Aminata Niane, Ministre conseiller du président Macky Sall , Pourquoi pas ?

De toutes les nominations du Président Macky Sall celle qui aura soulevé le plus de réactions et de critiques est bien celle de Mme Aminata Niane. Sa proximité à l’ancien régime libéral semble poser un problème même dans l’actuel camp présidentiel. Mais lorsqu’on s’inscrit objectivement dans la logique de gouvernance du Président Macky Sall, on comprend aisément cette nomination.
Sans chercher à défendre Mme Niane ou le Président Macky Sall, je voudrais partager une analyse froide, sans état d’âme et sans émotion de cette nomination au risque de déplaire ou de choquer.
Le Président Macky Sall avait, dés l’entame de son magistère, annonçait qu’il sera le Président de tous les sénégalais et qu’il s’attacherait les services de toutes les compétences du pays. Il rajoute : « désormais c’est la patrie avant le parti ». Voilà en résumé la logique de gouvernance du Président Macky.
Mme Niane est une citoyenne sénégalaise qui a une expertise avérée dans la mise œuvre des grands projets. Cette expertise ne souffre d’aucun doute car validée par les partenaires au développement du Sénégal (FMI, Banque Mondiale, AFD etc…) Il semblerait même que ce soit ces partenaires qui auraient suggérer sa nomination. Je ne suis pas dans le secret des dieux, je m’exprime donc au conditionnel sur ce point. Certes, elle n’est pas la seule compétence disponible, mais le fait est que son expertise est avérée.
Alors, la question que je me pose, c’est qu’est ce qu’on reproche objectivement à Mme Aminata Niane ou au Président Macky Sall dans cette nomination.
D’abord, beaucoup de réactions indiquent que Mme Niane était au cœur du régime de Wade. Mais est ce une raison suffisante pour dénoncer sa nomination ? Personnellement, je ne le pense pas.
Et pour cause, le Président Macky Sall a été, lui même, à un moment donné au cœur du régime de Wade et pourtant les Sénégalais l’ont massivement élu à la magistrature suprême.
Je voudrais rappeler que le Président Macky Sall qui se prévaut, à juste titre, de la réalisation des grands chantiers de Me Wade, avait Mme Aminata Niane comme cheville ouvrière pour faire sortir lesdits chantiers de terre. Il a donc probablement une meilleure appréciation que quiconque des compétences de Mme Niane pour avoir collaboré directement avec elle.
Ensuite, d’autres voies s’élèvent pour dire que Mme Niane a été épinglée par des audits. Je ne saurais m’étendre sur le contenu de ces audits ainsi que le traitement judiciaire en cours. Je préfère laisser la justice le soin de conduire la procédure en cours et d’éclairer les sénégalais. Mais, il faut comprendre qu’un rapport d’audit ne sert pas à condamner mais à rapporter des faits et actes de gestion et accessoirement à faire des recommandations. Seule la justice est habilitée à poursuivre et à déclarer les justiciables coupables ou non.
En tout état de cause, jusqu’à ce la justice se prononce sur sa culpabilité ou non, la loi confère à Mme Niane une présomption d’innocence. Et pendant que le traitement judiciaire suit son cours rien n’empêche à Mme Niane de mener ses activités professionnelles. Cependant pour des convenances personnelles elle peut refuser ou démissionner d’un poste si elle estime qu’une telle procédure est de nature à la gêner dans sa mission ou à gêner le Président. Mais, il s’agit là, d’une décision strictement personnelle qu’elle est seule à pouvoir prendre en accord avec le Président de la république.
A titre d’exemple, l’actuel premier ministre Abdoul Mbaye est cité dans une affaire judiciaire et pourtant cela ne lui empêche pas d’assumer la fonction de chef de gouvernement.
C’est ça la république ! Et les sénégalais doivent apprendre à vivre avec les valeurs de la république et à éviter d’exprimer des réactions émotionnelles.
Maintenant, fallait-il attendre que cette affaire se clarifie pour nommer Mme Niane au poste ? A cette question, seul le Président de la République pourra y répondre en toute connaissance de cause. Je suppose qu’il a du prendre la pleine mesure de cet acte de nomination.
D’un point de vue politique, Mme Niane ne devrait normalement pas poser un problème dans l’entourage politique du Président Macky Sall du fait de son profile apolitique. Personnellement, je n’ai jamais eu d’informations sur son implication dans les activités politiques au PDS. C’est l’une des rares personnes que Me Wade avait du mal à entrainer dans la politique malgré leur proximité. Elle a toujours su garder son profile technocrate, au même titre que, par exemple, son excellence Mr Bruno Diatta dans le domaine du protocole.
Certains observateurs disent qu’elle aurait du dénoncé les pratiques malveillantes du régime de Wade. Mais ce serait déjà franchir le Rubicon et avoir un pas dans la politique ; ce qu’elle ne voulait pas.
Pour l’anecdote, un de ses proches me disait qu’elle n’a jamais voulu de poste ministériel dans le régime libéral et c’est Me Wade qui l’a forcé à assister au conseil des ministres en la nommant ministre conseil cumulativement à sa fonction de Directrice Générale de l’Apix. Ce qui était un fait inédit.
Alors, Mme Aminata Niane comme ministre conseil du Président Macky Sall ?
Si elle est utile pour le Président, je dirais pourquoi pas ? D’abord rien ne s’y oppose objectivement pour l’instant, ensuite elle a le profile de l’emploi, enfin elle est apolitique.
Ceci étant, je peux comprendre que, des militants de l’APR ou BBY qui se soient battus pour élire le Président Macky Sall, manifestent leurs frustrations face à des nominations en dehors de leur camp, surtout quand il s’agit d’hommes ou de femmes politiques qui ont combattu l’APR et son président. Mme Niane n’est pas dans ce lot. Parmi ce lot, on peut citer, par exemple, Mme Seynabou Ly Mbacké qui a combattu Macky Sall jusqu’à son élection et qui se retrouve nommée PCA de la Sonac. Elle n’est pas la seule, il y a bien d’autres noms qu’on aurait pu citer.
Politiquement, il n’est pas juste de nommer cette catégorie de politiciens à des postes au détriment des militants de l’APR et BBY. Le Président Macky Sall devrait corriger cet état de fait s’il veut continuer à bénéficier du soutien de ses militants et des citoyens en général. Mieux, il a le devoir de relever tous ses adversaires politiques encore en poste pour nommer des hommes et des femmes de son camp, mais tout en prenant bien soin de s’assurer de leurs aptitudes à l’emploi. Car ceux qui ont gagné doivent gouverner et ceux qui ont perdu doivent s’opposer. C’est ça, le jeu démocratique ! Et le Sénégal en a besoin.

SIDY CISSE / Convergence des Cadres Républicains (CCR) de l’APR
Email : sidy.cisse.apr@gmail.com