« Centre de Youm, tête de Bocandé… » (Barka BA)


« Centre de Youm, tête de Bocandé… » (Barka BA)
« Centre de Youm, tête de Bocandé… »

Si j’avais le talent et le souffle d’André Malraux, rendant justice au résistant Jean Moulin, accueilli au Panthéon, je dirais : « Entre ici, Jules François Bocandé !» à l’heure où la nation s’inclinera pieusement devant ta mémoire au stade Demba Diop, lieu de tant de tes exploits. Une immense émotion a saisi le Sénégal entier, à l’annonce du décès de l’ancien goleador, et, depuis, les hommages, tous plus poignants les uns que les autres, ne cessent d’affluer.

Des voix beaucoup plus autorisées que la mienne ont déjà dit l’essentiel concernant le fabuleux destin de l’homme à la crinière de lion. Mais Bocandé n’appartenait pas qu’aux mordus du foot ; et même quelqu’un qui a les pieds carrés comme moi, qui n’a jamais été fichu de marquer un coup-franc, a vécu sa part d‘émotion avec le natif de Ziguinchor. Si sa disparition a tant ému, c’est dû à la dette de chacun de nous envers lui. La perte de ce génie du ballon rond, véritable première star alimentant et défrayant la chronique, nous a replongés dans les années 80 avec une infinie tristesse. Je me souviens, élève à l’école primaire de Diamaguène, courant comme un dératé sous un chaud soleil de midi, pour suivre le mythique match d’ouverture Egypte-Sénégal sur un vieux poste-téléviseur en noir et blanc !

Les héros du jour s’appelaient Roger Mendy, Racine Kane, Thierno Youm, « Boy Bandit», Cheikh Seck and co ! Dans les cours de récré, on ne parlait plus que de ce onze national qui avait réconcilié le Sénégal avec les compétitions internationales après une longue diète. Et, bien sûr, trônait, un cran au-dessus, l’homme au charisme fou auquel tout gamin voulait s’identifier et que bientôt tout le monde appellerait affectueusement « Boc ». Je me souviens, écarquillant les yeux démesurément à l’annonce du salaire mensuel de 25 millions de Fcfa que touchait Bocandé. Comment un mec pouvait-il gagner à lui seul tant de fric chez des toubabs ? se demandait-on, dans un mélange d’admiration et d’incrédulité.

Un type incroyable qui avait poussé le patriotisme jusqu’à se faire expulser volontairement du championnat de France pour honorer le maillot national en s’embrouillant avec un arbitre. Un drôle de dribble au destin pour lui, l’excommunié du foot, le banni à vie des stades, après un mémorable Ja-Casa que les « grands » de mon quartier populeux de Diacksao rejouaient sans cesse ! Je me souviens de ma petite fierté cocardière, voire chauvine, quand une certaine rumeur prétendit que Tschala Muana, « la reine du mutuashi », qui alimentait les fantasmes les plus fous, en pinçait pour Boc ! Vrai ou faux, c’était pour nous une savoureuse revanche sur les « Zaïrois », comme on disait à l’époque, car on avait entendu nos mêmes « grands » du quartier , avec des trémolos dans la voix, nous parler des confrontations épiques qui nous opposaient à nos cousins d’Afrique centrale !

Je me souviens, il n’y a pas si longtemps, d’un type sympa, rencontré un jour au Point E, presque gêné de me voir plié en quatre pour saluer respectueusement « l’ancienne gloire » que la Nation n’avait jamais su vraiment traiter à la hauteur de son talent. Boc-cœur de lion- est monté au Ciel pour faire une talonnade aux dieux du foot ! Salut, Essamay !

Barka BA

Directeur de l’information de la TFM


Mardi 15 Mai 2012
barka Ba




1.Posté par nene le 15/05/2012 13:44
belle plume barka!!!

2.Posté par kabou le 15/05/2012 14:00
boc assamay
boc assamay
tu es un vrai lion
fierté absolue à de toi

3.Posté par mamadou diandou ndiaye oh le 16/05/2012 06:08
MERCI SEYDI BA! votre plume a renforce les lourdes emotions qui habitent les ceours meurtris des africains en general et des senegalais en particulier.merci jules l'immortel.que la terre de la verte casamance te soit legere.



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