L'arrestation du responsable socialiste Malick Noël Seck révèle que la tentation de la violence politique se fait de plus en plus forte au Sénégal. Le climat de tension est tel que les partis politiques recrutent de plus en plus de gros bras et de gardes du corps. Une situation qui n'augure rien de bon pour la présidentielle du 26 février 2012.
C'est désormais une évidence : la violence politique fait l'actualité au Sénégal. Dernière affaire en date : l'arrestation d'un jeune socialiste sénégalais, Malick Noël Seck, inculpé de « menaces de mort, outrage à magistrat et offense au chef de l'État » après avoir écrit une lettre au Conseil constitutionnel, qui doit juger le 27 janvier prochain de la validité de la candidature de Wade pour un troisième mandat.
« Vos rassemblements ne sont que le signe d'une forfaiture annoncée », écrit Malick Noël Seck aux Sages, non sans accuser Abdoulaye Wade au passage d'être directement impliqué dans l'assassinat en 1993 de Me Babacar Seye (vice-président du Conseil constitutionnel de l'époque), tandis que sa famille et son entourage se seraient rendus coupables de « détournement manifeste de deniers publics ».
« Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige de la dignité. Il ne sera pas dit que nous ne vous avons pas offert la possibilité de faire front avec nous », concluait sur un ton de menace Malick Noël Seck (en photo ci-dessous), qui doit être jugé en flagrant délit ce 14 octobre. Mais la réaction des autorités n'est pas seulement judiciaire, elle est aussi sécuritaire : des militaires en faction ont été postés devant le Conseil, sur la Corniche, là où il n'y avait auparavant qu'un gendarme ; chaque Sage s'est vu attribuer un garde du corps personnel ; et leurs résidences particulières sont également mises sous surveillance.
Tension extrême
L'affaire Malick Noël Seck n'en reste pas moins que le signe le plus visible et le plus récent du climat de violence politique qui s'est progressivement instauré au Sénégal. Depuis plusieurs mois, les manifestations des partis se tiennent sous haute surveillance. Les états-majors recrutent de gros bras pour renforcer leur sécurité. Le climat de tension est extrême.
Quartier général du « Rewmi », un parti de l’opposition dirigé par l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. Quatre gardes du corps dont deux femmes sont postés dans le hall d’entrée. Ils exigent des journalistes invités à une conférence de presse ainsi qu’aux visiteurs inconnus des lieux de décliner leur identité. Puis les sacs sont minutieusement fouillés avant l’accès à la salle de conférence. « Je suis désolée, c’est une question de sécurité », s’excuse une des gardes du corps.
Même tableau pour les manifestations de rue du pouvoir ou de l'opposition. Les états-majors des partis recrutent de plus en plus de jeunes au physique imposant pour veiller à la sécurité de leurs responsables. « Les échéances électorales sont souvent marquées par des violences physiques. Aujourd’hui, le contexte politique est explosif : l’opposition conteste la candidature de Wade et lui lance un ultimatum et de l’autre côté, le pouvoir se braque », explique Malick Diop, responsable politique chargé de la sécurité à la fois de son parti, l’Alliance des forces de progrès (AFP) et de la coalition du Mouvement du 23 juin (M23).
Jeunes lutteurs ou karatékas
L’alliance pour la République (APR) a aussi pris ses dispositions. « Depuis que le convoi de notre leader Macky Sall a été agressé dans la banlieue de Dakar [à Pikine, le 3 janvier dernier, NDLR], nous avons décidé de renforcer notre sécurité » confie sans plus de détail Abdoulaye Mbow, responsable des jeunes de son parti.
Les recrues sont pour la plupart de jeunes lutteurs ou des karatékas professionnels initiés aux techniques d’agent de protection. Des entreprises étrangères assurent leur formation. C’est le cas d’Elite Africa Sécurité, une société franco-portugaise qui formera prochainement « une centaine de jeunes », selon le Malick Diop pour le compte de l’AFP et du M23.
Babacar Sadikh Faye, la cinquantaine, est un ancien « calot bleu » (garde rapprochée de l’opposant Abdoulaye Wade) qui s’est reconverti dans la formation d’agent de protection. Il tient une salle de sport au cœur de la Médina, un quartier populaire de Dakar. « J’ai des jeunes déjà formés que je mets à la disposition des gens qui le souhaitent. Je suis sollicité par les partis politiques avant et pendant les élections comme c’est le cas actuellement », précise-t-il. La violence politique peut aussi créer de l'emploi...
C'est désormais une évidence : la violence politique fait l'actualité au Sénégal. Dernière affaire en date : l'arrestation d'un jeune socialiste sénégalais, Malick Noël Seck, inculpé de « menaces de mort, outrage à magistrat et offense au chef de l'État » après avoir écrit une lettre au Conseil constitutionnel, qui doit juger le 27 janvier prochain de la validité de la candidature de Wade pour un troisième mandat.
« Vos rassemblements ne sont que le signe d'une forfaiture annoncée », écrit Malick Noël Seck aux Sages, non sans accuser Abdoulaye Wade au passage d'être directement impliqué dans l'assassinat en 1993 de Me Babacar Seye (vice-président du Conseil constitutionnel de l'époque), tandis que sa famille et son entourage se seraient rendus coupables de « détournement manifeste de deniers publics ».
« Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige de la dignité. Il ne sera pas dit que nous ne vous avons pas offert la possibilité de faire front avec nous », concluait sur un ton de menace Malick Noël Seck (en photo ci-dessous), qui doit être jugé en flagrant délit ce 14 octobre. Mais la réaction des autorités n'est pas seulement judiciaire, elle est aussi sécuritaire : des militaires en faction ont été postés devant le Conseil, sur la Corniche, là où il n'y avait auparavant qu'un gendarme ; chaque Sage s'est vu attribuer un garde du corps personnel ; et leurs résidences particulières sont également mises sous surveillance.
Tension extrême
L'affaire Malick Noël Seck n'en reste pas moins que le signe le plus visible et le plus récent du climat de violence politique qui s'est progressivement instauré au Sénégal. Depuis plusieurs mois, les manifestations des partis se tiennent sous haute surveillance. Les états-majors recrutent de gros bras pour renforcer leur sécurité. Le climat de tension est extrême.
Quartier général du « Rewmi », un parti de l’opposition dirigé par l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. Quatre gardes du corps dont deux femmes sont postés dans le hall d’entrée. Ils exigent des journalistes invités à une conférence de presse ainsi qu’aux visiteurs inconnus des lieux de décliner leur identité. Puis les sacs sont minutieusement fouillés avant l’accès à la salle de conférence. « Je suis désolée, c’est une question de sécurité », s’excuse une des gardes du corps.
Même tableau pour les manifestations de rue du pouvoir ou de l'opposition. Les états-majors des partis recrutent de plus en plus de jeunes au physique imposant pour veiller à la sécurité de leurs responsables. « Les échéances électorales sont souvent marquées par des violences physiques. Aujourd’hui, le contexte politique est explosif : l’opposition conteste la candidature de Wade et lui lance un ultimatum et de l’autre côté, le pouvoir se braque », explique Malick Diop, responsable politique chargé de la sécurité à la fois de son parti, l’Alliance des forces de progrès (AFP) et de la coalition du Mouvement du 23 juin (M23).
Jeunes lutteurs ou karatékas
L’alliance pour la République (APR) a aussi pris ses dispositions. « Depuis que le convoi de notre leader Macky Sall a été agressé dans la banlieue de Dakar [à Pikine, le 3 janvier dernier, NDLR], nous avons décidé de renforcer notre sécurité » confie sans plus de détail Abdoulaye Mbow, responsable des jeunes de son parti.
Les recrues sont pour la plupart de jeunes lutteurs ou des karatékas professionnels initiés aux techniques d’agent de protection. Des entreprises étrangères assurent leur formation. C’est le cas d’Elite Africa Sécurité, une société franco-portugaise qui formera prochainement « une centaine de jeunes », selon le Malick Diop pour le compte de l’AFP et du M23.
Babacar Sadikh Faye, la cinquantaine, est un ancien « calot bleu » (garde rapprochée de l’opposant Abdoulaye Wade) qui s’est reconverti dans la formation d’agent de protection. Il tient une salle de sport au cœur de la Médina, un quartier populaire de Dakar. « J’ai des jeunes déjà formés que je mets à la disposition des gens qui le souhaitent. Je suis sollicité par les partis politiques avant et pendant les élections comme c’est le cas actuellement », précise-t-il. La violence politique peut aussi créer de l'emploi...
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