A propos de la justice des hommes (Amadou Fall)


A propos de la justice des hommes (Amadou Fall)
« A Malick Noel Seck
Ceux qui choisissent de souffrir pour les autres, grandissent et font grandir les autres.
Souffre, meurs en martyr s’il le faut mais ne te plains jamais. »
Je ne suis ni juriste ni magistrat mais s’il m’était donné l’occasion de dire le droit et ou de rendre la justice au nom de mon Peuple, je aurai fait – l’un comme l’autre - en toute équité. Cela veut dire tout simplement que je ferai en sorte que chaque citoyen de mon pays se retrouve convenablement sur le contenu des copies que je leur rende à chaque opportunité.
Je sais que notre cousin Ivoirien Paul Yao Ndré est un constitutionnaliste reconnu car il en aurait appris la matière - et peut-être même plus - là où les nôtres l’ont fait. Mais cela ne l’a pas empêché de mettre la RCI en feu pour les simples beaux yeux d’un Gbagbo au pinacle de la déchéance. Il s’est allié à Gbagbo au détriment de la Démocratie, de son Peuple, de sa Nation et de la République parce que personne ne l’aurait alerté au moment opportun du danger guettant obstinément les siens.
Je sais aussi que les Institutions ne sont en réalité que ce qu’en font les hommes chargés de les animer. Elles ne sont fiables et viables que si les hommes qui les incarnent ont les mains propres mais surtout les mains libres. Je veux dire par là qu’un corrompu, qu’un talé, qu’un assujetti ou un parachuté ne saurait diriger qu’une Institution gauche et décriée. En effet une impression n’est pas une certitude ; elle ne doit surtout pas en avoir le poids mais de nombreuses impressions qui se recoupent trop souvent nourrissent et fondent les certitudes. En termes plus clairs, autant les hommes chargés de nous administrer la justice donnent l’impression d’être inféodés aux tenants du pouvoir, autant le Peuple se détourne de cette même justice des hommes en lui retirant inévitablement sa confiance.
Je suis aussi de la secte des réalistes de ce pays qui pensent effectivement que notre pirogue nationale tangue dangereusement de plus en plus et puis pire encore, s’approche imprudemment chaque jour un peu plus des tourbillons inhérents aux eaux troubles dues à la confrontation civile et au chaos général. Parce que justement le Peuple dans sa quasi-totalité ne se retrouve point dans ses Institutions que conduisent à son goût des hommes auxquels il n’accorde que très peu sa confiance. Et c’est là où réside le gros du problème Sénégalais à quelques encablures des présidentielles de 2012 ; les élections de tous les dangers.
Je sais aussi que tout le Peuple attend le Conseil Constitutionnel sur la validité ou non de la candidature de Wade. Pour ma part, comme pour tous les républicains de ce Pays, il n’y a même pas débat : Wade est hors jeu. En recherchant avec ses ouailles coûte que coûte le mandat de trop, il met le Peuple entier sous pression et pousse ainsi inexorablement les uns et les autres à la faute et aux maladresses. C’est dans cette optique, c’est sous cet angle que nous allons lire la peccadille qui vaut aujourd’hui à Noel Seck une condamnation de deux ans de prison.
Je sais aussi que le jeune Noel Seck n’a été que le porte-parole, le porte- étendard de tous les défenseurs de notre Constitution. Il est aujourd’hui puni pour l’avoir malhabilement été. Un pouvoir despotique aux abois ne laisse jamais passer la moindre occasion de faire peur, de museler ou de bâillonner les moindres contestataires. C’est ce que les enseignants de tous les pays appellent la « Pédagogie par l’exemple ».
Je suis de ceux qui pensent que la justice n’est pas simplement une somme de châtiments. Les lois ne sont pas uniquement faites pour brimer, pour mater les citoyens. Assurément non ! Autrement, elles (ces lois) seraient plus criminelles que les forfaits qu’elles essaient de juguler, d’asphyxier. La justice doit effectivement se lire et se dire à l’échelle humaine ; elle ne peut être un objet-bourreau, un instrument de torture pour ceux qui ont la « malchance de penser, de dire ou de faire » autrement que les plus forts. Quand les citoyens ont le sentiment que la Justice, leur justice leur échappe pour s’allier au plus offrant (ici le plus puissant car planant au dessus des rouages de l’Etat), ils s’en offusquent d’abord, ensuite se braquent contre elle et enfin ils ne lui accordent plus ni leur confiance ni leur respect. Ce qui est légitime du reste car le Peuple est au dessus de Tout.
Il ne peut y avoir une justice à plusieurs vitesses pour un même Peuple car elle est dite – la justice – au nom de ce même Peuple. Nous savons tous que les criminels, nos criminels sont ailleurs et qu’ils vivent en nabab en nous narguant en toute impunité. Le dire, ce n’est pas manquer de respect au Procureur de la République ! Ce sont les précédents hors du commun et que l’on voit impunis ou peu punis qui nous le font dire : c’est comme si notre Procureur de la République ne s’autosaisisse que de ce que – en haut lieu - l’on a voulu qu’il s’autosaisisse. Le saccageur des journaux comme l’AS n’a jamais été inquiété, les prédateurs de nos deniers publics vaguent à leur occupation sans gène aucune, le pyromane des tribunes du meeting du PS à Thiès s’en tire avec une peine légère parce que l’on a senti qu’il fallait lui épargner la cour d’assises comme il se devait, le présumé assassin de Malick Ba de Sangalkam est comme protégé contre les rigueurs de la loi, les meurtriers de Maître Babacar Séye sont libres comme le vent et leurs commanditaires « bunkerisés » par une loi d’amnistie etc..
Dire que les citoyens de ce pays sont inégalement traités devant la justice ne signifie pas que l’on manque de respect à nos magistrats. « Dëgg kaani la, kumu dugg say gët nga toxognu » dit le Wolof. Les citoyens que nous sommes sont dans le regret de constater que les peines ne tombent que sur ceux qui sont en dehors du patri au pouvoir et de ses alliés ou sur les journalistes pour lesquels la DIC est d’une promptitude suspecte.
Les hommes de droit parle de récidiviste lorsqu’un présumé coupable présente des précédents, plusieurs précédents presque similaires. Alors on lui propose une sanction plus sévère parce qu’il ne peut aucunement prétendre à des circonstances atténuantes liées à la confiance du juge. De la même manière le Peuple ne peut accorder sa totale confiance aux Hommes de droit qui ont des précédents, beaucoup de précédents qui ont milité à son désavantage. Le traitement fait des listes forcloses de Ndindy et de Ndoulo et du cas de Mbane lors des dernières locales ne plaident point en faveur de certains magistrats, particulièrement de celui qui dirige actuellement le Conseil Constitutionnel. L es décisions rendues en son temps, avaient heurté plus d’un parmi les citoyens et elles constituent de fait un lourd tribut à assumer pour ce magistrat.
Il est vrai que chaque citoyen doit le respect aux Institutions et aux hommes qui les incarnent. Mais je vous dis aussi que le Président Wade n’est pas au dessus des lois car – comparativement aux autres citoyens - il a plus de devoirs que de droits. Il s’est permis de douter d’un arrêt du conseil Constitutionnel et par écrit s’il vous plaît sans que cela n’émeuve qui de droit. Il s’est permis de nous dire que Seul Dieu pouvait l’empêcher de briguer un troisième manda t : ceci constitue soit une menace, soit un désaveu pour le Conseil Constitutionnel. A ma connaissance personne ne s’est braquer pour que « force reste à la loi ».
Wade a beaucoup souffert entre 1988 et 1993 de certains magistrats carriéristes. Aujourd’hui l’histoire les a rattrapées ! Le traqué d’hier est aujourd’hui le faiseur de roi. Tous avaient accouru dés les premières heures de l’alternance pour faire acte d’allégeance et pour faire leur mea culpa ! Qu’il est bon pour un despote de tenir entre ses mains des pantins repentis !

Amadou Fall Enseignant à GUINGUINEO
TEL : 775457544/766887279
Zemaria64@yahoo.fr/zemazia64@hotmail.fr




Lundi 24 Octobre 2011
amadou fall




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