Après que le Conseil constitutionnel ait confirmé la réélection du président Sall, il a proclamé un discours typique de réélection sans aucune surprise ni innovation. Ce qui a été le plus choquant cependant, c’est en regardant l’audience, que nous nous rendons compte pourquoi le Sénégal peine à décoller. Comment pensons-nous que des femmes et des hommes qui se déplacent dans le camp présidentiel en vue de rejoindre une zone plus favorable à leur sustentation puissent développer le Sénégal ? Le président Sall, est-il en train de ramener le parti unique au Sénégal ?
Le grand homme de l’article 3
Dérivé du mot grec Demokratia qui veut dire souveraineté du peuple, la démocratie est aussi définie comme le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le multipartisme a été instauré par le président Diouf depuis 1981 et il a été respecté par tous les présidents d’une manière relative, cependant sous le président Sall, nous sentons que l’opposition est quasi inexistante au Sénégal. Le président Sall prend souvent exemple sur le président Diouf, mais ses pratiques sont très différentes des pratiques de ce dernier. Le président Diouf savait négocier avec les opposants et il n’avait pas peur de ses opposants politiques pour les emprisonner ou les forcer à s’exiler. Le président Wade était le plus grand opposant sous l’ère Diouf et pourtant, il a participé à toutes les élections contre ce dernier. Pendant que l’opposition critiquait la limitation des partis sous le président Senghor, le président Diouf a favorisé une ouverture démocratique au Sénégal. Durant les élections de 1988, malgré toutes les crises qui s’abattaient sur le Sénégal, le président Diouf ne paniquaient pas. Des émeutes ont été constatées à Dakar avec des centaines d’arrestations, une centaine de bus détruites et des maisons de proches du pouvoir saccagées. Le couvre-feu est déclaré pour que la situation rentre dans l’ordre. Les pays à régime monopartite se moque du Sénégal avec son multipartisme, le président Diouf garde son sang-froid et cela s’est reflété sur les institutions du pays. Il a fait annuler tous les procès-verbaux qui étaient douteux et les forces de l’ordre ont maintenu l’ordre sans bavure, aucun coup de feu n’a été tiré durant ladite crise. Le Sénégal est un pays du « disso » et le président Diouf a toujours fait du « disso » avec les opposants, mais le président Sall à cause de son orgueil ne négocie pas avec les opposants. Il a utilisé le parrainage pour limiter le nombre de candidats aux élections présidentielles, mais est-ce qu’il s’est demandé pourquoi tout le monde aspire à devenir président ? Pourquoi la fonction de président de la République qui était si sacralisé sous le président Diouf a été si désacralisé sous le président Sall ?
Recul démocratique
Durant les deux alternances politiques au Sénégal, le perdant a toujours félicité le gagnant. Pourquoi les opposants ont refusé de féliciter le président Sall ? Nous pouvons les appeler de mauvais perdants si on s’en tient qu’aux élections, cependant, il faut reculer pour mieux comprendre le mécontentement des opposants face à ce pouvoir qu’ils qualifient de gangsters. Quand le président Sall avait annoncé une gouvernance sobre et vertueuse, tout le monde était content de cette rupture des douze ans du régime libéral. Nous avions célébré hâtivement. La CREI ne jugera et ne condamnera que le fils du président Wade sur les 25 personnes citées. Le pays est tenu en haleine pendant des années avec ce faux problème pour se terminer par le protocole de Doha. Un pays qui se respecte ne met pas autant de ressources pour ne traquer que 136 milliards. Il y aura ensuite le cas Khalifa Sall qui sera mis en prison pour détournement de deniers publics. La cour de la CEDEAO nous a fait savoir que le procès s’est mal tenu. Le pauvre juge Kandji a dû fonder ses décisions sur des procès-verbaux douteux. L’ancien maire de Dakar sera condamné. Il y aura enfin le parrainage qui n’était réservé qu’aux candidats indépendants. Il sera élargi pour inclure toute candidature à une élection. Ce calcul politique vers une victoire au premier tour est ce qui a fait mal aux opposants et ils sont dans leur droit.
Le Sénégal est un pays avec un électorat majoritairement rural, qui pour la plupart ne sont pas instruits. Si on entend toujours un citoyen dire de réélire un président pour qu’il termine ce qu’il a commencé, cela vous montre le niveau de l’électorat. Un pays avec une opposition affaiblie est un pays dont la démocratie est en recul. La démocratie est en recul au Sénégal et cela aura un impact négatif sur la seconde phase du PSE. Doit-on faire confiance à un président qui n’a tenu aucune de ses promesses en 2012 s’il nous dit dans sa déclaration après sa victoire au premier tour qu’il sera le président de tous les Sénégalais ? Il y a deux choix : continuer à se battre contre quelqu’un qui gagne ou qui gagne ou le laisser être président de l’APR pendant 5 ans pour reprendre notre pays et reconstruire notre démocratie et notre image. Le choix est le vôtre !
Mohamed Dia, Consultant bancaire
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