Ce Samedi 09 Novembre 2013, le monde a 24 ans !!!

"Nous sommes dans toutes les courses vers le futur, mais le rythme change de plus en plus, et ce n'est pas notre volonté qui est en train de façonner cet avenir. Le monde est un peu comme un avion en pilotage automatique, avec sa vitesse d'accélération continue, mais sans destination clairement définie". Zbiniew Brzezinski, out of control, 1992


Ce Samedi 09 Novembre 2013, le monde a 24 ans !!!
Le système de la Guerre froide et le système de la mondialisation constituent deux mondes différents. Le premier a disparu dans la nuit du 09 au 10 Novembre 1989. Le second, celui-ci dans lequel nous vivons, fête aujourd’hui ses vingt-quatre (24) ans. Il est né avec la «chute des murs». Entendons la chute du mur au propre (le mur de Potsdam à Berlin) et du mur au figuré (le mur idéologique qui, durant un quart de siècle, a scindé le monde en deux).
Le monde a vingt-quatre ans. Peu de gens semblent au courant de cet état de fait, ou conscients des transformations que cela implique dans la façon même dont nous devons vivre dans ce monde nouveau, dans la manière même dont nous devons appréhender les événements qui constituent notre hui. Pourtant il est nécessaire de s’imprégner de ces changements et de ces transformations pour avoir une heureuse compréhension des informations qu’on lit dans la presse écrite, des news retransmis en mondovision et en temps réel à travers les chaînes de télévision câblées ou sur le web. Bref, ce monde nouveau requiert un nouvel Adam.
Qu’est-ce qui a changé? Pour répondre à cette question, apportons quelques éléments de comparaison entre le monde de la Guerre froide et celui de la mondialisation. Nous allons pour ce faire profiter de la lucidité de Thomas Friedman manifestée dans son ouvrage intitulé The Lexus and the Olive Tree: Understanding globalization, publié en 1999, et paru en français, chez Nouveaux horizons – ARS, Paris, en 2001 sous le titre: La Puce et l’Olivier: Comprendre la Mondialisation. A la place du système statique et rigide de la Guerre froide, a surgi un autre caractérisé par un dynamisme et une évolution perpétuelle. La mondialisation entraîne inexorablement l’intégration des marchés, des Etats-nations et des technologies à un degré inédit. La mondialisation est marquée par des technologies bien déterminées: informatisation, miniaturisation, numérisation, communication par satellite, fibre optique et Internet.
A ce propos, si le maître mot de la Guerre froide était «division», celui de la mondialisation, forgé par ces technologies, est «intégration». Le symbole fort de la Guerre froide était un mur qui séparait les êtres; celui de la mondialisation est la Toile mondiale –le World Wide Web – qui unit les êtres. A l’époque de la Guerre froide, l’unité de mesure décisive était le poids – celui, notamment, des missiles intercontinentaux – tandis que l’élément essentiel que considère la mondialisation est la rapidité des échanges, des déplacements, de la communication et de l’innovation. L’équation einsteinienne E=mc² liant l’énergie à la masse était la référence suprême pendant la Guerre froide.
La référence de la mondialisation est la loi de Moore, qui dit que la puissance des puces électroniques double tous les dix-huit ou vingt-quatre mois. A l’ère de la guerre froide, la grande question était: «quelle est la taille de ton missile?» A l’ère de la mondialisation la grande question, c’est: «quelle est la vitesse de ton modem?» Selon le professeur Michael Mandelbaum, si on doit comparer la Guerre froide à un sport, il faut penser au sumo. «Imaginons deux énormes lutteurs sur un ring, adoptant des tas de postures et de gestes rituels, se déplaçant d’un pas lourd, mais avec très peu de contacts réels; et ce jusqu’à la fin du match, où a lieu un bref affrontement à l’issue duquel le perdant sort du ring sans la moindre effusion de sang.» Par contraste, si on doit comparer la mondialisation à un sport, ce serait au cent mètres, mais un cent mètres à répétition.
Le nombre de vos victoires importe peu, puisque le lendemain il vous faut courir de nouveau. Et que vous perdiez à un centième de seconde près, ou à une heure, le résultat est le même, vous perdez toute la mise, c’est un jeu à somme nulle. La mondialisation est le monde de Usain Bolt. Il faut aller toujours plus vite pour ne pas se faire rattraper, voire dépasser par ses concurrents. Les entreprises et les Etats qui ne l’ont pas compris sont soit morts soit en agonie. A l’ère de la Guerre froide, seuls deux individus évoluant de part et d’autre du rideau de fer pouvaient communiquer constamment. Il s’agissait des locataires de la Maison-Blanche et du Kremlin, grâce à la ligne rouge.
Et l’on pouvait les tenir pour responsables de tout ce qui se passait dans le monde. A l’ère de la mondialisation, nous avons Internet, qui représente le fait que tous les hommes sont reliés les uns aux autres, mais que personne n’est vraiment responsable. Le système de la Guerre froide était uniquement fondé sur les Etats-nations et était équilibré en son centre par deux superpuissances, les Etats-Unis et l’Union soviétique. Alors que le système de la mondialisation, plus complexe, s’appuie sur trois piliers. Le premier, c’est l’équilibre traditionnel entre les Etats-nations, cette fois avec les Etats-Unis comme unique véritable superpuissance. Le second, c’est l’interaction entre les Etats-nations et les marchés mondialisés (New York, Hong Kong, Londres et Francfort). Le troisième, qui constitue une nouveauté, c’est l’interaction entre les Etats-nations, les marchés mondialisés et les individus superpuissants (Bill Gates, Al Walid Bin Talal, Steve Jobs, Le Sultan de Brunei, Georges Soros, Ben Laden, etc.).

Daouda GUEYE de PIKINE
Professeur de Philosophie Lycée de OUAKAM (Dakar)
Vendredi 8 Novembre 2013




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