En parcourant la lettre que Karim a adressée aux Sénégalais hier, il apparait, dès la première lecture, une évolution de la tendance à la radicalisation, alors que le supposé protocole de Doha devrait comporter une clause secrète qui impose le silence à Wade-fils, une fois celui-ci libéré. Ce n’est pas pour rien que ce dernier communiquait directement avec ses collaborateurs via WatsApp (pour ne pas laisser de traces ?). Même sa première lettre post-carcérale diffusée le 24 juin 2016 était mutique sur son avenir.
Pendant longtemps, il s’est imposé une sorte d’omerta médiatique sur les questions à incidences politiques ou économiques. Cela, au rythme des va-et-vient des autorités qataries entre Doha et Dakar. En un moment donné, une certaine presse avait informé que le pouvoir avait exercé des pressions pour rappeler à l’ordre un Karim Wade auteur d’une algarade à la suite du triste décès de Serigne Sidy Makhtar Mbacké.
Juste après ces mises en garde, Karim avait encore produit une missive pour se déclarer « candidat du peuple ». En riposte à cette bravade, les communicants du palais et de l’Alliance pour la République, El Hadj Kassé et Seydou Guèye, avaient, conjointement, en des termes codés, remis sur la table le fameux pacte en manquant, de peu, de brandir une preuve le matérialisant.
Ce temps semble révolu ! L’ex-ministre d‘Etat ne met plus de gants pour exprimer ses opinions. Le champ lexical dont il a usé ce vendredi rappelle le style de l’opposant Abdoulaye Wade. Il a décidé d’en découdre avec le pouvoir même si sa candidature doit être invalidée. « Aucune compromission, pas même celle d’une justice aux ordres, ne saurait arrêter la marche d’un peuple qui veut vaincre la fatalité et prendre son destin en main », prend-il date.
Cette nouvelle attitude de l’ex-chef de file de la Génération du Concret postule une question : Doha a-t-il béni les attaques orchestrées à partir de son sol contre Macky Sall ?
On est tenté de répondre par l’affirmative pour avoir écrit le 11 avril 2018 ceci : « Affectant de repositionner Karim Wade en pion d’interconnexion de ses réseaux africains, le Qatar ne ménagerait aucun effort pour voir l’ex-leader de la Génération du Concret accéder au plus haut destin politique. Déjà, lors de la visite effectuée par l’émir en Afrique au mois de décembre passé, le fils du Pape du Sopi a, en binôme avec Nicolas Sarkozy, joué un rôle décisif pour aider à ouvrir les portes de plusieurs capitales de la sous-région. C’est ainsi que les prochains jours dévoileront la stratégie concoctée à Doha pour permettre le retour au bercail de l’ex-ministre d’Etat, qui a fini de gagner la bataille juridique au plan international ».
Ainsi, on est prédisposé à se demander si cette donne ne vas pas avoir des répercussions sur les relations diplomatiques entre le Sénégal et le Qatar. Connaissant Macky Sall, il ne restera pas les bras croisés.
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