Attaque de Berlin : « beaucoup de raisons » de penser à un attentat et au moins 12 morts

La foule était massée devant l’église du Souvenir, à l’ouest du centre-ville de la capitale allemande. Plus de quarante personnes ont été blessées.


Au moins douze personnes sont mortes, lundi 19 décembre dans la soirée, après qu’un camion a foncé dans la foule d’un marché de Noël, sur la Breitscheidplatz, devant l’église du Souvenir, à l’ouest du centre-ville de Berlin, la capitale allemande, a fait savoir la police berlinoise sur Twitter. Il y a également au moins quarante-cinq blessés.

Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a estimé dans la nuit de lundi à mardi qu’il y avait « beaucoup de raisons » de penser que le conducteur du camion avait commis un attentat.

« Je ne veux pas encore pour le moment prononcer le mot attentat même si beaucoup de raisons le laissent penser », a-t-il dit à l’antenne de la chaîne publique ZDF. « Un suspect a été arrêté et il y a beaucoup de raisons de penser qu’il s’agit du chauffeur » du poids-lourd qui a foncé dans la foule, a ajouté le ministre conservateur. « L’enquête déterminera le reste », a-t-il encore dit.

Deux personnes présentes dans le camion

La police berlinoise a annoncé qu’il y avait deux personnes dans le camion. Le passager est mort sur place. Une deuxième personne, soupçonnée d’être le chauffeur, a été arrêtée aux alentours de 21 h 30. Le conducteur du poids lourd a roulé sur le trottoir de ce marché peu après 20 heures où se trouvaient des badauds dans un quartier très touristique de Berlin, selon un porte-parole de la police. Une rue a été transformée en hôpital à ciel ouvert, selon le Tagesspiegel.

La police a bloqué l’accès à la place et aux environs de l’église du Souvenir pour soigner et évacuer les blessés, mais déclare également qu’il « n’y a aucun indice laissant à penser qu’il y ait d’autres sources de danger » dans les environs. La station de métro Zoo, à quelques pas du lieu du drame, est ouverte et utilisable, selon le journal allemand Die Zeit. Des policiers armés sécurisent toutefois les issues.

Facebook a, par ailleurs, activé dans la soirée le safety check qui permet aux internautes, à l’occasion d’un attentat, d’informer leurs amis qu’ils sont en sécurité. Sur leur compte Twitter, les forces de l’ordre de la capitale appelaient les Berlinois « à rester à la maison et à ne pas diffuser de rumeurs ». Ils demandent également à « respecter la vie privée des victimes » et de leurs familles en ne diffusant pas d’images sur les réseaux sociaux.
Le marché de Noël se situe sur la Breitscheidplatz, devant l’église du Souvenir, à l’ouest du centre-ville de Berlin.

« Un étrange silence »

Sur le site du quotidien allemand Berliner Morgenpost, un journaliste arrivé peu de temps après que le camion a foncé dans la foule raconte qu’un « étrange silence » planait sur la place fermée par un ruban rouge et blanc, alors que des blessés s’enlaçaient, pleuraient ou s’embrassaient.

Une femme blonde qui pouvait, quant à elle, à peine parler entre deux sanglots raconte : « Il y a eu cette forte détonation. Puis quelqu’un m’a tiré par le bras et j’ai entendu les cris. Juste à côté de moi, quelqu’un est tombé par terre et je me suis mise à courir. »

Un vieil homme explique, toujours au Berliner Morgenpost, qu’il a vu le camion avancer délibérément sur la place, phares éteints, puis entendre des « boum-boum », « et des cris hystériques ».

Un poids lourd immatriculé en Pologne

Le camion qui a foncé dans la foule est immatriculé en Pologne. Il appartient à une société polonaise, dont le patron, Ariel Zurawski, interrogé par les médias polonais, a expliqué que le véhicule revenait d’Italie et devait déposer son chargement à Berlin avant de repartir vers la Pologne. « La personne qui est sortie du camion n’est pas mon chauffeur », a affirmé M. Zurawski dans les médias polonais.

Le propriétaire avait confié son camion à son cousin. « On n’a pas de contact avec lui depuis cet après-midi. Je ne sais pas ce qui lui arrive. C’est mon cousin, je le connais depuis l’enfance. Je me porte garant de lui », a déclaré Ariel Zurawski, joint par téléphone par l’Agence France-Presse. Le propriétaire a assuré que son cousin devait décharger sa cargaison à Berlin, mais que ce déchargement n’a pas eu lieu.

Angela Merkel « en deuil »

La chancelière allemande Angela Merkel est « en deuil », a annoncé son porte-parole, Steffen Seibert. « Nous sommes en deuil et espérons que les nombreux blessés vont pouvoir recevoir de l’aide », a-t-il poursuivi. Le président de la République fédérale allemande Joachim Gauck se dit « bouleversé » : « C’est une soirée terrible pour Berlin et notre pays. » « C’est très impressionnant, choquant, parce qu’on a toujours eu l’espoir que Berlin n’ait pas à vivre cette situation », a déclaré le maire de Berlin Michael Müller.

Le ministre de la justice, Heiko Maas, a par ailleurs annoncé que l’enquête a été confiée au procureur fédéral, compétent en Allemagne pour les affaires de terrorisme.

Le président de la République, François Hollande, a fait savoir dans la soirée que « les Français partagent le deuil des Allemands face à cette tragédie qui frappe toute l’Europe ». Le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux a annoncé que la sécurité des marchés de Noël « a été immédiatement renforcée ». De leur côté, les Etats-Unis ont condamné ce qui « semble être une attaque terroriste ».

Le Monde 
Mardi 20 Décembre 2016




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