Depuis l'arrivée de Louise Mushikiwabo à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), trois élections présidentielles ont eu lieu dans l'espace francophone, notamment à Madagascar, en République démocratique du Congo (RDC) et au Sénégal. Comme il est de coutume dans cette organisation, après la confirmation des résultats par la haute Cour du pays, le Secrétaire général de la Francophonie adresse ses chaleureuses félicitations au nouveau Président élu.
La nouvelle Secrétaire générale n'a pas dérogé à la tradition, mais l'impression que l'on a à la lecture de communiqués, c'est que la sélectivité et la politique de deux poids, deux mesures l’emportent sur la neutralité.
À Madagascar, le candidat malheureux Marc Ravalomanana n’avait pas attendu le décompte final pour crier à la fraude massive. Il avait même affirmé que « les résultats annoncés par la CENI n’étaient pas fiables [...] tous les Malgaches qui sentaient avoir subi une injustice et une violation de leur droit et de leur vote, à se lever et oser défendre leur choix ». Mais après la confirmation par la haute Cour constitutionnelle du pays, l'OIF a émis un communiqué de presse, disponible sur le site Internet de l'Organisation, dans lequel on peut lire : « La Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Louise Mushikiwabo, prenant acte de la proclamation par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le 8 janvier 2019, des résultats définitifs de l’élection présidentielle à Madagascar, adresse ses vives félicitations à M. Andry Nirina Rajoelina pour sa brillante élection." »
Au Sénégal mêmement, les opposants Idrissa Seck et Ousmane Sonko n'avaient pas manqué de crier à la fraude, même s'ils n'avaient pas déposé leur requête pour contester les résultats. Mais après la proclamation par le Conseil constitutionnel, un communiqué de presse a été publié par l'OIF, on pouvait lire : « La Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Louise Mushikiwabo, a suivi avec la plus grande attention la proclamation par le Conseil constitutionnel, le 5 mars 2019, des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 février 2019 au Sénégal. Elle saisit cette occasion pour adresser, en son nom personnel et au nom de l’ensemble de la Francophonie, ses vives et sincères félicitations à S.E. Monsieur Macky Sall pour sa réélection à la présidence de la République du Sénégal ».
En RDC, par contre, deux communiqués ont été émis successivement, le premier, tout juste après la publication des résultats provisoires : « Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, prend note de la publication, le 10 janvier 2019, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), des résultats provisoires de l’élection présidentielle ainsi que des provinciales en République démocratique du Congo [...] La Secrétaire générale souligne le caractère déterminant de l’élection présidentielle, des législatives nationales et des provinciales en cours pour la paix, la stabilité et le développement de la RDC, et par-delà, de la sous-région [...] Madame Louise Mushikiwabo appelle les acteurs politiques et de la société civile, ainsi que la population à contribuer à maintenir un climat apaisé et à privilégier en toutes circonstances le dialogue et l’intérêt supérieur du peuple congolais dans l’attente de la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle... ».
Le deuxième communiqué, à la veille de la confirmation des résultats finaux par la Cour constitutionnelle, on pouvait lire : « Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, suit avec la plus grande attention l’évolution de la situation en République Démocratique du Congo. Elle salue à cet égard l’importante initiative africaine qui s’est traduite par la réunion consultative de haut niveau à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019, d’une délégation de chefs d’État et de gouvernement et le Président de la Commission de l’Union africaine sur la situation dans ce pays. La Secrétaire générale exprime le soutien de la Francophonie à cette initiative africaine et encourage tous les acteurs congolais à s’inscrire dans cette dynamique visant à contribuer à une issue consensuelle, juste et apaisée du processus électoral en cours ».
Dans un tweet daté du 18 janvier, Mme Mushikiwabo écrit : « La Francophonie soutient fortement les conclusions de la réunion de haut niveau sur la RDC, des Chefs d'État et de Gouvernement de la SADC, de la CIRGL et des pays africains siégeant au Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui s'est tenue hier à Addis-Abeba ».
Mais depuis la confirmation de la victoire de Félix Tshisekedi par la Cour constitutionnelle, c'est un silence radio du côté de l'OIF, alors que cette élection a été bien accueillie par la population congolaise ainsi que la communauté internationale. Nous avons consulté à maintes reprises le site Internet de l'OIF, pas un seul mot à ce propos.
Espérons qu'à la 106e session du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) prévue le 26 mars prochain à Paris, la représentante personnelle du chef de l’État, l'Ambassadrice Isabel Machik Ruth Tshombe, ne manquera pas de rappeler à la Secrétaire générale que la RDC est le deuxième pays francophone du monde et, Kinshasa sa capitale, la plus grande ville francophone. De plus, combien les Congolais sont attachés à la langue française et à ce que l'OIF conserve toute sa pertinence en adoptant une posture neutre.
J'espère me tromper, mais en tout cas, je suis de ceux qui pensent que Mme Mushikiwabo ferait mieux d'ôter complètement ses casquettes antérieures et de revêtir pleinement sa nouvelle casquette de Secrétaire générale de la Francophonie, au service de tous les États membres. Elle devrait mettre l'OIF à l'abri de la sélectivité et de la pratique du deux poids, deux mesures, qui risque de saper la confiance du public francophone à l'égard de l'Organisation.
Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue
La nouvelle Secrétaire générale n'a pas dérogé à la tradition, mais l'impression que l'on a à la lecture de communiqués, c'est que la sélectivité et la politique de deux poids, deux mesures l’emportent sur la neutralité.
À Madagascar, le candidat malheureux Marc Ravalomanana n’avait pas attendu le décompte final pour crier à la fraude massive. Il avait même affirmé que « les résultats annoncés par la CENI n’étaient pas fiables [...] tous les Malgaches qui sentaient avoir subi une injustice et une violation de leur droit et de leur vote, à se lever et oser défendre leur choix ». Mais après la confirmation par la haute Cour constitutionnelle du pays, l'OIF a émis un communiqué de presse, disponible sur le site Internet de l'Organisation, dans lequel on peut lire : « La Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Louise Mushikiwabo, prenant acte de la proclamation par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le 8 janvier 2019, des résultats définitifs de l’élection présidentielle à Madagascar, adresse ses vives félicitations à M. Andry Nirina Rajoelina pour sa brillante élection." »
Au Sénégal mêmement, les opposants Idrissa Seck et Ousmane Sonko n'avaient pas manqué de crier à la fraude, même s'ils n'avaient pas déposé leur requête pour contester les résultats. Mais après la proclamation par le Conseil constitutionnel, un communiqué de presse a été publié par l'OIF, on pouvait lire : « La Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Louise Mushikiwabo, a suivi avec la plus grande attention la proclamation par le Conseil constitutionnel, le 5 mars 2019, des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 février 2019 au Sénégal. Elle saisit cette occasion pour adresser, en son nom personnel et au nom de l’ensemble de la Francophonie, ses vives et sincères félicitations à S.E. Monsieur Macky Sall pour sa réélection à la présidence de la République du Sénégal ».
En RDC, par contre, deux communiqués ont été émis successivement, le premier, tout juste après la publication des résultats provisoires : « Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, prend note de la publication, le 10 janvier 2019, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), des résultats provisoires de l’élection présidentielle ainsi que des provinciales en République démocratique du Congo [...] La Secrétaire générale souligne le caractère déterminant de l’élection présidentielle, des législatives nationales et des provinciales en cours pour la paix, la stabilité et le développement de la RDC, et par-delà, de la sous-région [...] Madame Louise Mushikiwabo appelle les acteurs politiques et de la société civile, ainsi que la population à contribuer à maintenir un climat apaisé et à privilégier en toutes circonstances le dialogue et l’intérêt supérieur du peuple congolais dans l’attente de la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle... ».
Le deuxième communiqué, à la veille de la confirmation des résultats finaux par la Cour constitutionnelle, on pouvait lire : « Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, suit avec la plus grande attention l’évolution de la situation en République Démocratique du Congo. Elle salue à cet égard l’importante initiative africaine qui s’est traduite par la réunion consultative de haut niveau à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019, d’une délégation de chefs d’État et de gouvernement et le Président de la Commission de l’Union africaine sur la situation dans ce pays. La Secrétaire générale exprime le soutien de la Francophonie à cette initiative africaine et encourage tous les acteurs congolais à s’inscrire dans cette dynamique visant à contribuer à une issue consensuelle, juste et apaisée du processus électoral en cours ».
Dans un tweet daté du 18 janvier, Mme Mushikiwabo écrit : « La Francophonie soutient fortement les conclusions de la réunion de haut niveau sur la RDC, des Chefs d'État et de Gouvernement de la SADC, de la CIRGL et des pays africains siégeant au Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui s'est tenue hier à Addis-Abeba ».
Mais depuis la confirmation de la victoire de Félix Tshisekedi par la Cour constitutionnelle, c'est un silence radio du côté de l'OIF, alors que cette élection a été bien accueillie par la population congolaise ainsi que la communauté internationale. Nous avons consulté à maintes reprises le site Internet de l'OIF, pas un seul mot à ce propos.
Espérons qu'à la 106e session du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) prévue le 26 mars prochain à Paris, la représentante personnelle du chef de l’État, l'Ambassadrice Isabel Machik Ruth Tshombe, ne manquera pas de rappeler à la Secrétaire générale que la RDC est le deuxième pays francophone du monde et, Kinshasa sa capitale, la plus grande ville francophone. De plus, combien les Congolais sont attachés à la langue française et à ce que l'OIF conserve toute sa pertinence en adoptant une posture neutre.
J'espère me tromper, mais en tout cas, je suis de ceux qui pensent que Mme Mushikiwabo ferait mieux d'ôter complètement ses casquettes antérieures et de revêtir pleinement sa nouvelle casquette de Secrétaire générale de la Francophonie, au service de tous les États membres. Elle devrait mettre l'OIF à l'abri de la sélectivité et de la pratique du deux poids, deux mesures, qui risque de saper la confiance du public francophone à l'égard de l'Organisation.
Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue
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