Tirailleurs ‘’Morts pour la France’’: l’identité des 6 soldats et le rôle imminent de l’historienne Armelle Mabon.


Les autorités françaises ont décidé d’accorder leur « reconnaissance » à six des soldats africains exécutés en 1944 au camp de Thiaroye. Dimanche, le gouvernement français a annoncé que ces tirailleurs ont été reconnus « Morts pour la France ». Une décision prise dans le cadre des commémorations de la Libération est jugée par beaucoup comme une avancée historique.



Si des tirailleurs sénégalais ont été reconnus « Morts pour la France » par les autorités françaises, c’est d’une part, grâce au travail remarquable abattu par l'historienne lorientaise, Armelle Mabon qui, depuis 20 ans, consacre ses activités pour la réhabilitation des soldats exécutés à Thiaroye à la suite de leur rapatriement. Dans un entretien qu’elle a accordée à un magazine français, elle a soutenu avoir mené plusieurs actions pour espérer, un jour, voir l’Etat français reconnaître les vaillants soldats africains qui ont contribué à la libération de la France lors de la seconde guerre mondiale. Elle n’en revenait pas lorsque le lundi 8 juillet, elle est informée, à travers, un mail de l'Office national des Combattants et des Victimes de Guerre de la République française que 6 tirailleurs sénégalais ont été reconnus

‘’Morts pour la France’’.

« C'est un très grand pas. Une reconnaissance de fou ! À vrai dire, je n'y croyais plus», a commenté l’historienne qui exhibe l’identité des tirailleurs concernés dont la majorité sont d’origine sénégalaise.

« Ces hommes s'appelaient M'Bap Senghor, Gore N'Dour, N'Dangom N'Diaye, Sene Saliou, Ibrahima N'Diaye et Duzaï Made. Ils faisaient partie des prisonniers coloniaux, emprisonnés pendant quatre ans par l'armée allemande dans des « Fronstalags » spéciaux en Grande Bretagne durant la seconde guerre mondiale. Ils sont morts le 1er décembre 1944 lors du massacre de Thiaroye, juste après leur rapatriement à Dakar depuis le port de Morlaix. », a expliqué Armelle Mabon qui depuis des années accompagne Birame Senghor, l'un des seuls descendants directs de victimes, aujourd’hui, âgé de 86 ans. « Le fils de M'Bap Senghor réclame réparation depuis les années 1970. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a enfin déclaré instruire sa demande, début 2024. L'octroi de la mention ‘’Mort pour la France’’, qui devrait concerner tous les morts de Thiaroye, est un atout supplémentaire pour faire avancer le dossier », a souligné Madame Mabon qui estime que le moment est venu pour que justice soit faite pour lui et pour la mémoire collective.



Ces 6 tirailleurs reconnus à titre posthume font partie d’un groupe qui a été froidement exécuté par des troupes coloniales pour avoir réclamé leur solde et le versement de leurs indemnités de guerre.  Armelle qui voit en la reconnaissance de ces quelques tirailleurs une avancée historique ne désespère pas qu’un jour le nombre exact de morts engendré par cette mutinerie sanglante se connaîtra du fait que le chiffre fasse l’objet de controverses entre historiens.

« Mon hypothèse, c'est que l'ordre de maintien de l'ordre a été outrepassé et que beaucoup de corps sont enterrés dans une fosse commune, aujourd'hui bétonnée. Je ne désespère pas qu'elle soit ouverte un jour », a-t-elle expliqué dans les colonnes du Magazine ‘’Le Télégramme’’.

Depuis 2002, Armelle Mabon mène une enquête pour le rétablissement de la vérité dans cette affaire. Sur le plan judiciaire, elle a entamé plusieurs procédures judiciaires contre le ministère des Armées françaises, pour réclamer l'accès aux archives et plaider pour obtenir un procès en révision, pour les 34 survivants lourdement condamnés à l’époque après le massacre de Thiaroye.



La lorientaise Armelle Mabon, aujourd’hui, à la retraite entend se rendre à Dakar, pour prendre part aux commémorations du 80ème anniversaire du massacre de Thiaroye. Elle soutient être en contact avec le comité Thiaroye 44 dans le cadre de cette célébration prévue en fin novembre 2024.
Lundi 29 Juillet 2024
Dakaractu



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