Combien de fois avons-nous injustement blâmé l’arbitre d’un match ? L’article 7 de la constitution nous dit que « tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux en droit. Il n’y a au Sénégal ni sujet, ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille. » En novembre 2018, selon le ministre de la Justice, le Sénégal comptait 10 564 détenus dont 6 106 sont condamnés et 4 458 en détention provisoire. Faisons-nous autant de bruit pour ces détenus que pour les politiciens ? Combien de fois entendons-nous dire que la justice au Sénégal est instrumentalisée ? Ces citoyens qui blâment notre dame justice, ne l’utilisent-ils pas en cas de besoin ?
Ces citoyens invisibles
Il y a 10 564 citoyens sénégalais qui sont condamnés ou en longue détention préventive. Et si nous faisions autant de bruits pour eux au lieu de nous focaliser sur les politiciens qui sont emprisonnés ? Nous savons tous qu’avec les conditions de la garde à vue et de l’état des prisons au Sénégal, qu’il y a des manquements dans la protection des droits de ces détenus. Le Sénégal est pourtant signataire des conventions et traités par rapport au traitement des détenus. Le budget du ministère de la Justice pour l’année 2019 est de 41 milliards dont 22 milliards attribués aux dépenses de personnel. Est-ce qu’il y a une pression adéquate pour que le gouvernement augmente le budget de manière concrète pour qu’ils puissent remplir leur mission. Bien que des efforts aient été faits, le déficit en infrastructures est toujours d’actualité dans le milieu de la justice. C’est ainsi qu’on constate un manquement en nombre de tribunaux ou de salles d’audience, cela est en partie la cause directe des longues détentions préventives. Les lieux de détention sont surpeuplés et les conditions de détention sont souvent inhumaines. Tout cela est dû au budget insuffisant dont le ministère de tutelle est doté. L’assistance juridique qui est un droit fondamental pour chaque détenu n’est qu'une pure théorie au Sénégal. C’est ainsi que ceux qui n’ont pas les moyens sont souvent victime de détention arbitraire, de détention préventive trop longue. Faisons-nous autant de bruits que nous en faisons pour les politiciens ? Ces politiciens qui ne représentent rien par rapport à la population du Sénégal.
À tort ou à raison ?
Il y a eu tellement de bruit durant le septennat du président Sall quant à l’instrumentalisation de la justice. Je suis de ceux qui ont cette perception, mais analysons à fond cette affirmation. L’enrichissement illicite devient un délit sous le président Diouf et malgré le manque de volonté des politiciens pour l’implantation de cette cour, elle a quand même condamné trois personnes sous le président Diouf. Certes, il y a eu d’autres personnes citées par le CREI, mais seul le fils du président Wade a été condamné. Ça sent l’instrumentalisation de la justice, n’est-ce pas ? Il faut noter que le procureur de la République a aussi une mission politique. Le président Sall avait une politique pénale depuis qu’il était candidat, et une fois élu, son procureur est dans l’obligation de mettre en œuvre cette politique. Le gouvernement a ses priorités en matière de dossiers à étudier d’abord et il est dans son plein droit. Le procureur de la République a le droit d’engager des poursuites contre toutes les personnes citées comme il a aussi le droit de mettre en place une procédure alternative pour certains. Le procureur est dans son droit de ne pas engager des poursuites contre les membres du parti présidentiel, cependant, il y a peut-être eu des alternatives dont le gouvernement n’est pas dans l’obligation de rendre public. Le procureur peut aussi classer les dossiers sans suite. L’appareil judiciaire n’a pas changé, cependant les hommes politiques ont changé de camp, d’opposition au pouvoir et vice-versa. Nous ne pouvons pas nous laisser manipuler par ces hommes politiques qui ne sont qu’après leurs intérêts personnels. Nous savons que le secteur de la justice ne va pas bien, mais il faut que nous arrêtions de tout politiser et de savoir que l’appareil est en marche pour les autres citoyens de ce pays. Je suis d’accord pour une révision du code pénal, mais tant que nous acceptons le code en place, nous sommes tenus de le respecter. Ceux qui disent que la justice est impartiale, ne se tournent-ils pas vers cette même justice quand ils en ont besoin ?
Apprenez à assumer vos responsabilités.
C’est difficilement que le juge Kandji a annoncé les résultats provisoires. Dire que le juge Kandji ou que les juges au Sénégal sont corrompus est une insulte envers notre nation. Il y a certains qui sont corrompus de leur propre gré, mais la majorité des juges sont des citoyens dignes, qui tiennent à leur réputation plus qu’à une amitié ou à un clan. Pensez-vous qu’ils mettront leur réputation en jeu pour une durée de 12 ans au plus sous cette constitution ? Si le président Sall a gagné ces élections, c’est parce qu’il a été un bon politicien, il faut le lui reconnaître. Je reste convaincu que le PSE ne développera pas le Sénégal et que ce n’est pas un modèle économique et ce n’est pas un plan adéquat à nos réalités. Il y a eu des programmes qui ont à but de développer le Sénégal, mais la plupart des programmes avaient des buts électoralistes. Ah ! Ah ! Ah ! Le président fait de la politique donc pourquoi s’attendre à ce qu’il ne fasse pas ce qui lui garantira sa réélection ? L’opposition d’une manière générale a été faible et ils n’ont pas su innover, ils ont fait la même chose que ce qui se faisait depuis les élections de 1983. Quand on veut changer quelque chose, cela doit commencer dans la manière de mener sa campagne électorale. Les promesses étaient des promesses non comprises des Sénégalais ou des promesses déjà en place ou pas du tout objectives. Il faut assumer ses responsabilités, se regrouper, faire le point et comprendre pourquoi la défaite dans certaines régions et comment renverser la tendance. On ne peut pas attendre d’avoir perdu pour dire qu’on le savait et que tout a été préparé pour ce résultat. Dans ce cas, il fallait tout simplement boycotter depuis les parrainages et ne pas participer aux élections. Dès l’instant que les opposants ont accepté le parrainage et qu’ils se soient présentés, il fallait accepter les résultats. Refuser les résultats ne fera qu’affecter notre démocratie qui affectera l’investissement étranger. Est-ce aimé son pays ? Les opposants d’aujourd’hui seront au pouvoir demain et ce même appareil judiciaire sera à votre disposition, peu importe si le président sera à la tête du Conseil supérieur de la magistrature ou non.
Il y a une manière de faire la politique au Sénégal et c’est la politique politicienne, ce que l’électorat veut. L’électorat n’est pas encore mûr pour des réformes majeures et malheureusement, il faut aller au même rythme que cet électorat. Je suis de ceux qui pensent que le Sénégal peut se développer à condition que nous ayons notre propre monnaie avec les pays membre de la CEDEAO et que nous développons le secteur agricole, primaire d’abord, pour créer un effet d’entraînement sur les autres secteurs. Quoi qu’il en soit, vous devez respecter les Hommes qui incarnent la justice de notre pays, félicitez le président Sall et assumez vos responsabilités. On dit souvent « quand on veut blâmer les autres, il faut se regarder soi-même. »
Mohamed Dia, Consultant bancaire
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