L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a reçu de nouvelles informations et vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Sénégal.
Nouvelles informations :
L'Observatoire a été informé de propos diffamatoires et hostiles à l'encontre de M. Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) à Dakar, ainsi qu'à l'encontre de la RADDHO.
Selon les informations reçues, le 10 octobre 2011, le Président de la République aurait formulé de fausses accusations par voie de presse dans le journal Le Pays, affirmant que M. Alioune Tine et la RADDHO appelaient "à la violence et à l'insurrection", et qu'il traduirait en justice M. Tine s'il n'arrêtait pas d'"inviter les gens à des manifestations violentes".
Lors d'une conférence de presse peu auparavant, le Président aurait également affirmé récuser la RADDHO, qu'il considérait comme un parti politique, et aurait mis en garde cette organisation contre toute tentative d'observation des élections à venir.
L'Observatoire s'inquiète de la multiplication de tels propos par les autorités sénégalaises à l'encontre de militants et d'organisations de la société civile, qui visent manifestement à entraver leurs actions pacifiques de défense des droits de l'Homme.
Ces menaces interviennent dans une contexte politique tendu au Sénégal en raison de la volonté du chef de l'Etat de se présenter à la prochaine élection présidentielle pour un troisième mandat consécutif et les tentatives de modifications constitutionnelles pour y parvenir (cf. rappel des faits).
Rappel des faits :
Le 23 juin 2011, une manifestation de grande ampleur avait forcé le président à retirer un projet de modification de la Constitution. Au cours de cette manifestation, M. Alioune Tine et M. Oumar Diallo, membre de la RADDHO et de l'Assemblée générale de l'OMCT, avaient été blessés par des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS) armés de bâtons et de pierres, lors d'un rassemblement de plusieurs organisations de la société civile devant l'Assemblée nationale afin de protester contre le projet de loi sur le "ticket présidentiel"[1]. MM. Tine et Diallo, qui avaient perdu connaissance, avaient été conduits à l'hôpital principal FR de Dakar afin d'y recevoir des soins. A ce jour, en dépit de nombreux éléments de preuve mis à la disposition de la justice permettant d'identifier sans mal les agresseurs de M. Tine, aucun progrès n'a a été réalisé dans ce dossier, ce qui laisse penser à une impunité organisée des auteurs de l'agression.
Le 22 juin 2011, plusieurs radios et chaines de télévision sénégalaises avaient par ailleurs diffusé les propos tenus à la presse par le premier ministre le 21 juin. Le Premier Ministre aurait critiqué la société civile dans son ensemble et se serait alors directement pris à M. Alioune Tine en ces termes : “il faut que M. Alioune Tine se calme. Voilà quelqu'un qui est à la tête d’une ONG depuis plus de 20 ans, sans que personne ne sache comment [elle] fonctionne (…) Il va et vient en fonction des intérêts qu'il prétend défendre”. M. Alioune Tine ferait par ailleurs l'objet de menaces pour son intégrité physique, certaines sources fiables ayant récemment été informées d'un plan de liquidation à son encontre.
Par ailleurs, le 22 juin, le premier ministre a décrit dans une interview au journal sénégalais L'Observateur les membres de la société civile comme “des gens qui ont des opinions politiques [sans avoir] le courage de participer au jeu politique", “des politiciens voilés, des hypocrites qui ont peur de s'affirmer”. Le premier ministre a également accusé les acteurs de la société civile de “s'arborer d'un manteau politique” en vue “d'empester l'air” des politiciens.
Actions requises :
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités Sénégalaise en leur demandant de :
i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de MM. Alioune Tine et Oumar Diallo, des membres de la RADDHO, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Sénégal ;
ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme au Sénégal, afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leurs activités de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;
iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :
- son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” ;
- son article 5, qui prévoit que "afin de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international: a) de se réunir et de se rassembler pacifiquement; b) de former des organisations, associations ou groupes non gouvernementaux, de s’y affilier et d’y participer” ;
- son article 6 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres: a) de détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l'information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ; b) conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales ; c) d'étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu'en pratique, de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d'appeler l'attention du public sur la question” ;
- et son article 12.2 qui prévoit que “l'État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration.”
iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Sénégal.
Nouvelles informations :
L'Observatoire a été informé de propos diffamatoires et hostiles à l'encontre de M. Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) à Dakar, ainsi qu'à l'encontre de la RADDHO.
Selon les informations reçues, le 10 octobre 2011, le Président de la République aurait formulé de fausses accusations par voie de presse dans le journal Le Pays, affirmant que M. Alioune Tine et la RADDHO appelaient "à la violence et à l'insurrection", et qu'il traduirait en justice M. Tine s'il n'arrêtait pas d'"inviter les gens à des manifestations violentes".
Lors d'une conférence de presse peu auparavant, le Président aurait également affirmé récuser la RADDHO, qu'il considérait comme un parti politique, et aurait mis en garde cette organisation contre toute tentative d'observation des élections à venir.
L'Observatoire s'inquiète de la multiplication de tels propos par les autorités sénégalaises à l'encontre de militants et d'organisations de la société civile, qui visent manifestement à entraver leurs actions pacifiques de défense des droits de l'Homme.
Ces menaces interviennent dans une contexte politique tendu au Sénégal en raison de la volonté du chef de l'Etat de se présenter à la prochaine élection présidentielle pour un troisième mandat consécutif et les tentatives de modifications constitutionnelles pour y parvenir (cf. rappel des faits).
Rappel des faits :
Le 23 juin 2011, une manifestation de grande ampleur avait forcé le président à retirer un projet de modification de la Constitution. Au cours de cette manifestation, M. Alioune Tine et M. Oumar Diallo, membre de la RADDHO et de l'Assemblée générale de l'OMCT, avaient été blessés par des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS) armés de bâtons et de pierres, lors d'un rassemblement de plusieurs organisations de la société civile devant l'Assemblée nationale afin de protester contre le projet de loi sur le "ticket présidentiel"[1]. MM. Tine et Diallo, qui avaient perdu connaissance, avaient été conduits à l'hôpital principal FR de Dakar afin d'y recevoir des soins. A ce jour, en dépit de nombreux éléments de preuve mis à la disposition de la justice permettant d'identifier sans mal les agresseurs de M. Tine, aucun progrès n'a a été réalisé dans ce dossier, ce qui laisse penser à une impunité organisée des auteurs de l'agression.
Le 22 juin 2011, plusieurs radios et chaines de télévision sénégalaises avaient par ailleurs diffusé les propos tenus à la presse par le premier ministre le 21 juin. Le Premier Ministre aurait critiqué la société civile dans son ensemble et se serait alors directement pris à M. Alioune Tine en ces termes : “il faut que M. Alioune Tine se calme. Voilà quelqu'un qui est à la tête d’une ONG depuis plus de 20 ans, sans que personne ne sache comment [elle] fonctionne (…) Il va et vient en fonction des intérêts qu'il prétend défendre”. M. Alioune Tine ferait par ailleurs l'objet de menaces pour son intégrité physique, certaines sources fiables ayant récemment été informées d'un plan de liquidation à son encontre.
Par ailleurs, le 22 juin, le premier ministre a décrit dans une interview au journal sénégalais L'Observateur les membres de la société civile comme “des gens qui ont des opinions politiques [sans avoir] le courage de participer au jeu politique", “des politiciens voilés, des hypocrites qui ont peur de s'affirmer”. Le premier ministre a également accusé les acteurs de la société civile de “s'arborer d'un manteau politique” en vue “d'empester l'air” des politiciens.
Actions requises :
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités Sénégalaise en leur demandant de :
i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de MM. Alioune Tine et Oumar Diallo, des membres de la RADDHO, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Sénégal ;
ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme au Sénégal, afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leurs activités de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;
iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :
- son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” ;
- son article 5, qui prévoit que "afin de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international: a) de se réunir et de se rassembler pacifiquement; b) de former des organisations, associations ou groupes non gouvernementaux, de s’y affilier et d’y participer” ;
- son article 6 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres: a) de détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l'information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ; b) conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales ; c) d'étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu'en pratique, de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d'appeler l'attention du public sur la question” ;
- et son article 12.2 qui prévoit que “l'État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration.”
iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Sénégal.
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