A regarder l’opposition sénégalaise aujourd’hui, on oscille entre l’abattement et la révolte. La France avait la droite la plus bête du monde et le Sénégal vient de gagner un nouveau titre, à défaut de la coupe d’Afrique, celui d’avoir l’opposition la plus bête du monde.
Tous les candidats sortants dans le monde entier souhaiteraient avoir une telle opposition. Après s’être étripés sur le candidat unique, jusqu’au ridicule, elle vient de décider – on se pince pour y croire – de suspendre sa campagne pour battre Wade.
Les raisons ? Les sénégalais attendront la fumée blanche à la fin du conclave pour les connaître.
Gageons, que les accusations de traitrise vont commencer.
Et ces messieurs-dames, après avoir créé les conditions de la réélection de Wade et tué le formidable sursaut démocratique du 23 juin 2011, nous diront qu’ils ne reconnaissent pas les résultats de ces élections présidentielles.
Il est temps d’ouvrir un nouveau cycle.
Nous vivons une période historique particulière où nombre de schémas de pensée anciens n’en finissent pas de se décomposer sans qu’apparaisse clairement le signe d’un renouveau.
Dans les sociétés développées européennes, l’ampleur de la crise de la dette et du chômage s’accompagne d’une crise de la politique.
Au Sénégal, la recherche de solutions dans l’urgence actuelle de la campagne électorale pour battre Wade, pour nécessaire qu’elle puisse paraître, ne tient pas lieu d’une réflexion qui, à partir de la pleine mesure de l’ampleur de la crise économique et sociale, propose des orientations pour refonder l’engagement démocratique des citoyens.
Le délabrement de l’Etat, « la politique du ventre », l’absence de règles collectives protectrices des plus faibles, maintient le sous développement et la pauvreté extrême et annihile quasiment toute volonté collective et individuelle de développement.
Des questions comme celle de la mondialisation, de l’intégration africaine, du modèle de développement, celles du travail et de l’emploi, de la santé, de l’éducation engagent une conception de l’homme et du vivre-ensemble qu’une génération entière partage.
A écouter, lire, débattre avec la génération qui cherche sa place, qui ne voit qu’elle désire ardemment travailler sur le politique en dehors des positions partisanes.
La situation actuelle au Sénégal est, sous de nombreux aspects, inquiétante.
Sous le bruit, les fureurs, les grondements et manifestations, le chaos apparent ou caché, il ne faut pas se tromper, c’est bien un vieux monde qui s’écroule sous nos yeux au Sénégal.
Un autre peine à émerger et se frayer un chemin dans notre cher pays.
La candidature de Youssou NDOUR raillée, par la presse, est un de ces symptômes d’un système vieillissant, comme celle de Coluche en 1981, candidat putatif aux présidentielles françaises de 1981, avec des sondages qui le plaçaient très haut dès l’annonce de sa candidature (16% des intentions de vote), avant qu’il ne renonce.
Cette candidature illustre, mutatis mutandis le même contexte : un vieux système, une vieille élite, un vieux président.
Elle a entraîné l’entrée en politique d’une masse de personnes, indécises, entre la jeunesse urbaine diplômée, attentive aux mots d’ordre de M23, et celle des quartiers de la médina, de Parcelles, Pikine, Guédiawaye.
Elle procède de la même dynamique que celle qui s’est mise en branle depuis longtemps pour turbuler le système corrompu en élargissant à chaque fois l’espace démocratique.
Les conséquences sur le tissu socioéconomique de quarante de règne du parti socialiste sur le système politique sénégalais, ne se sont pas effacées en un jour.
Les 12 ans au pouvoir de Wade ont accéléré sa putréfaction.
C’est le même système qui a continué sous un autre nom, avec un autre clan de prédateurs, en moins fins dans la politique du ventre et dans la gestion patrimoniale de l’Etat.
Quand les élites technocratiques socialistes habillaient sous un vernis de la plus parfaite technocratie bureaucratique la prévarication des maigres richesses de l’économie sénégalaise, le clan wadiste, mal formé, avec une absence totale de « culture administrative » et de compétence utilise la méthode de l’informel.
L’inculture technocratique, l’absence de scrupules, l’informalisation de la prédation se sont substituées à la culture technocratique du vol et du détournement des deniers publics.
L’alternance s’est jouée des espoirs placés en elle par la faute d’un clan cupide.
Et dans cette décennie, se sont aussi révélées les ressources morales, d’un peuple qui s’est emparé des principes de la démocratie, pour élargir son espace de liberté et se préparer à l’après Wade.
Tout le monde le sent, c’est la fin d’une génération d’élite politique et administrative, celle des compagnons des combats pré et post indépendance, qui entraîne avec elle, celle des années 68 et 70. Evidemment cela se fait dans le tintamarre du débat et des invectives.
La nouvelle génération qui tente de s’engouffrer dans ce nouvel espace revendique sa place dans la République.
Il est donc du devoir des républicains de l’aider à la trouver au travers des valeurs et des principes universels qui sont ceux de la République.
Les sénégalais aspirent à un Etat de droit
Au travers de la proclamation de la primauté de l’Etat de droit, où s'applique effectivement un droit et non pas l'arbitraire d'un dirigeant ou l'anarchie.
En réponse à la question, l'Etat de droit au Sénégal est-il plus une réalité qu'une fiction? Les citoyens répondent assurément que c’est une fiction.
Un Etat de droit, où l'Etat se doit de veiller à ce que chaque personne physique ou morale soit à égalité devant la loi, qu'il s'agisse de défendre ou faire valoir ses droits, de contester une décision.
Un Etat qui respecte le principe de séparation des pouvoirs (et d'équilibre entre eux) : contrôle direct de l'exécutif par le législatif ; liberté de la presse ; Justice indépendante, contradictoire, impartiale, effective, qui instruit, prononce et fait exécuter ses décisions dans des délais raisonnables.
C'est l'ensemble de ces critères qui doivent être réunis pour que l'on puisse parler d'Etat de droit.
La majorité des citoyens sénégalais ordinaires, le disent tous les jours. L’absence d’Etat de droit nuit tout particulièrement aux classes populaires urbaines et rurales qui ne jouissent ni des passe-droits des élites, d'en haut, ni des passe-droits de ceux qui à la marge s’arrangent avec les règles collectives.
La Justice doit constituer l'un des piliers du pacte citoyen et républicain de notre pays. Son impartialité, sa capacité à assurer un équilibre entre prévention, sanction, réparation et protection des libertés individuelles doit être au cœur du bon fonctionnement de la société.
Elle doit être un rempart qui protège les personnes, garantit les règles du vivre ensemble, les droits et donc les devoirs de chacun, les conditions d'une société apaisée.
L'égalité devant la Loi doit être au cœur même de l'idée de justice et ce principe d'égalité est l'un des fondements de notre société démocratique.
L’indépendance de la justice en est la condition impérative.
La justice est un service public dont l'importance, aux yeux de nos concitoyens, n’est pas toujours mesurée alors que le droit envahit désormais tous les interstices de la vie sociale.
Instaurer l'Etat de droit et donner aux sénégalais des raisons d’y croire, il y va de la santé démocratique de notre pays.
Au travers de la proclamation de l'indivisibilité de la République et l'unité du peuple sénégalais.
Le principe de l‘indivisibilité de la République, signifie, qu’elle connaît mais ne reconnaît pas tout ce qui tend à morceler, séparer, démanteler la communauté civique nationale - religion, confréries, croyances ...
Elle respecte les traditions et les cultures mais elle les soumet à la loi commune.
La République doit continuer le travail de construction de notre nation, composée de citoyens non de communautés. Les individus ont leurs particularités, mais pas les citoyens.
La République indivisible est donc unitaire.
Nous avons hérité de la colonisation française et de notre propre histoire nationale, une culture centraliste et non fédéraliste.
L’unité républicaine n’exclut pas, bien sûr, la diversité. L’unité de notre nation s’est faite et se fait encore dans la confrontation, l’alliance ou parfois la discorde de ses composantes. Elle s’est réalisée à travers l’intégration des citoyens, intégration rendue précisément possible par cette indivisibilité qui reconnaît la seule citoyenneté.
Les citoyens sénégalais aspirent à la neutralité de l’Etat
L’affirmation de la neutralité de l’Etat appelée ailleurs laïcité, face à toutes les communautés culturelles et religieuses doit aussi accompagner l’émergence de cette nouvelle génération.
La laïcité peut être définie simplement par la séparation de l'État et de la religion (toutes croyances confondues). C’est un principe qui garantit la liberté de conscience et de culte, qui assure l'égalité de droits entre toutes les croyances.
La mise en œuvre de ce principe poserait moins de problèmes que son inscription dans le marbre au Sénégal. La meilleure définition est celle que propose le Dr Mahmoud Hazab, conseiller auprès du Cheikh Ahmed al-Tayeb, imam d’al-Azhar, dans la charte de onze articles à l’élaboration de laquelle l’institut a participé qui dit, parlant de l’Etat qui devra être issu de la révolution. « Nous ne sommes ni un État religieux ni un État militaire. Nous souhaitons que la Constitution se fonde sur la citoyenneté. »
Des pratiques laïques sont observables dans notre pays depuis des lustres, pratiques religieuses laissée à la discrétion de la personne, liberté d'affichage ostentatoire d'appartenance religieuse, les jeûneurs et non-jeûneurs de Ramadan se côtoient dans la même famille, des amis pratiquants et non pratiquants se souhaitent bonne fête le jour de l'Aïd, le mariage civil et le mariage religieux coexistent, le planning familial est entré dans les mœurs et fait moins débat, la monogamie se généralise dans la jeune génération urbaine instruite.
Son exercice est facilité tous les jours par l’existence, de croyances, d’appartenance religieuse ou confrérique différentes dans une même famille et entre ses différents membres.
Il revient à l’Etat d’en assurer le respect.
Plusieurs pays ont adopté la laïcité en tant que principe qui figure dans leurs constitutions, comme la France, l’Inde, la Turquie, le Japon, le Brésil ou les Etats-Unis.
Beaucoup d’entre eux financent l’exercice des cultes.
Il n’est pas inimaginable que notre pays se dote d’un budget des cultes. Cela aurait le mérite de s’accorder sur le principe de l’égalité de traitement de tous les cultes, toutes les confréries et de rendre complètement transparent les financements publics qui leur sont accordés.
Ils seraient inscrits chaque année dans la loi des finances par l’assemblée nationale et exécutés sous son contrôle, comme tout le budget de la nation.
L'égalité, le progrès social, la fraternité et la solidarité sont des irremplaçables de la République.
Une société plus juste est une société qui permet l’accès à l’égalité des chances à chacun de ses membres. S’il est des inégalités qui tiennent à la nature humaine, il en est, injustifiées, qui tiennent à la société.
La réduction de ces inégalités constitue une exigence aussi bien morale que politique.
Il faut refuser la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, celles s’appuyant sur une origine sociale ou ethnique.
Refuser les inégalités héritées.
Refuser l’idée d’inégalités dont on ne pourrait pas sortir.
Se battre pour que soit donnée à chacun la possibilité, quelle que soit son origine, sa situation, de s’insérer dans la vie sociale ou professionnelle, d’accéder aux biens collectifs – éducation, culture, emploi, santé, sécurité – et de pouvoir en tirer un profit comparable.
Vouloir l’égalité dans les opportunités offertes à chacun, d’utiliser au mieux sa capacité d’autonomie, ses talents et sa volonté.
La justice sociale, comme la cohésion sociale se bâtissent sur l’exigence de solidarité qui doit être conçue à la fois comme un tremplin pour ceux qui peuvent agir et prendre leur responsabilité, un filet de sécurité pour ceux qui connaissent l’échec et doivent se voir accorder une nouvelle chance, comme un bouclier enfin pour ceux qui n’ont pas ou plus les moyens d’agir et qui doivent recevoir de quoi leur permettre de vivre dignement. Elle doit empêcher la précarité et permettre la cohésion sociale de notre nation.
Pour s’exprimer dans le respect de la dignité de l’individu, la solidarité doit être ciblée, adaptée à chaque situation, et ne pas se transformer en assistanat par une distribution uniforme d’aides, qui découragent ceux qui travaillent, et tendent à maintenir ceux qui en bénéficient dans une situation de dépendance.
La solidarité doit s’exprimer à différents niveaux : solidarité entre les territoires sénégalais, dans les campagnes et au sein des villes ; solidarité familiales et entre les générations.
L’intervention de l'État est le pilier d’une politique solidaire. C’est sur cette base que les républicains doivent faire une place à la nouvelle génération dans l’espace public.
Dans notre pays, c’est l’Etat qui contribue à construire la nation sénégalaise, dans ses espaces et ses territoires. Il ne faut jamais perdre de vue ce paramètre essentiel pour les républicains. Toute politique qui décrédibilise son intervention sape les fondements de notre Etat-nation.
Alors le pire n’étant jamais sûr, je pense que lorsqu’un problème est clairement et judicieusement posé, on trouve toujours des hommes et des femmes capables de le résoudre.
Les hommes et les femmes candidats de l’opposition ne doivent plus avoir qu’une seule et unique, préoccupation, mobiliser, encore mobiliser les citoyens sénégalais pour battre Wade, sa clique et ses bandes et sa famille dans les urnes le 26 février. Plus rien ne doit les distraire. La jeunesse et le peuple sénégalais le valent.
Babacar FALL
Mail et fil twitter
babfall33@gmail.com
@Bfbac
Tous les candidats sortants dans le monde entier souhaiteraient avoir une telle opposition. Après s’être étripés sur le candidat unique, jusqu’au ridicule, elle vient de décider – on se pince pour y croire – de suspendre sa campagne pour battre Wade.
Les raisons ? Les sénégalais attendront la fumée blanche à la fin du conclave pour les connaître.
Gageons, que les accusations de traitrise vont commencer.
Et ces messieurs-dames, après avoir créé les conditions de la réélection de Wade et tué le formidable sursaut démocratique du 23 juin 2011, nous diront qu’ils ne reconnaissent pas les résultats de ces élections présidentielles.
Il est temps d’ouvrir un nouveau cycle.
Nous vivons une période historique particulière où nombre de schémas de pensée anciens n’en finissent pas de se décomposer sans qu’apparaisse clairement le signe d’un renouveau.
Dans les sociétés développées européennes, l’ampleur de la crise de la dette et du chômage s’accompagne d’une crise de la politique.
Au Sénégal, la recherche de solutions dans l’urgence actuelle de la campagne électorale pour battre Wade, pour nécessaire qu’elle puisse paraître, ne tient pas lieu d’une réflexion qui, à partir de la pleine mesure de l’ampleur de la crise économique et sociale, propose des orientations pour refonder l’engagement démocratique des citoyens.
Le délabrement de l’Etat, « la politique du ventre », l’absence de règles collectives protectrices des plus faibles, maintient le sous développement et la pauvreté extrême et annihile quasiment toute volonté collective et individuelle de développement.
Des questions comme celle de la mondialisation, de l’intégration africaine, du modèle de développement, celles du travail et de l’emploi, de la santé, de l’éducation engagent une conception de l’homme et du vivre-ensemble qu’une génération entière partage.
A écouter, lire, débattre avec la génération qui cherche sa place, qui ne voit qu’elle désire ardemment travailler sur le politique en dehors des positions partisanes.
La situation actuelle au Sénégal est, sous de nombreux aspects, inquiétante.
Sous le bruit, les fureurs, les grondements et manifestations, le chaos apparent ou caché, il ne faut pas se tromper, c’est bien un vieux monde qui s’écroule sous nos yeux au Sénégal.
Un autre peine à émerger et se frayer un chemin dans notre cher pays.
La candidature de Youssou NDOUR raillée, par la presse, est un de ces symptômes d’un système vieillissant, comme celle de Coluche en 1981, candidat putatif aux présidentielles françaises de 1981, avec des sondages qui le plaçaient très haut dès l’annonce de sa candidature (16% des intentions de vote), avant qu’il ne renonce.
Cette candidature illustre, mutatis mutandis le même contexte : un vieux système, une vieille élite, un vieux président.
Elle a entraîné l’entrée en politique d’une masse de personnes, indécises, entre la jeunesse urbaine diplômée, attentive aux mots d’ordre de M23, et celle des quartiers de la médina, de Parcelles, Pikine, Guédiawaye.
Elle procède de la même dynamique que celle qui s’est mise en branle depuis longtemps pour turbuler le système corrompu en élargissant à chaque fois l’espace démocratique.
Les conséquences sur le tissu socioéconomique de quarante de règne du parti socialiste sur le système politique sénégalais, ne se sont pas effacées en un jour.
Les 12 ans au pouvoir de Wade ont accéléré sa putréfaction.
C’est le même système qui a continué sous un autre nom, avec un autre clan de prédateurs, en moins fins dans la politique du ventre et dans la gestion patrimoniale de l’Etat.
Quand les élites technocratiques socialistes habillaient sous un vernis de la plus parfaite technocratie bureaucratique la prévarication des maigres richesses de l’économie sénégalaise, le clan wadiste, mal formé, avec une absence totale de « culture administrative » et de compétence utilise la méthode de l’informel.
L’inculture technocratique, l’absence de scrupules, l’informalisation de la prédation se sont substituées à la culture technocratique du vol et du détournement des deniers publics.
L’alternance s’est jouée des espoirs placés en elle par la faute d’un clan cupide.
Et dans cette décennie, se sont aussi révélées les ressources morales, d’un peuple qui s’est emparé des principes de la démocratie, pour élargir son espace de liberté et se préparer à l’après Wade.
Tout le monde le sent, c’est la fin d’une génération d’élite politique et administrative, celle des compagnons des combats pré et post indépendance, qui entraîne avec elle, celle des années 68 et 70. Evidemment cela se fait dans le tintamarre du débat et des invectives.
La nouvelle génération qui tente de s’engouffrer dans ce nouvel espace revendique sa place dans la République.
Il est donc du devoir des républicains de l’aider à la trouver au travers des valeurs et des principes universels qui sont ceux de la République.
Les sénégalais aspirent à un Etat de droit
Au travers de la proclamation de la primauté de l’Etat de droit, où s'applique effectivement un droit et non pas l'arbitraire d'un dirigeant ou l'anarchie.
En réponse à la question, l'Etat de droit au Sénégal est-il plus une réalité qu'une fiction? Les citoyens répondent assurément que c’est une fiction.
Un Etat de droit, où l'Etat se doit de veiller à ce que chaque personne physique ou morale soit à égalité devant la loi, qu'il s'agisse de défendre ou faire valoir ses droits, de contester une décision.
Un Etat qui respecte le principe de séparation des pouvoirs (et d'équilibre entre eux) : contrôle direct de l'exécutif par le législatif ; liberté de la presse ; Justice indépendante, contradictoire, impartiale, effective, qui instruit, prononce et fait exécuter ses décisions dans des délais raisonnables.
C'est l'ensemble de ces critères qui doivent être réunis pour que l'on puisse parler d'Etat de droit.
La majorité des citoyens sénégalais ordinaires, le disent tous les jours. L’absence d’Etat de droit nuit tout particulièrement aux classes populaires urbaines et rurales qui ne jouissent ni des passe-droits des élites, d'en haut, ni des passe-droits de ceux qui à la marge s’arrangent avec les règles collectives.
La Justice doit constituer l'un des piliers du pacte citoyen et républicain de notre pays. Son impartialité, sa capacité à assurer un équilibre entre prévention, sanction, réparation et protection des libertés individuelles doit être au cœur du bon fonctionnement de la société.
Elle doit être un rempart qui protège les personnes, garantit les règles du vivre ensemble, les droits et donc les devoirs de chacun, les conditions d'une société apaisée.
L'égalité devant la Loi doit être au cœur même de l'idée de justice et ce principe d'égalité est l'un des fondements de notre société démocratique.
L’indépendance de la justice en est la condition impérative.
La justice est un service public dont l'importance, aux yeux de nos concitoyens, n’est pas toujours mesurée alors que le droit envahit désormais tous les interstices de la vie sociale.
Instaurer l'Etat de droit et donner aux sénégalais des raisons d’y croire, il y va de la santé démocratique de notre pays.
Au travers de la proclamation de l'indivisibilité de la République et l'unité du peuple sénégalais.
Le principe de l‘indivisibilité de la République, signifie, qu’elle connaît mais ne reconnaît pas tout ce qui tend à morceler, séparer, démanteler la communauté civique nationale - religion, confréries, croyances ...
Elle respecte les traditions et les cultures mais elle les soumet à la loi commune.
La République doit continuer le travail de construction de notre nation, composée de citoyens non de communautés. Les individus ont leurs particularités, mais pas les citoyens.
La République indivisible est donc unitaire.
Nous avons hérité de la colonisation française et de notre propre histoire nationale, une culture centraliste et non fédéraliste.
L’unité républicaine n’exclut pas, bien sûr, la diversité. L’unité de notre nation s’est faite et se fait encore dans la confrontation, l’alliance ou parfois la discorde de ses composantes. Elle s’est réalisée à travers l’intégration des citoyens, intégration rendue précisément possible par cette indivisibilité qui reconnaît la seule citoyenneté.
Les citoyens sénégalais aspirent à la neutralité de l’Etat
L’affirmation de la neutralité de l’Etat appelée ailleurs laïcité, face à toutes les communautés culturelles et religieuses doit aussi accompagner l’émergence de cette nouvelle génération.
La laïcité peut être définie simplement par la séparation de l'État et de la religion (toutes croyances confondues). C’est un principe qui garantit la liberté de conscience et de culte, qui assure l'égalité de droits entre toutes les croyances.
La mise en œuvre de ce principe poserait moins de problèmes que son inscription dans le marbre au Sénégal. La meilleure définition est celle que propose le Dr Mahmoud Hazab, conseiller auprès du Cheikh Ahmed al-Tayeb, imam d’al-Azhar, dans la charte de onze articles à l’élaboration de laquelle l’institut a participé qui dit, parlant de l’Etat qui devra être issu de la révolution. « Nous ne sommes ni un État religieux ni un État militaire. Nous souhaitons que la Constitution se fonde sur la citoyenneté. »
Des pratiques laïques sont observables dans notre pays depuis des lustres, pratiques religieuses laissée à la discrétion de la personne, liberté d'affichage ostentatoire d'appartenance religieuse, les jeûneurs et non-jeûneurs de Ramadan se côtoient dans la même famille, des amis pratiquants et non pratiquants se souhaitent bonne fête le jour de l'Aïd, le mariage civil et le mariage religieux coexistent, le planning familial est entré dans les mœurs et fait moins débat, la monogamie se généralise dans la jeune génération urbaine instruite.
Son exercice est facilité tous les jours par l’existence, de croyances, d’appartenance religieuse ou confrérique différentes dans une même famille et entre ses différents membres.
Il revient à l’Etat d’en assurer le respect.
Plusieurs pays ont adopté la laïcité en tant que principe qui figure dans leurs constitutions, comme la France, l’Inde, la Turquie, le Japon, le Brésil ou les Etats-Unis.
Beaucoup d’entre eux financent l’exercice des cultes.
Il n’est pas inimaginable que notre pays se dote d’un budget des cultes. Cela aurait le mérite de s’accorder sur le principe de l’égalité de traitement de tous les cultes, toutes les confréries et de rendre complètement transparent les financements publics qui leur sont accordés.
Ils seraient inscrits chaque année dans la loi des finances par l’assemblée nationale et exécutés sous son contrôle, comme tout le budget de la nation.
L'égalité, le progrès social, la fraternité et la solidarité sont des irremplaçables de la République.
Une société plus juste est une société qui permet l’accès à l’égalité des chances à chacun de ses membres. S’il est des inégalités qui tiennent à la nature humaine, il en est, injustifiées, qui tiennent à la société.
La réduction de ces inégalités constitue une exigence aussi bien morale que politique.
Il faut refuser la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, celles s’appuyant sur une origine sociale ou ethnique.
Refuser les inégalités héritées.
Refuser l’idée d’inégalités dont on ne pourrait pas sortir.
Se battre pour que soit donnée à chacun la possibilité, quelle que soit son origine, sa situation, de s’insérer dans la vie sociale ou professionnelle, d’accéder aux biens collectifs – éducation, culture, emploi, santé, sécurité – et de pouvoir en tirer un profit comparable.
Vouloir l’égalité dans les opportunités offertes à chacun, d’utiliser au mieux sa capacité d’autonomie, ses talents et sa volonté.
La justice sociale, comme la cohésion sociale se bâtissent sur l’exigence de solidarité qui doit être conçue à la fois comme un tremplin pour ceux qui peuvent agir et prendre leur responsabilité, un filet de sécurité pour ceux qui connaissent l’échec et doivent se voir accorder une nouvelle chance, comme un bouclier enfin pour ceux qui n’ont pas ou plus les moyens d’agir et qui doivent recevoir de quoi leur permettre de vivre dignement. Elle doit empêcher la précarité et permettre la cohésion sociale de notre nation.
Pour s’exprimer dans le respect de la dignité de l’individu, la solidarité doit être ciblée, adaptée à chaque situation, et ne pas se transformer en assistanat par une distribution uniforme d’aides, qui découragent ceux qui travaillent, et tendent à maintenir ceux qui en bénéficient dans une situation de dépendance.
La solidarité doit s’exprimer à différents niveaux : solidarité entre les territoires sénégalais, dans les campagnes et au sein des villes ; solidarité familiales et entre les générations.
L’intervention de l'État est le pilier d’une politique solidaire. C’est sur cette base que les républicains doivent faire une place à la nouvelle génération dans l’espace public.
Dans notre pays, c’est l’Etat qui contribue à construire la nation sénégalaise, dans ses espaces et ses territoires. Il ne faut jamais perdre de vue ce paramètre essentiel pour les républicains. Toute politique qui décrédibilise son intervention sape les fondements de notre Etat-nation.
Alors le pire n’étant jamais sûr, je pense que lorsqu’un problème est clairement et judicieusement posé, on trouve toujours des hommes et des femmes capables de le résoudre.
Les hommes et les femmes candidats de l’opposition ne doivent plus avoir qu’une seule et unique, préoccupation, mobiliser, encore mobiliser les citoyens sénégalais pour battre Wade, sa clique et ses bandes et sa famille dans les urnes le 26 février. Plus rien ne doit les distraire. La jeunesse et le peuple sénégalais le valent.
Babacar FALL
Mail et fil twitter
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@Bfbac
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