Affaire Ndiaga Diouf : le procureur requiert 10 ans contre Dias, la défense plaide aujourd'hui


Affaire Ndiaga Diouf : le procureur requiert 10 ans contre Dias, la défense plaide aujourd'hui
Le procureur a requis, mercredi, une peine de dix ans d’emprisonnement ferme contre le maire de la commune de Sicap-Mermoz, Barthelemy Dias, le procès se poursuit ce jeudi avec la plaidoirie de la défense.

Le député-maire de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, a comparu mercredi en audience spéciale dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf. 

Le maire socialiste de Mermoz-Sacré Cœur dont l’immunité parlementaire a été levée, est poursuivi pour le meurtre de Ndiaga Diouf, tué en décembre 2011, lors d’une attaque de la mairie éponyme par un groupe de nervis.

Il est accusé des chefs d’inculpation de délit de coups mortels, de coups et blessures volontaires et de détention illégale d’arme sans autorisation administrative. 

Le juge a aussi désigné, Abib Dieng, agent de sécurité à la municipalité de Mermoz depuis 2009, et Babacar Faye, agent municipal à la mairie de Grand Dakar comme étant des complices de M. Dias, dans cette affaire.

Quatre autres prévenus sont poursuivis pour les délits d’association de malfaiteurs et de participation à un rassemblement illicite suivi des faits d’actions diverses. Au total, parmi tous les prévenus cités dans cette affaire, seuls sept étaient présents. 

Il y avait aussi les témoins dont Abdoulaye Faye, administrateur au PDS et gérant des biens meubles et immeubles et du parc automobile de ce parti, du commandant adjoint à la retraite des opérations au commissariat de Dieupeul, Mamadou Moustapha Gassama, l’ancien brigadier en chef du commissariat de Dieupeul, Cherif Dieng, et de Ousmane Seye, conseiller municipal à la mairie de Mermoz en 2009.

Au total, douze avocats se sont relayés lors des débats. Il s’agit entre autres, pour la défense, de Mes Aissata Tall Sall, El Hadji Diouf, Demba Ciré Bathily, et pour la partie civile, de Mes Amadou Sall, Moustapha Dieng, Ousseynou Fall, etc.

Devant le juge, Cheikh Mbackiyou Siby, un des nervis cité dans cette affaire, affirme avoir eu seul, pris l’initiative, sans aucune instruction, de recruter par ses propres moyens, 25 agents de sécurité pour se rendre à la mairie de Mermoz pour "discuter en paix" avec M. Dias sur ses propos via la presse qu’il a trouvés "menaçant". 

Ce matin, du 22 décembre, le groupe avait pris le départ à la permanence du PDS à bord de trois véhiculés fournis par le préposé de Daouda Faye, sur instruction de Abdoulaye Diene, brigadier-chef de police et membre de la garde rapprochée du président Abdoulaye Wade, raconte-t-il.

Ces véhicules devaient servir en principe à la mobilisation générale pour le congrès du PDS à l’hôtel Méridien le même jour, mais il les a pris à l’insu de tous, sans avoir reçu d’ordres, poursuit-il.
 
Arrivés en face de la mairie, ils s’installent au niveau des buvettes, attendant l’arrivée de Dias qui n’était pas sur place.

Le maire dit avoir été informé de la présence de ces visiteurs, respectivement par son chef de cabinet, Juliette Zinga, puis par son chauffeur alors qu’il était déjà en route vers sa municipalité pour y honorer un rendez-vous à 11h.

Sur les lieux, M Dias indique avoir vu plusieurs individus à une cinquantaine de mettre de la mairie. Certains d’entre eux étaient encagoulés alors que deux autres portaient des ceintures d’armes, dit le maire qui demande à son adjoint Aliou Tall d’appeler la police.

La police est arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard avec uniquement trois éléments dont le feu commissaire Mbaye Seye, le commandant Gassama et le brigadier-chef Cherif Dieng.

Après avoir analysé la situation, le commissaire Seye demande à sa hiérarchie des renforts, selon les policiers, témoins à la barre.

Le commissaire a ensuite ordonné à ses collègues de se positionner devant le portail de la mairie avant de sommer les visiteurs de quitter les lieux.

C’est en ce moment que deux autres voitures remplis d’occupants arrivent aux abords de la mairie, confirment prévenus et témoins. Il s’en est suivi des échauffourées, avec des jets mutuels de pierres, et une fusillade.

Devant le tribunal, le représentant du parquet a fait état, dans ces circonstances, de la mort de Ndiaga, tué par balle sur le dos, et des blessures de Thiombane, aux fesses et de Cheikh Diop à la cuisse, par balle aussi.

Ces actes sont imputables d’après le représentant du ministère public, à Barthelemy Dias, "seul détenteur" d’arme dans son camp au moment des faits.

Invité par le juge à se prononcer sur ces éléments, Barthelemy Dias, a dit après avoir entendu un coup de feu, avant de réagir en tirant des "coups de sommation" sur l’un des véhicules. Les visiteurs ont répliqué.

Il affirme avoir épuisé quarante cartouches de balles réelles de 9 mm ainsi que des balles à plomb, durant ces échanges qui ont duré trois quart d’heure d’après lui. 

Le rapport balistique des enquêteurs et de la police scientifique, évoqué par les avocats des deux parties, de même que le procureur, atteste que les balles extraites des corps des victimes proviennent d’une même arme, un pistolet a barillet de calibre 38.

Ce qui ne correspond pas à aucune des trois armes remis par M. Dias aux enquêteurs et présentées au tribunal : une arme vraie, le Taurus 917, et deux factices à savoir une Beretta en briquet et un pistolet à plomb de marque Smith et Wesson qu’il a remis quatre mois après les faits, au juge d’instruction.

Le procureur a assimilé la remise tardive de cette troisième arme à une stratégie de défense de M. Dias et Cie, avant d’ajouter que cette arme, sous scellée, présentée au tribunal, ne correspond pas avec celle que tenait Barthelemy Dias par sa main gauche au moment des faits selon les images d’une vidéo projetées dans la salle d’audience.

Pour expliquer cette stratégie de défense, M Dias a indiqué qu’il n’avait pas confiance envers l’ancien régime et qu’il n’a pas voulu coopérer ainsi. L’enquête était faite "à charge pour éliminer un adversaire politique" selon lui.

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la partie civile ont réclamé "justice", estimant qu’il y a "eu dans cette affaire, une réelle volonté de tuer".

Par conséquent, ils ont demandé au juge de "requalifier les faits en meurtre et de se déclarer incompétent parce qu’il ne s’agit ici ni de coups mortels, encore moins de légitime défense".

La partie civile a réclamé la somme de 150 millions en dommages et intérêts.

Dans son réquisitoire, le procureur a qualifié ce procès comme étant "celui de la ruse et du grand mensonge", estimant que M. Dias n’a pas voulu apporter "des réponses précises" sur certaines questions fondamentales.

"Barthelemy Dias ne mérite aucune clémence devant le tribunal", selon le procureur qui a retenu contre lui les délits de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de donner. 

Il a également relevé les délits de coups et blessures sur les personnes de Cheikh Diop et Malick Thiongane, et le délit de détention illégale d’arme sans autorisation. 

Concernant Abib Dieng et Babacar Faye, le procureur estime qu’ils sont coupables de complicité de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de Ndiaga Diouf, et du délit de détention illégale d’arme.

Il a retenu contre les autres prévenus Samba Diouf, Cheikh Mbackiyou Sidy, Oumar Manga et Abdoulaye Diene, les chefs d’accusation d’association de malfaiteurs et du délit de rassemblement illicite, à l’exception d’Abdoulaye Diene.

Le procureur dit reprouver leur actes, tout en les relaxant des chefs d’accusation de menace de mort et de détention illégale d’arme.

L’audience qui a pris fin à 3h reprend ce jeudi à 12h avec les plaidoiries de la défense.

Jeudi 26 Janvier 2017




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