Appréhendé comme la limitation des possibilités d'interaction d'un individu avec son environnement, menant à des difficultés psychologiques, intellectuelles, sociales ou physiques, la problématique du handicap recouvre aujourd’hui une dimension très large impliquant de nouvelles pathologies telles que le trouble du spectre de l’autisme.
Resté depuis toujours un handicap moins pris en compte par rapport à celui qui affecte la capacité physique de l’individu, l’autisme commence aujourd’hui à prendre de l’ampleur et devient un problème de santé publique.
Le sillon de l’esprit qui préside à une telle réflexion réside dans l’idée de porter un éclairage sur l’autisme au Sénégal.
Afin de comprendre ce qui va suivre, il est indispensable de bien cerner ce concept. L’autisme est un trouble du neurodéveloppement qui se caractérise par des difficultés dans les interactions sociales et la communication. En d’autres termes c’est une pathologie qui nuit à la capacité d’apprentissage ou d’utilisation de compétences scolaires fondamentales telles que la lecture, l’écriture, les mathématiques, etc.
L’autisme a été pendant longtemps associé au facteur génétique, mais avec l’évolution de la science cette conception des déterminants de l’autisme ne saurait prospérer.
En effet, d’autres facteurs sont mis en avant tels que la pollution de l’environnement et l’usage de pesticides dans les cultures. C’est dire que le monde aujourd’hui est chimiquement modifié et l’apparition de nouvelles pathologies semblerait relever du truisme.
Au Sénégal comme dans la majeure partie des pays africains, l’autisme est souvent lié à des représentations socioculturelles. En effet, certains parents ayant des enfants autistes font recours à des pratiques qui portent atteinte à la prise en charge précoce de l’enfant par des spécialistes. Par conséquent, ces derniers se retrouvent renfermés dans un flot de précarité qui se manifeste parfois par la stigmatisation.
C’est compte tenu de l’ampleur de ce problème que l’autisme a été reconnu par l’organisation des Nations Unies comme un handicap en vertu de la convention internationale des droits des personnes handicapées adoptée le 13 Décembre 2006. De plus chaque 2 avril une journée internationale est consacrée à la sensibilisation sur le handicap lié à l’autisme.
Au niveau interne les enfants autistes sont moins pris en compte par les politiques sociales bien qu’il soit noté dans notre arsenal juridique l’existence d’une loi d’orientation sociale adoptée en 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.
Dans ce dispositif le terme personne handicapée renvoie à toutes les personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut porter atteinte à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité (article premier).
Dans la foulée, l’article 5 de ladite loi fait obligation à l’élaboration par les pouvoirs publics de politiques nécessaires à la prévention des handicaps, à leur traitement, leur prise en charge, leur réadaptation, leur éducation etc. En faisant l’analyse de ces articles sur le tamis de la conscience, on serait amené à relever que cette loi est bien l’illustration d’une prémisse de prise en charge des personnes vivant avec un autisme même s’il ne faut occulter une existence limitée de structures publiques de prise en charge de ces catégories sociales défavorisées. Il est notoire que l’environnement de la prise en charge de l’autisme est prédominé malgré les contraintes financières par les associations et les ONG.
Il semble par ailleurs important de s’inspirer du modèle tunisien de prise en charge de l’autisme.
En effet le gouvernement de la Tunisie avait mis en place un programme national de l’intégration des enfants autistes en 2022. Ce programme visait à intégrer ces enfants dans les établissements préscolaires. De plus ledit programme dans ses piliers fondamentaux y figurait en bonne place un guide permettant aux parents d’assurer l’éducation et l’intégration sociale de leurs enfants atteints de trouble du spectre de l’autisme. Ce guide fournissait des informations nécessaires pour accompagner les parents dans la prise en charge de leurs enfants autistes, et de faciliter leur intégration sociale.
Nous osons espérer qu’avec la nouvelle alternance la question de l’autisme sera une prééminence dans l’agenda des politiques publiques.
Cheikhou Mouhamed Sangharé,
Conseiller en Travail Social, gestionnaire des services sociaux.
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