Sénégal : Les leçons d'un scrutin


Sénégal : Les leçons d'un scrutin
Le 26 février, les Sénégalais ont voté dans le calme et la sérénité. Le peuple a encore une fois démontré sa maturité et désavoué les organisations écran ("assise nationale" et "M23"), celles là qui se permettent de parler toujours en son nom sans aucun mandat. Nous pensons qu'à partir d'aujourd'hui, les médias devront, quand même, même s'il est vrai qu'on ne peut rien attendre de la presse sénégalaise, utiliser les guillemets pour parler des "forces vives de la nation", des "assises nationales" et préciser selon l'opposition si tant est qu'elle a un minimum de souci d'exactitude.
En vérité il s'agit des "forces vives de l'opposition" et même pour être plus précis, il faudrait parler des "forces vives d'une partie de l'opposition" et des "assises d'une partie de l'opposition". En effet, les deux coalitions qui sont arrivés en tête avec près de 60% des suffrages valablement exprimés n'ont pas été membres actives de l'organisation écran pompeusement appelée "assise nationale" et l'autre coalition qui a été membre du "M23" l'a trahi au dernier au moment. Le peuple sénégalais sait qui est qui.
Il faut le reconnaître le peuple semble être attachée à Wade et sa famille libérale. En 2007, Wade et son fils Idy avaient plus de 70% des suffrages valablement exprimés, en 2012 Wade et son fils Macky sont pour le moment à un peu plus de 60% des suffrages.
La première lecture honnête de ces résultats est que le bilan de Wade n'a pas été négativement sanctionné. Au contraire il a été plébiscité avec plus de 60% des suffrages. Disons le très net, on ne peut pas condamner le bilan de Wade et voter Macky.
Mais alors, quels sont les déterminants de ce rapport de voix de Wade vers Macky ? D'abord, reconnaissons que les militants de Wade sont mentalement épuisés par le lynchage médiatique dont est victime leur leader, certains ne semblent plus avoir la force de tenir face aux critiques. Ils ont subi depuis un peu plus de 8 ans un vrai terrorisme médiatico-intellectuel.
Ainsi, il est facile d'entendre un militant ou sympathisant de Wade finir par craquer et dire : c'est vrai "gorgui" a bien travaillé, aussi "doumoromou gayi" (il n'a pas d'égal dans le paysage politique", mais seulement il est âgé. A force de répéter l'argument sur l'âge de Wade (une attaque en dessous de la ceinture), les opposants de Wade sont parvenus à démotiver ses militants. Et donc, naturellement, ces derniers ont choisi celui qui leur semble être le mieux placé pour assurer la continuité.
L'autre argument qui a fini par produire des effets dans le subconscient des militants de Wade c'est l'argument relatif à la "dévolution monarchique du pouvoir" (une autre attaque en dessous de la ceinture). En effet, on entend souvent des militants ou sympathisants dire : Wade a vraiment très bien travaillé, ce qu'il a fait est formidable mais, oui le fameux mais, "domeu bimeu fi beuga tékeu mognou diakhal" (c'est le fait que Wade veuille mettre son fils qui nous gène). Et là aussi les militants de Wade ont - semble-t-il - choisi parmi les candidats celui qui pourrait le mieux assurer la continuité. Les sénégalais tiennent aux chantiers de Wade et encore une fois, ils savent qui est qui. Seulement, les partisans du président Wade ne leur ont pas facilité la tâche par leurs querelles stériles, leurs arrogances, leur suffisances et leurs nombreux scandales financiers. Aussi, à un moment donné, les tenants du pouvoir ont semble-il- démissionné face aux nombreuses critiques. Tout au moins ils n'ont pas été très endurant sur le terrain médiatique. Au second tour, le pouvoir a intérêt à rassurer ses militants et sympathisants démotivés. Les tenants du pouvoir ont aussi intérêt à taire leurs querelles stériles. Quand ils perdront le pouvoir, certains iront honteusement chercher refuge chez Macky et accepter ce qu'ils avaient refusé au PDS.
Pour la seconde leçon du scrutin de dimanche, abordons la question relatives aux consignes de vote en cas de 2nd qui semble être inéluctable. Pour qui va voter l'opposition ? Moralement et politiquement l'opposition doit voter Wade. Haineusement et certainement stupidement, elle votera contre Wade. En effet, Macky n'a pas été membre des "assises d'une partie de l'opposition" appelée par certains "assises nationales", Wade non plus. Deuxièmement, si Macky gagne, il va récupérer ce qui restera du PDS et gagnera les législatives (29% + 30%). Et il enverra définitivement à la retraite, les NIASS, Tanor, Idy, Fall qui ne verront jamais les conclusions de leurs assises appliquées. Par contre si Wade gagne, le groupe des Idy, Tanor, Fall, Niass... (40%) pourra former une coalition aux législatives et battre Wade (32%) et Macky (28%) et ainsi imposer la cohabitation à Wade et appliquer le programme des assises nationales. En effet, je ne vois pas, en cas de victoire de Wade, une alliance Wade/Macky aux législatives. La démocratie n'est pas une question de haine. Tous contre Wade ne repose sur rien d'autre que de la haine. Aujourd'hui, le Sénégal a la chance d'avoir une recomposition en profondeur de sa classe politique et un rééquilibrage des pouvoirs. Si Macky gagne, il récupérera le PDS et aura la majorité absolue au parlement. Toutefois, il faut reconnaitre que Macky mérite largement sa victoire, pour sa constance, sa lucidité et surtout son humilité. Les jeux sont ouverts.... que la démocratie sénégalaise reste vainqueur....

Sadikh DIOP
Administrateur de l'observatoire de l'information et des médias
Limedia.org
Mardi 28 Février 2012
Sadikh DIOP




1.Posté par alioune dial le 28/02/2012 10:22
le ministre modou diagne fada devra renvoyer de son cabinet son conseiller technique amadou bakhao diaw qui a fait voter macky a richard toll meme apres les elections il faut le renvoyer c est une taupe de mackhy sall

2.Posté par Abdou Karim FALL le 28/02/2012 13:25
Sadikh Diop! là où, vraiment vous me décevez dans votre analyse, c'est que vous avez sciemment oublié que c'est grâce à ces forces vives du 23 juin qu'on est là à parler de 2nd tour. Réfléchissez bien sur ce que je viens de dire! Et ce sont ces leaders qui ont conscientisé le peuple pour qu'il se rebelle contre cette loi démocraticide. Bou leuk léké alom warnako gueureumé thioye. C'est malencontreux de toujours profiter des situations victorieuses pour donner des leçons. C'est un Aliou Tine qui a été agressé ce 23 juin et vous, vous n'étiez surement pas là-bas pour faire retirer la loi satanique. Je suis écoeuré par ce type d'analyse.

3.Posté par Abdou Karim FALL le 28/02/2012 13:38
Dîtes moi! Et si Wade se déclarait frauduleusement vainqueur au Premier tour? Le peuple attendrait-il 2019 pour le faire quitter par les urnes?



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