici est que l’article 27, alinéa 1 est certes une des dispositions de la Constitution mais l’article 9, alinéa 2 en est une autre. En faisant allusion à toutes les autres dispositions de la Constitution au lieu de se limiter à la disposition de l’article 27, alinéa 1, les auteurs de la Constitution ont créé une confusion qui a permis à Cheikh Tidiane Diakhaté et ses collègues de valider la candidature de Me Wade sans qu’aucun constitutionnaliste objectif ne puisse trouver chose à redire.
La troisième chimère est le prétendu pouvoir magique du Conseil constitutionnel de faire fi des résultats des urnes et proclamer Abdoulaye Wade vainqueur même si ce dernier est clairement battu aux urnes. Pour étayer leur argument, certains citent le cas du Conseil constitutionnel ivoirien qui, sous l’égide du très politique Ndri, avait proclamé Gbagbo vainqueur alors que le maximum qu’il lui était permis de faire est l’invalidation des résultats de l’élection présidentielle. Comme je l’avais dit à Mamadou Diop ‘Decroix’, Abdou Fall, Cheikh Tidiane Gadio et Doudou Wade au siège de Aj/Pads en 1999 et à Abdoulaye Wade dans un restaurant sénégalais à Harlem en novembre 1999, les fraudes ne peuvent pas être la cause primaire de la défaite d’un candidat à une élection présidentielle sénégalaise. Elles peuvent amplifier l’écart entre le vainqueur et le vaincu, mais la vraie cause de la défaite réside dans la faiblesse du vaincu. Un candidat qui n’est pas en mesure de garantir la sécurité du vote sur toute l’étendue du territoire national ne peut pas objectivement justifier qu’il est plus représentatif que celui qui arrive à avoir au moins deux représentants dans chaque bureau de vote.
Je me rappelle bien qu’Abdou Fall avait émis un doute sur ces propos. L’amélioration de la sécurité du vote en 2000 avait sans nul doute permis d’amener Abdou Diouf au second tour. La même chose est valable aujourd’hui. La suite tout le monde la connaît. Ce n’est pas parce que le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Me Abdoulaye Wade qu’il a les moyens de le déclarer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Le juge constitutionnel peut interpréter comme il l’entend les articles de la loi fondamentale. Il lui est, cependant, impossible d’outrepasser la volonté exprimée par les Sénégalaises et Sénégalais et déclarer Me Wade vainqueur alors qu’il a clairement perdu les élections aux urnes. Il est vrai que Cheikh Tidiane Diakhaté a un précédent qui peut pousser à croire autrement.
Mais cette élection présidentielle est particulièrement très bien observée par les alliés du Sénégal qui ont exprimé leur scepticisme quant à la sagesse de Me Wade de briguer un troisième mandat. Tout porte à croire qu’ils vont user de tous les moyens qui seront à leur disposition pour décourager toute tentative de Me Abdoulaye Wade de se proclamer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Il me semble aussi insensé de croire que malgré la présence des observateurs étrangers, le dynamisme de la presse sénégalaise et la possibilité pour les candidats de veiller à la sécurité du vote que le Conseil constitutionnel puisse proclamer Wade vainqueur après qu'il ait été défait à plate couture aux urnes. En 2000 et 2009, les Sénégalais ont pu tester la faisabilité d’une défaite des tenants du pouvoir.
Idrissa Seck sait que ses chances d'aller au deuxième tour sont presque nulles avec Wade dans la course. Il faut alors tout faire pour focaliser l'opinion publique sur la nécessité de mettre Wade hors de la course. En écoutant les différents programmes interactifs des radios du pays ou en consultant les échanges de nos compatriotes à travers le World Wild Web, on se rend compte qu’une portion assez significative du peuple sénégalais (peut-être la majorité) n'est pas tombée dans le filet de notre Machiavel local. Mais peu importe pour lui parce que le doyen Ibrahima Fall, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, les porteurs des candidatures crédibles contre Me Wade et le camp libéral, ont tous mordu à son hameçon.
Le seul qui semble mettre en danger le plan machiavélique d’Idrissa Seck est son ex-lieutenant Macky Sall. Ceci se comprend bien, parce que Macky Sall le connaît mieux que tous les autres candidats. M. Sall est aussi entouré de personnes qui ont pendant longtemps pratiqué Idrissa Seck et savent comment il construit et exécute ses plans pour devenir le quatrième président de la République du Sénégal. On peut bien imaginer que la prochaine étape dans la marche de Monsieur Seck vers la réalisation de son rêve, être élu quatrième président de la République du Sénégal, est de réussir à diaboliser Macky Sall. Il semble avoir atteint sont but au sein du leadership du M23. Il y a de bonnes raisons de douter que le peuple sénégalais va se laisser prendre dans ce nouveau piège d’Idrissa Seck.
S'il est bien vrai que l’écrasante majorité des électeurs sénégalais ne veulent plus de Wade, ils peuvent le faire partir en février-mars 2012. Il va sans dire que la seule personne qu’une telle défaite de Me Wade ne va pas arranger est Monsieur Idrissa Seck. Voilà, à mon humble avis, la raison pour laquelle il utilise aujourd’hui tout son savoir-faire machiavélique pour empêcher que cette défaite de Wade ait lieu.
Diomaye (Ndongo) FAYE Cilawkuut@com
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