Dans un rapport accablant de l’IGF, neuf recommandations avaient été formulées à l’époque pour redresser une gestion calamiteuse du Prodac. Comme le rapporte L’Observateur, ces recommandations, adressées au ministre de l’Économie, des Finances et du Plan sous Macky Sall, incluaient notamment la traduction de Jean Pierre Senghor et de Mamina Daffé devant la Cour des comptes pour de graves irrégularités.
Jean Pierre Senghor : des validations sous haute suspicion
L’ancien coordonnateur du Prodac, Jean Pierre Senghor, est pointé du doigt pour avoir validé des demandes de paiement dans des conditions douteuses. Le rapport de l’IGF évoque :
• La validation de paiements d’une avance de démarrage de 3,76 milliards de FCFA avant toute notification ou enregistrement des contrats.
• L’approbation de trois tranches de paiement sans la caution exigée par la société Green, pour un total de 5,95 milliards de FCFA.
Ces irrégularités auraient dû entraîner sa traduction devant la Cour des comptes, mais ces recommandations n’ont pas été suivies sous l’ancien régime.
Mamina Daffé : la gestion qui mène à la chute
Successeur de Senghor à la tête du Prodac, Mamina Daffé n’a pas échappé aux critiques. Aujourd’hui incarcéré, il est accusé de :
• La validation de paiements de 1,25 milliard de FCFA sans versement préalable des cautions requises.
• Des dépenses injustifiées, comme une facture de communication de 63,95 millions de FCFA, en violation flagrante des procédures de passation des marchés publics.
L’IGF avait recommandé sa traduction devant la Cour des comptes, une mesure restée lettre morte à l’époque.
Ibrahima Cissé : un entrepreneur dans le collimateur
Parmi les autres figures impliquées, Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida, est cité pour des faits graves. Le rapport recommande qu’il soit traduit devant les juridictions pénales pour :
• Faux et usage de faux,
• Escroquerie sur des deniers publics,
• Un préjudice financier estimé à 517,86 millions de FCFA contre l’État.
Comme le rappelle L’Observateur, cette recommandation, ignorée sous le régime de Macky Sall, a finalement été exécutée par le parquet du Pool judiciaire financier.
Un héritage de négligence rattrapé par la justice
Les irrégularités du Prodac mettent en lumière un système où des procédures fondamentales ont été bafouées, exposant l’État à des pertes colossales. Selon L’Observateur, ces retards dans la reddition des comptes traduisent une complaisance qui aura permis à certains de jouir d’une impunité temporaire.
Aujourd’hui, la justice semble déterminée à solder ce passif. Avec les chutes en série de figures clés, ce scandale illustre un tournant dans la lutte contre la mauvaise gestion des deniers publics. Mais pour les inspecteurs de l’IGF, une question demeure : pourquoi a-t-il fallu attendre autant de temps pour que leurs recommandations soient appliquées ?
En attendant, le cas du Prodac résonne comme un rappel cruel des dérives qui peuvent miner les grands projets publics.
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