Lang Tombong Tamba sur la tentative de coup d’État contre Jammeh en 2006 : « Comment j’ai déjoué le plan de Ndure Cham »


Dans la continuité de son témoignage devant la Commission vérité, réconciliation et réparation, l’ancien Chief of the defense staff (CDS) (chef d’Etat-major des armées) gambiennes a accepté de répondre aux questions de l’avocat principal Essa Faal sur le coup d'État manqué de 2006 contre Yaya Jammeh. À l’époque, le témoin était le chef d’Etat major adjoint de l’armée. C’est son supérieur, le Colonel Ndure Cham, qui était accusé de mener le putsch contre Jammeh. 

Selon le récit de Lang Tombong Tamba, l’information selon laquelle un coup d’État se préparait contre Yaya Jammeh lui est parvenue par le biais du lieutenant Bo Badji. « J’ai fait des efforts pour rencontrer le président, en vain... », témoigne le Lieutnant général Tamba. Lorsqu’il a appris que Yaya Jammeh devait être absent du territoire pour une mission en Mauritanie, il a, par des subterfuges obtenu que sa mission au Darfour soit annulée car il n'était pas bien indiqué qu'il parte en voyage dans ce contexte. « J’ai prétexté un malaise pour que ma mission au Soudan soit annulée par le CDS Ndure Cham», confesse le lieutenant général Tamba.

Lorsqu’il a obtenu des informations supplémentaires sur les plans de Ndure Cham, il a piégé ce dernier avec un certain Mbaye Guèye. « J’ai donné à Mbaye Guèye un magnétoscope pour qu’il enregistre toute sa conversation avec le colonel Ndure Cham », se rappelle le témoin qui ajoute avoir convié chez lui à Mile 7 l’inspecteur général de police, Usman Sonko, Usman Badjie, le Colonel Serigne Modou Gueye de la State garde pour leur présenter cette preuve irréfutable. 

« Je l’ai fait parce qu’il était de mon devoir de dire ce que je savais. Sinon, je serai allé contre ce que disent les lois de ce pays », argue le témoin qui, par la même occasion dément avoir été impliqué dans la tentative de coup d’État. « Si j’étais vraiment dans le coup, je me serais proclamé président, surtout que toutes les conditions étaient réunies. Le président était en Mauritanie et les comploteurs ont été arrêtés. Le colonel Ndure Cham qui était à leur tête avait déjà fui et était hors du pays », se lave le lieutenant général Lang Tombong Tamba. « C’est moi-même qui ai donné l’assurance à l’ancien président Jammeh qu’il pouvait rentrer à Banjul en toute sécurité », poursuit-il.

Au retour de Jammeh, un panel est installé pour entendre les mis en cause. Selon le témoin, cette instance était dirigée par un certain Hydara qui était le directeur de la National intelligence Agency (NIA). Malgré les nombreuses relances de l’avocat principal sur le nombre exact des membres de ce « panel », le lieutenant général Tamba campe sur le chiffre 10.

Plusieurs témoins ont affirmé avoir fait l’objet de tortures lors de leur comparution à ce panel. Ce que dément l’ancien chef d’État général des armées. Selon le lieutenant général Tamba, ils n’auraient jamais accepté de tels comportements même s’il admet que les « jungles » étaient présentes lors des interrogatoires. « Mais ils étaient désarmés et leur rôle se limitait à transporter les prisonniers », ajoute le témoin qui dit cependant tout  ignorer de ce qui se passe après les interrogatoires.

Il faut savoir que le Lieutenant général Lang Tombong Tamba sera lui-même arrêté en 2009 après avoir été promu Chef d'État major. Comme ses prédécesseurs, il est accusé d'avoir voulu prendre la place Yaya Jammeh. Envoyé à la prison de Mile 2 où il dit n'avoir pas subi de traitements inhumains, il sera gracié par Jammeh.
Jeudi 17 Décembre 2020




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