L’attribution du très haut débit est un procédure à enjeux multiples: financier, économique, technologique, social…Au cours d’un séminaire regroupant les pays francophones en avril 2014, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) avait bien affirmé sa volonté de s’inspirer des expériences de la France et de l’Afrique du sud. L’Etat du Sénégal, peut être sans un benchmarking, pourrait découvrir que dans l’appel d’offres pour octroyer la 4G, les enchères lancées de septembre à décembre 2011 ont initialement rapporté à la France 2,6 milliards de francs Cfa. C’est environ l’équivalent des recettes fiscales annuelles du Sénégal, la couverture presque de toutes les dépenses publiques d’un an!
Après l’attribution, le Gouvernement français attendait encore un milliard d’euros supplémentaire. La recette globale devant donc atteindre 3,5 millions d’euros, soit 2275 milliards de francs, le budget global du Sénégal. Il est peu probable que l’Etat du Sénégal atteigne ce niveau de recettes, mais la valorisation de son domaine public technologique devrait lui rapporter gros, confirmant la juteuse procédure induite par cette innovation technologique majeure. Il y a de quoi aiguiser l’appétit d’un Etat qui cherche à financer plus de 45% d’un programme économique, le Plan Sénégal émergent. Dans l’attribution de la 4G, les Gouvernements visent en fait trois axes majeures: l’accessibilité technique (la couverture territoriale), des prix abordables pour les consommateurs (la mise en concurrence) et enfin des recettes pour l’Etat. En mi-mars, la Maroc a terminé sa procédure d’octroi du très haut débit. L’opération n’a pas été aussi fructueuse que celle de la France, les contextes étant certainement différents, mais le royaume chérifien a récolté deux milliards de dirham (120 milliards de francs Cfa). Sur le plan technique, l’attribution de la 4G se fait suivant les fréquences. En France, l’offre avait été répartie en un bloc inférieur, deux blocs centraux et un bloc supérieur, tous ayant la même capacité de 10 MHz. Si trois des quatre opérateurs candidats se sont partagés les 30 MHz attribués, la valorisation financière de chaque lot n’étant pas tout à fait équitable.
Le premier bloc a coûté 683 millions d’euros (444 milliards de francs Cfa), les deux blocs centraux 1065 millions d’euros, soit plus de 650 milliards de francs Cfa et le bloc supérieur attribué à France Télécom, maison mère de Orange Sénégal à 891 millions d’euros (environ 580 milliards de francs Cfa). Plus explicite, la procédure du Maroc s’est faite suivant une « Licence A », « Licence B », « Licence C ». Ce n’est donc pas une offre globale à attribuer à un seul opérateur, comme c’est souvent le cas dans les appels d’offres dans d’autres secteurs, mais des fréquences proportionnées à des prix variés. Au Sénégal, lequel des trois opérateurs va proposer la meilleure offre afin de s’octroyer la meilleure fréquence? Pour l’instant seuls Orange et Tigo ont effectivement procédé à des phases pilotes, Expresso ne s’étant pas encore signalé dans la 4G. En plus de la licence 4G, les opérateurs de télécoms vont devoir invertir en infrastructures technologiques pour couvrir le territoire national, comme il leur sera probablement exigé dans le cahier de charges. Le niveau d’équipement en terminaux adaptés à la 4G restant encore faible suscite l’inquiétude de certains opérateurs. Tout compte fait, ils sont conscients d’évoluer dans un marché en forte croissance, donc prometteur
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