Soupçons de blanchiment : Qui protège Amsa, Nsia et Decameron ?

Amsa, Nsia et Decameron ont une chose en commun : un rapport meurtrier de Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) qui dort dans les tiroirs.


Soupçons de blanchiment : Qui protège Amsa, Nsia et Decameron ?
Qui protège Amsa Asssurance, la Nouvelle société interafricaine d’assurance (Nsia) et le groupe Decameron qui exploite l’hôtel Baobab de Saly ?
On l’ignore, mais une chose est certaine : ces trois sociétés ont de la baraka. Du moins... Amsa, Nsia et Decamroun ont été formellement mis en cause par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) pour des soupçons de blanchiment de capitaux sur d’énormes montants. Mais ces trois structures n’ont jamais été inquiétées. Au contraire!
Et pourtant, selon Libération, dans son rapport transmis à la Justice, la Centif accable Amsa dans un «faux placement pour dissimuler des fonds d’origine illicite» détournés par des anciens dirigeants de l’Agence de régulation des postes et des télécommunications (Artp). L’examen de la fiche technique relative à une police dite retraite complémentaire à prime unique d’un montant de 06 milliards F Cfa au taux de trois virgule cinq pourcent (3,5%), pour une durée de cinq (05) ans a établi un énorme scandale financier.
La Centif a noté que «l’assurance est intitulée assurance retraite complémentaire, alors qu’elle ne comporte aucun... assuré désigné. C’est à dire une assurance de personne sans... personne », ensuite, «le montant – 06 milliards de F Cfa – est curieusement exceptionnel pour ce type de contrat.» Dénonçant un contrat sans intérêt économique, la Centif a noté «qu’un intermédiaire est intervenu dans l’affaire pour empocher des commissions d’un montant de cent soixante quatorze millions (174.000.000) de francs Cfa, déduites du montant proposé au placement», selon le rapport. Et on n’en a pas fini avec l’innommable dans cette affaire, car les dirigeants de la Sar, à l’époque des faits, ont accepté «un placement à un taux de 3,5%, plafond autorisé par la réglementation des assurances, en lieu et place d’un taux moyen de 06%, plus rémunérateur, accordé par le marché financier à la compagnie d’assurance vie.»
Malgré tout, la lumière ne sera jamais faite sur cette transaction suspecte même si elle a été encore mise en cause par la Cour des comptes et la Cima.
Quant à la Nsia, elle est au cœur d’une né- buleuse de 300 millions de Fcfa. Des fonds que l’Artp lui a viré sans fondement avant qu’elle ne les retourne quelques mois plus tard au nom d’une «prime automobile» entourée de la plus grande opacité.
Que dire du groupe Decameron ? Pour ce cas, le Français Accor, qui possédait ce qui est devenu aujourd’hui l’hôtel Baobab Somone avait cédé 50.000 de ses actions à une société basée en Amérique latine. Le même jour, cette dernière... revendait la moitié desdites actions au prix d’achat à Decameron, basée elle aussi en Amérique latine.
Cette transaction, sans justification et dans un délai très court, avait amené la Centif à déclencher une enquête. Des investigations menées par la Centif avec l’appui de ses correspondants à l’étranger ont fait ressortir plusieurs indices tendant à faire croire à un blanchiment présumé de capitaux.
Tout d’abord, il y a la substitution de tiers aux parties contractantes. Ensuite, les valeurs d’acquisition des 50.000 actions (715.581.073 F Cfa) et celles relatives à la revente des 25.000 actions au prix unitaire de 14310 F Cfa (357.750.000 F Cfa) qui ne correspondent pas aux montants transférés au titre desdits règlements (897.000.000 F Cfa de New York à Dakar et 876.000.005 F Cfa de Dakar à Paris en passant par Londres, Dublin).
La Centif avait conclu que «les opérations d’achat et de revente sont inutilement complexes avec une multitude d’intervenants sans liens apparents.» Et des personnes formellement identifiées comme «intervenants» dans cette affaire ont été mises en cause par la Centif qui a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de capitaux. La Section Recherches, à qui le rapport avait été transmis, a fait un travail remarquable sur lequel nous reviendrons amplement...
Lundi 24 Août 2015




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