Macky Sall a même demandé à disposer de la solution malgache. Qui continue malgré tout de susciter des interrogations sur son efficacité. Sur les 61 guéris enregistrés par Madagascar, seuls deux personnes ont été traitées avec le Covid-Organics, le reste a pris de l'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine.
Madagascar a déclaré 122 malades du coronavirus pour zéro décès. Mis en bouteille, le nouveau remède est distribué depuis mercredi sur toute l'étendue de l’Île, contre l'avis de certains médecins et de l'Organisation mondiale de la Santé. Ces réticences sont motivées par l'absence d'un essai clinique certifiant l'efficacité de la plante médicinale contre le COVID-19, à titre préventif et curatif.
Dans nos précédents articles, nous révélions que la maison de l'artémisia, une association humanitaire française, avait adressé des correspondances aux autorités sanitaires des pays où elle est présente pour lancer un essai clinique sur la tisane chinoise.
En réalité, à l'image du Sénégal et de nombreux pays africains, Madagascar faisait partie des cibles de cette étude proposée par la Maison de l'artémisia. La révélation a été faite par le Dr Jérôme Munyangi qui a en même temps revendiqué la paternité du projet. « Je suis à la base de la rédaction du protocole Covid-artémisia à Madagascar et partout sur le continent africain. C'est mon projet », a-t-il tenu à rétablir sur les antennes de l'émission « Marius chez vous » sur Internet.
Selon lui, les autorités malgaches auprès desquelles l'étude, qu'il dit avoir effectuée en sa qualité de responsable des essais cliniques, recherches médicales et scientifiques à la maison de l'artémisia, a été déposée, n'ont pas hésité à sauter sur l'occasion. Devant l'urgence, ils se sont inspirés de son protocole pour développer un remède qu'ils ont appelé Covid-Organics.
Diplômé en Médecine à l’Université de Kinshasa et titulaire d'un Master à l’Université Paris Diderot et un autre à l’Université d’Otawa, Dr Munyangi se désole que son pays n'ait pas eu le même réflexe que Madagascar. « Lorsque nous avions fini d’écrire les protocoles, nous sollicitions 4 millions d'euros en France. Après, nous nous sommes dit il faut qu'on le propose aux ministres de la Santé. Le premier qui a été contacté, c'est celui du Congo que je connais bien. Mais aucune réponse. Nous avions envoyé au Conseil scientifique, là, non plus, aucune réponse. Nous avons écrit au prix Nobel de la paix, Dr Mukwege. Il coordonne la riposte au Sud Kivu. Il a approuvé le protocole mais nous a demandé de nous rapprocher de la commission scientifique, sans résultat », regrette le jeune chercheur. Son lot de consolation, il le tire de l'écho favorable que son « protocole » a eu auprès du chef de l'exécutif malgache. « Madagascar a été visionnaire, le ministre n'a pas tardé et l'info est remontée jusqu'au président de la République qui a trouvé que le protocole était très bon. Nous lui avons dit, monsieur le président vous voulez soigner la population, voici la solution la plus simple, en curatif et en préventif », s'enflamme-t-il avant d'en venir aux détails de sa solution.
« Lorsque la crise du Covid-19 comme, comme je travaillais déjà sur cette plante (artemisia), on a comparé la tisane à une molécule qui s'appelle interféron. C'est une molécule qui est commercialisée. On a regardé les effets et le résultat était spectaculaire.
La tisane était efficace sur les coronavirus », s’enthousiasme Dr Munyangi. C'est sur la base des résultats de cette étude que la maison de l'artémisia a lancé un appel à projet pour réaliser des essais cliniques dans les pays africains.
S'épanchant sur le caractère préventif de sa solution, il prétend que la tisane bloque les récepteurs qui accueillent le virus et l’empêche d'entrer dans l'organisme. « L'artémisia contourne les systèmes de communication des cellules, à savoir les cytokines en les bloquants », renchérit-il tout en précisant que sa solution vise plus à protéger les personnes exposées, à l'image du personnel de santé qui occupe la première ligne de défense contre la pandémie.
À la question de savoir s'il a breveté son protocole, il répond par l'affirmative et se dit prêt à répondre à toute sollicitation. Dans la foulée, le jeune docteur révélera avoir reçu l'invitation spéciale du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.
Brandissant un document faisant office de laisser passer, il fait savoir qu'il devrait se rendre dans les prochaines heures en RDC. Mais ce n'est pas sans conditions. « J'ai juste demandé que ma sécurité soit assurée », exige le jeune médecin qui se rappelle les affreux épisodes qu'il a traversés dans son pays ces dernières années. Des difficultés qui sont liées à son idylle avec... l'artémisia.
Cette plante, Dr Munyangi se rappelle l'avoir connue alors qu'il venait d'obtenir son diplôme de médecine.
« J'obtiens mon diplôme, je participe à la compétition des machines génétiquement modifiées à Boston, puis je passe un concours international pour avoir la bourse du Cursis Bétancourt où les enseignements sont anglais. C'est l'un des meilleurs concours. Nous étions 16 personnes et j'étais le seul noir du groupe. Je suis venu à Paris en 2013 pour commencer mon master en Biologie synthétique. J'ai connu la plante cette année », raconte Jérôme Munyangi qui tient à faire émerger chaque détail.
L'essai clinique qui lui attirera les foudres de l’establishment sanitaire mondiale se déroule dans son pays en 2015. Il est chargé d'y conduire une étude qui vise à faire la comparaison entre les act (artémisinine) et la tisane d'artémisia. De ce qu'il a retenu de cette étude, c'est l'efficacité de la tisane d'artémisia par rapport aux ACT (artemisinine).
Mais cette vérité scientifique n'était pas du goût des médecins de la localité qui, à son avis, avaient besoin de chiffres, donc de malades de la malaria pour continuer d'encaisser l'argent des bailleurs. Ensuite, l'académie française de médecine entre dans la danse et déconseille aux gouvernements africains d'appliquer les recommandations de l'étude du jeune docteur congolais parce qu'elle ne serait pas respectueuse de toutes les normes qu'exigent ce genre de travail. Il lui est d'abord reproché d'avoir mené l'essai clinique dans un « petit village » du Congo mais aussi de ne pas avoir « standardisé » . Il en fallait plus pour intimider Dr Muyangi.
En février 2019, alors qu'il revenait d'une session de l'Union africaine à laquelle il a participé en tant que chercheur, Dr Jérome Munyangi affirme avoir été arrêté à son hôtel à Kinshasa. Gardé à vue pendant deux jours « sans savoir les motifs de son arrestation », il n'a du son salut qu'à l'intervention de la Fédération internationale de défense des Droits de l'Homme (FIDH). Sorti de cet épisode, il a compris qu'il devait quitter la République démocratique du Congo. La France est son point de chute. Le revoilà qui doit retourner au bercail en « enfant prodige » avec sa solution miracle dont Madagascar ne détient qu'une partie. « La formule la plus simple » , se gausse le chercheur qui semble avoir une revanche à prendre sur l'histoire...
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