« Pour s’assurer que le pays exploite pleinement ses potentialités à mon entrée en fonction, j’ai déjà demandé la création d’un groupe d’experts, [réunis au sein de l’] Agence pour un développement socio-économique durable (Assed, sigle en anglais) », a affirmé Adama Barrow dans un communiqué publié lundi.
L’agence, qui regroupera des experts « dans les domaines politique, civil, économique, social, culturel et environnemental » aura notamment pour mission de « formuler des plans de développement sectoriels ».
Et comme disait Alieu Secka, le patron de la chambre de commerce gambienne en avril 2016, en référence à la petite taille de l’économie gambienne, small is beautiful. Interrogé par CNBC, il estimait alors nombreux les secteurs de l’économie gambienne à offrir un potentiel certain. Les investissements dans l’immobilier − dans lequel une dizaine de sociétés se sont lancées −, la production de fruits, de légumes, en particulier les bananes, les oranges, l’arachide, ou la pastèque, le port par lequel transite une part des exportations du Mali, et évidemment le tourisme qui compte pour pour 15 à 20% du PIB et emploie 100 000 personnes.
Voilà pour l’elevator pitch du plus petit pays d’Afrique continentale, qui compte 11 285 kilomètres carrés enclavés à l’intérieur du Sénégal, à l’exception de 60 kilomètres de côte Atlantique.
Une croissance morne depuis Ebola
Mais la réalité de l’économie gambienne à laquelle Adama Barrow devrait se confronter est plus cruelle. Selon la Banque mondiale, l’activité économique ne s’est pas remise d’Ebola et a vu son PIB chuter d’un cinquième de sa valeur entre 2013 et 2016, malgré la reprise de 4,7% sur laquelle Banjul tablait pour 2015 après le 0,9% de 2014 en plein cœur de la crise sanitaire.
« Les arrivées de touristes, les chiffres du commerce, la croissance des crédits privés et de la production agricole laissent penser que la conjoncture a été dans le meilleur des cas plus atone, voire même qu’elle s’est contractée », écrivaient les économistes de la Banque mondiale en octobre 2016.
Des données dont se moque Yahya Jammeh, le très fantasque Président de la République de Gambie au pouvoir depuis 1994 qui, après avoir reconnu la victoire de son adversaire Adama Barrow à l’élection présidentielle du 1er décembre, la conteste et refuse de céder le pouvoir. « J’ai un problème avec les institutions de Bretton Woods. Ma croissance, ma prospérité économique, c’est moi qui les définis », disait-il dans une interview à Jeune Afrique en juin.
La pauvreté s’accroît
Des institutions qui ne s’en laissent pas compter et voient l’appauvrissement des quelque 2 millions de Gambiens se creuser. Ainsi, le PIB par habitant exprimé en dollars américains a-t-il chuté de 550 dollars par habitant et par an en 2010, à 373 dollars en 2016. Les conclusions d’un rapport de l’ONU sur le développement humain publié en 2013 semblent toujours d’actualité : il indiquait que 60% de la population en Gambie vit dans « une pauvreté multiforme », dont le tiers avec moins de 1,25 dollars par jour.
Ce qui pousse les Gambiens à émigrer, comme en témoigne l’exemple de la gardienne de but de l’équipe féminine nationale de football qui s’est noyée en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
Les autres sources d’inquiétudes macroéconomiques, soulevées par la banque mondiale, portent sur une surévaluation du dalasi, la monnaie nationale, et une dette en très forte croissance, supérieure à 100% du PIB, dont les intérêts captent la moitié des revenus de l’État.
Isolée, l’ex-colonie britannique voit l’aide internationale, dont elle a pourtant grandement besoin, osciller au gré des dérapages politiques de l’exécutif. En 2014, l’Union européenne renonce au versement d’une enveloppe de 13 millions d’euros après le durcissement de la politique homophobe de Jammeh. Mais, le 23 mai, la BAD a tout de même annoncé l’octroi d’un prêt de 8 millions d’euros au pays pour le développement de son secteur agricole.
D’autres dossiers chauds
Parmi les autres dossiers économiques dont l’Assed pourrait se saisir, figure la pêche — la crevette congelée étant un des produits d’exportation du pays. L’équipe Jammeh avait réalisé un important projet de développement, mais il est est loin d’avoir exploité toutes les potentialités liées au fleuve Gambie et à la côte Atlantique du pays. Idem, pour enrayer sa dangereuse dépendance vis-à-vis de l’arachide, les autorités avaient jeté leur dévolu sur le riz dont la culture a été encouragée sans que la note des importations alimentaires diminue.
Autre dossier chaud sur la table du prochain pouvoir en place à Banjul, celui de la gestion des transports avec le voisin sénégalais qui avait donné lieu à un blocus des transporteurs routiers sénégalais long de trois mois de février à mai. L’édification du pont de Farafenni sur le fleuve Gambie, censé fluidifier le passage des personnes et des biens via la Gambie a débuté en février 2015, avec la pose d’une première pierre. Mais depuis, ce vieux projet financé par la BAD reste dans les limbes.
L’agence, qui regroupera des experts « dans les domaines politique, civil, économique, social, culturel et environnemental » aura notamment pour mission de « formuler des plans de développement sectoriels ».
Et comme disait Alieu Secka, le patron de la chambre de commerce gambienne en avril 2016, en référence à la petite taille de l’économie gambienne, small is beautiful. Interrogé par CNBC, il estimait alors nombreux les secteurs de l’économie gambienne à offrir un potentiel certain. Les investissements dans l’immobilier − dans lequel une dizaine de sociétés se sont lancées −, la production de fruits, de légumes, en particulier les bananes, les oranges, l’arachide, ou la pastèque, le port par lequel transite une part des exportations du Mali, et évidemment le tourisme qui compte pour pour 15 à 20% du PIB et emploie 100 000 personnes.
Voilà pour l’elevator pitch du plus petit pays d’Afrique continentale, qui compte 11 285 kilomètres carrés enclavés à l’intérieur du Sénégal, à l’exception de 60 kilomètres de côte Atlantique.
Une croissance morne depuis Ebola
Mais la réalité de l’économie gambienne à laquelle Adama Barrow devrait se confronter est plus cruelle. Selon la Banque mondiale, l’activité économique ne s’est pas remise d’Ebola et a vu son PIB chuter d’un cinquième de sa valeur entre 2013 et 2016, malgré la reprise de 4,7% sur laquelle Banjul tablait pour 2015 après le 0,9% de 2014 en plein cœur de la crise sanitaire.
« Les arrivées de touristes, les chiffres du commerce, la croissance des crédits privés et de la production agricole laissent penser que la conjoncture a été dans le meilleur des cas plus atone, voire même qu’elle s’est contractée », écrivaient les économistes de la Banque mondiale en octobre 2016.
Des données dont se moque Yahya Jammeh, le très fantasque Président de la République de Gambie au pouvoir depuis 1994 qui, après avoir reconnu la victoire de son adversaire Adama Barrow à l’élection présidentielle du 1er décembre, la conteste et refuse de céder le pouvoir. « J’ai un problème avec les institutions de Bretton Woods. Ma croissance, ma prospérité économique, c’est moi qui les définis », disait-il dans une interview à Jeune Afrique en juin.
La pauvreté s’accroît
Des institutions qui ne s’en laissent pas compter et voient l’appauvrissement des quelque 2 millions de Gambiens se creuser. Ainsi, le PIB par habitant exprimé en dollars américains a-t-il chuté de 550 dollars par habitant et par an en 2010, à 373 dollars en 2016. Les conclusions d’un rapport de l’ONU sur le développement humain publié en 2013 semblent toujours d’actualité : il indiquait que 60% de la population en Gambie vit dans « une pauvreté multiforme », dont le tiers avec moins de 1,25 dollars par jour.
Ce qui pousse les Gambiens à émigrer, comme en témoigne l’exemple de la gardienne de but de l’équipe féminine nationale de football qui s’est noyée en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
Les autres sources d’inquiétudes macroéconomiques, soulevées par la banque mondiale, portent sur une surévaluation du dalasi, la monnaie nationale, et une dette en très forte croissance, supérieure à 100% du PIB, dont les intérêts captent la moitié des revenus de l’État.
Isolée, l’ex-colonie britannique voit l’aide internationale, dont elle a pourtant grandement besoin, osciller au gré des dérapages politiques de l’exécutif. En 2014, l’Union européenne renonce au versement d’une enveloppe de 13 millions d’euros après le durcissement de la politique homophobe de Jammeh. Mais, le 23 mai, la BAD a tout de même annoncé l’octroi d’un prêt de 8 millions d’euros au pays pour le développement de son secteur agricole.
D’autres dossiers chauds
Parmi les autres dossiers économiques dont l’Assed pourrait se saisir, figure la pêche — la crevette congelée étant un des produits d’exportation du pays. L’équipe Jammeh avait réalisé un important projet de développement, mais il est est loin d’avoir exploité toutes les potentialités liées au fleuve Gambie et à la côte Atlantique du pays. Idem, pour enrayer sa dangereuse dépendance vis-à-vis de l’arachide, les autorités avaient jeté leur dévolu sur le riz dont la culture a été encouragée sans que la note des importations alimentaires diminue.
Autre dossier chaud sur la table du prochain pouvoir en place à Banjul, celui de la gestion des transports avec le voisin sénégalais qui avait donné lieu à un blocus des transporteurs routiers sénégalais long de trois mois de février à mai. L’édification du pont de Farafenni sur le fleuve Gambie, censé fluidifier le passage des personnes et des biens via la Gambie a débuté en février 2015, avec la pose d’une première pierre. Mais depuis, ce vieux projet financé par la BAD reste dans les limbes.
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