Mandats d'arrêt de la CPI contre Netanyahu, son ex-ministre de la Défense et un chef du Hamas


Mandats d'arrêt de la CPI contre Netanyahu, son ex-ministre de la Défense et un chef du Hamas
La Cour pénale internationale (CPI) a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

M. Netanyahu a aussitôt qualifié d'"antisémite" la décision de la juridiction. "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la (CPI)" dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute un communiqué diffusé par son bureau.

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a-t-il déclaré.

L'ambassadeur adjoint de Palestine à l'ONU, Majeb Banya, a réagi sur X, en faisant valoir que "Dreyfus, lui, était innocent !" "On détourner l’histoire de manière honteuse pour justifier les crimes", a-t-il écrit.

Ce mandat d'arrêt limite théoriquement les déplacements des deux hommes, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de les arrêter s'ils entraient sur leur territoire.

Le procureur de la CPI Karim Khan a exhorté les Etats parties à "se conformer" aux mandats d'arrêt émis.

"Les Etats-Unis rejettent catégoriquement la décision de la Cour d'émettre des mandats d'arrêt contre de hauts responsables israéliens", a réagi un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

"Nous restons profondément préoccupés par l'empressement du procureur à réclamer des mandats d'arrêt et par les erreurs troublantes dans le processus qui ont mené à cette décision", a-t-il ajouté dans une réaction transmise à l'AFP, en répétant que selon Washington, "la CPI n'était pas compétente juridiquement dans cette affaire".

A l'inverse, l'Italie, par la voix de son ministre de la Défense Guido Crosetto, s'est dite dans l'obligation d'arrêter le Premier ministre israélien ou son ancien ministre en cas de visite dans le pays, en vertu de ses engagements internationaux.

De leur côté, l'Autorité palestinienne et le Hamas ont salué les mandats d'arrêt contre les deux dirigeants israéliens, sans faire la moindre allusion au mandat émis simultanément par la Cour contre le chef de la branche armée du mouvement islamiste.

La CPI a émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", selon un communiqué.

Dans un autre communiqué, la CPI a annoncé avoir émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Ce mandat d'arrêt "est extrêmement important. Cela signifie que la voix des victimes est entendue", a déclaré Yael Vias Gvirsman, qui représente les familles de 300 victimes israéliennes de l'attaque du Hamas du 7 octobre.

Selon Israël, Mohammed Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, mais le Hamas nie sa mort.

Un mandat d'arrêt a tout de même été émis à son encontre car le procureur de la CPI n'a pas été en mesure de déterminer si Deif était mort, a précisé la juridiction.


- "pénalement responsables" -

La CPI a déclaré avoir trouvé des "motifs raisonnables" de croire que MM. Netanyahu et Gallant étaient "pénalement responsables" du crime de guerre de famine comme méthode de guerre, ainsi que des crimes contre l'humanité de meurtre, de persécution et d'autres actes inhumains.

Les deux hommes, selon la CPI, "sont pénalement responsables en tant que supérieurs civils du crime de guerre consistant à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile".

Ils "ont intentionnellement et sciemment privé la population civile de Gaza de choses indispensables à sa survie", notamment de nourriture, d'eau, de médicaments, de carburant et d'électricité, a ajouté la cour.

Cette situation a "créé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population civile de Gaza", a expliqué la CPI, ajoutant qu'elle avait entraîné la mort de civils, y compris d'enfants.

"Sur la base des éléments présentés par l'accusation couvrant la période allant jusqu'au 20 mai 2024, la chambre n'a pas pu déterminer que tous les éléments du crime contre l'humanité d'extermination étaient réunis", a précisé la CPI.

Les mandats d'arrêt émis par la CPI sont "sans précédent, justifiés et tardifs", a estimé Reed Brody, avocat spécialisé dans les crimes de guerre.


- Consternation ou scepticisme -

En Israël, l'annonce de l'émission de ces mandats d'arrêt a provoqué la consternation parmi les habitants et un certain scepticisme teinté de fatalisme parmi la population à Gaza.

"Peu importe le nombre de mandats d'arrêt qu'ils émettent, il n'y a pas de justice là-dedans", a lancé Moshe Cohen, un habitant de Beersheva, dans le sud du pays.

Dans le centre de Gaza, Hasan Hasan, un déplacé palestinien, se dit convaincu que "la décision ne sera pas appliquée car aucune décision en faveur de la cause palestinienne n'a jamais été appliquée".

L'offensive militaire israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts chez les Palestiniens, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne font pas de distinction entre civils et combattants.

Elle a suivi l'attaque sans précédent de commandos du Hamas en territoire israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
Jeudi 21 Novembre 2024



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