Crise post-électorale en Gambie : Quand Jammeh joue avec les nerfs de la Cedeao

L’ex-président Gambien Yahya Jammeh ne lâche pas l’affaire et le fait savoir à qui veut l’entendre. Battu par Adama Barrow, Yahya Jammeh continue de manœuvrer pour rester au pouvoir, malgré les menace

s de plus en plus précises d’une intervention militaire de la Cedeao contre son régime hors-la loi, dès le 19 janvier prochain.


Yahya Jammeh ne semble pas être perturbé outre mesure par les menaces de la communauté internationale. Il continue de bander les muscles. Ce fut le cas au moment de s’adresser à ses compatriotes dans son traditionnel message de vœux à la nation, ce samedi. En effet, Jammeh s’est vertement opposé à la volonté de la CEDEAO « de faire appliquer les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre 2016 par tous les moyens possibles ». Selon le leader gambien, de plus en plus isolé dans son pays avec les déclarations de lâchage qui se succèdent, la résolution de la Cedeao de finir avec son régime, dès le 19 janvier, « est de fait une déclaration de guerre et d’une insulte à (leur) Constitution ».
 
L’homme fort de Kanilai de dire tout haut que rien ni personne ne pourra le faire changer d’avis. Qu’il doit empêcher Adama Barrow de prêter serment. « Qu’il soit bien clair que nous sommes prêts à défendre ce pays contre toute agression (…) Mon gouvernement ne choisira jamais une telle confrontation, mais la défense de notre souveraineté est un devoir sacré pour tous les Gambiens patriotes », a-t-il déclaré à ses concitoyens. Mais, derrière ce discours de façade, l’ex-président est de plus en plus sensible aux propositions de sortie de crise qui lui sont faites. D’autant que les dirigeants des pays de la sous-région ouest-africaine sont déterminés à ne pas le laisser être l’obstacle majeur à l’institution de la démocratie comme moyen de changer les régimes politiques dans leur espace.
 
 
 
Les conditions surréalistes de Jammeh
 
De sources sûres, EnQuête est en mesure de révéler que, même si en public et à travers sa télévision nationale, Yahya Jammeh clame son désir de mourir au pouvoir, le dictateur de Kanilai est à l’écoute. Selon nos sources toujours très bien renseignés des faits et gestes de Yahya Jammeh, ces derniers jours, le dictateur Gambien ne voit plus d’un mauvais œil certaines propositions de sortie honorable des médiateurs de la Cedeao. Ces derniers lui proposent un exil dans un pays d’accueil où il adoptera un profil bas, le temps que les Gambiens soignent les blessures profondes causées par son règne de 22 ans. Mais lui fait la fine bouche, en plus de faire monter les enchères.
 
Il aurait ainsi exigé, qu’en plus de sa famille, une cohorte composée de plus de 400 de ses proches soit protégée par une impunité qui leur garantirait de ne jamais rendre compte de leurs actes devant une cour de justice. Mieux, Jammeh aurait aussi demandé que lui et sa famille disposent de toute leur fortune et puissent en jouir au moins une vingtaine d’années sans jamais être inquiétés. Mais, ce qui irrite davantage les négociateurs de la Cedeao, en dehors de ces exigences, c’est que Jammeh envoie ses contre-propositions par des canaux détournés. Par des gens qui veulent en profiter pour asseoir une certaine crédibilité après le départ de Jammeh. De sorte qu’aucun potentiel pays d’accueil ne veut succomber aux délires de Jammeh.
 
A moins que son ami, le Président mauritanien qui arrive ce lundi à Banjul, parvienne à le faire changer d’avis, Yahya Jammeh semble aller tout droit à la potence. Car certains officiers de l’armée gambienne ont d’ores et déjà commencé à se rendre chez le Président élu Adama Barrow et à se prendre en photo (visibles sur Facebook) avec lui pour lui signifier leur loyauté, dès sa prise de fonction.
EnQuête
 
Lundi 2 Janvier 2017
Dakar actu




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