Daour Gaye disait dans son livre « Crises et perspectives du football sénégalais » : « Le Football sénégalais est dans une situation de précarité telle que, seule, l’introduction du professionnalisme peut aider à renverser la tendance. » L’élimination du club de Deni Biram Ndao, Génération Foot n’est qu’un prétexte tout trouvé pour faire ou refaire le diagnostic du football local Sénégalais. 10 ans après son entrée dans l’ère du professionnalisme (2009.) Ce Professionnalisme tant chanté semble encore rester à l’état de théorie. Vu l’état dans lequel se trouve le championnat Sénégalais moribond. Le championnat amateur comme on l’appelait il y a encore très peu de temps, garde des stigmates tenaces. L’amateurisme, la ligue Pro essaie tant que bien que mal de s’en départir en vain. Dans cette douloureuse succession de revers, certains observateurs avertis, ont tenté de faire le tour de la question. Témoins de ces campagnes Africaines stériles, qui n’auront pas redoré l’image de notre football.
L’élimination de Génération Foot, tout sauf une surprise ? Avant de mettre les pieds dans ce terrain glissant, Adama Ndione, journaliste sportif à la RTS1, de revenir sur la récente campagne des « Grenats. » Le champion 2019 de la ligue 1 Sénégalaise, a été sorti par le Zamalek en éliminatoires de la Ligue des champions CAF. Puis par la modeste formation de l’ESEA (Bénin) en tour de recadrage de la coupe CAF. « La dernière élimination reste une des plus douloureuses, à savoir celle de génération Foot qui a été d’abord éliminé par le Zamalek. Pour être reversé dans le tour de recadrage de la Coupe CAF. Avec ce nouveau revers contre les Béninois de l’ESEA dans les conditions que nous connaissons tous. C’est quelque chose qui est extrêmement compliqué à analyser même si pour GF, le périple Egyptien a eu un impact négatif par rapport à la stabilité du groupe et au moral des joueurs. Le match a été annulé dans les conditions que nous savons. Finalement ils ont été obligés de jouer dans ces conditions qui ont inhibé les joueurs et le staff. Ces concours de circonstance expliquent entre autres la surprenante défaite de Génération Foot à domicile contre l’ESEA. Et, l’élimination définitive qui s’en est suivi. »S’est-il expliqué pour dédouaner un tant soit peu, les protégés de Djiby Fall qui prend encore ses marques en sa qualité de nouvel entraîneur, en replacement de Demba Mbaye.
Loin d’être sur cette même longueur d’onde, Cheikh Oumar Aidara, consultant en football, spécialiste du foot local sénégalais, reste moins conciliant avec GF qui, selon lui, devait au moins s’imposer contre l’ESEA : « Il y a une question de gestion et de management. Cette élimination est impardonnable. Ils devaient au moins passer le cap de la coupe CAF. Le football local est vraiment malade. » Le mot est lâché ! Les maux dont souffrent notre championnat local sont désormais inéluctables selon lui.
10 ans plus tard, le « professionnalisme » chemine aux côtés de l’amateurisme… La Ligue Pro a-t-elle les moyens de sa politique ?
Quatre ans avant l’instauration de la ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) qui devait restructurer la ligue amateur, la Jeanne d’Arc réussissait à briller sur la scène Africaine. La JA se hissait en demi-finale de la LDC Caf, sorti par ES Sahel (2-4.) À cette époque, le Jaraaf de Dakar s’arrêtait au premier tour (Battu par Enyimba FC 3-2.) Une période que regrette Adama Ndione : « Depuis 2004-2005 avec la Jeanne d’Arc de Dakar, aucun club sénégalais n’a participé à la phase de poules de la ligue des champions Africaine. À l’étape où nous en sommes, aussi bien en ligue des champions Africaines des clubs, qu’en coupe CAF, aucun club Camerounais n’est qualifié... Ce qui témoigne de la très mauvaise santé du football local. » constat-il dans un premier temps.
Le journaliste de la Rts de poursuivre en ces termes crus : « Force est de reconnaître que la ligue sénégalaise de football n’a pas les moyens de sa politique. Parce qu’une ligue professionnelle, un football professionnel, exige énormément de moyens. Les équipes de manière individuelle ont leur stade où ils reçoivent leurs adversaires, ils ont des centres d’entraînement, des sponsors qui les soutiennent. Ils ont même des comités de supporters qui les soutiennent, qui contribuent à la marche de la structure. Ces clubs peuvent se permettre d’aller faire des stages de préparation à l’extérieur. Les joueurs sont des contractuels évoluant dans des structures avec toutes les commodités que requiert le haut niveau. Le football professionnel englobe beaucoup de choses et aujourd’hui la Ligue Pro n’a pas les moyens de sa politique. » Une lecture de la situation. Et, en même temps une « convocation » de la ligue Pro au banc des accusés. Mais est-elle l’unique responsable de cette « crise » silencieuse ?
À cette interpellation, l’expert local, Cheikh Oumar apporte une réponse nuancée. Loin d’être à charge contre le président de la Ligue Pro, Saër Seck et ses proches collaborateurs, il prône une nouvelle forme de management pour une gestion efficiente. « La première chose qu’il faut faire en ce moment c’est de transformer la responsabilité des dirigeants (Ministre, président de fédération, président de clubs etc…) en une obligation de résultat. Ceci est extrêmement important dans la gestion du football. Tant que ces responsabilités ne seront pas transformées en obligation, cette situation va perdurer. L’argent du football doit être réinjecté dans le football. Il faut que la fédération fasse en sorte d’avoir des tractions au niveau étatique, que l’Etat s’implique davantage et que la FSF puisse mettre en place des stratégies claires qui lui permettront d’avoir les moyens de sa politique. »
Le Sénégal à l’école Guinéenne, doit-on s’inspirer du voisin modèle ?
L’exemple des politiques sportives mises en place dans les pays du Maghreb voire chez le voisin Guinéen, a été souvent agité. En effet, Pour Adama, ce serait l’exemple typique à suivre, le modèle viable qui pourrait insuffler un second souffle salvateur. « Si vous prenez exemple dans les pays maghrébins ou de même sur la Guinée qui est plus proche, vous trouvez de gros investisseurs qui injectent beaucoup d’argent dans le football. Le fameux mécénat que l’on retrouve dans des clubs Guinéens comme Hafia de Conakry, le Horoya AC, L’AS Kalum… Ces équipes sont financées par de puissants bailleurs. Tout en sachant que le retour sur investissements se fera après. Malheureusement ces cas de figure on ne les retrouvent pas au Sénégal. Ici soit on a un club traditionnel avec le Jaraaf qui est une société anonyme, la SN HLM entre autres qui sont des clubs qui fonctionnent avec des cotisations et de faibles budgets alloués par ces entreprises à la section football ou sport. », regrettera-t-il.
Pour Aziz Diagne le chef du desk sport de FM Sénégal, dans le domaine du football local, les pays de la sous-région ont tout simplement damé le pion au Sénégal qui stagne en la matière, depuis des dizaines d’années. « En 10 ans de professionnalisme aucune équipe sénégalaise n’a réussi à émerger sur le plan Africain, toutes les équipes représentant le Sénégal sont éliminées dès le premier tour, par des clubs de la sous-région. La Gambie à l’époque avait éliminé nos équipes championnes, par le biais de Gamtel et Africell, le Djoliba nous a éliminé ici. Idem pour Le Horoya, je me rappelle même qu’une équipe Mauritanienne nous a déjà sorti. Tout ça pour dire qu’il y a du travail à faire. »
Pareil constat chez le chercheur en football, Oumar Aïdara qui ne manque pas de faire appel à un procès de notre foot local. Selon lui, notre professionnalisme n’existe que de nom… « Non seulement le football sénégalais n’a pas de niveau, mais on a aussi un problème de management. Depuis qu’on n’est passé vers un football professionnel en 2009, nos clubs peinent à exister dans les compétitions Africaines. Au moment où la Guinée, avec le Horoya, est souvent présenté dans les compétitions Africaines, notamment la ligue des champions. Même la Mauritanie a réussi à qualifier une de ses équipes locales en phase de poule. Ceci que le football local sénégalais accuse un retard énorme… Notre championnat est professionnel sur le papier, mais on n’a rien dans les faits. »
La fédération sénégalaise de football au banc des accusés… Dans tout cela, il serait illusoire de penser que la FSF de Me Augustin Senghor n’a pas sa part de responsabilité dans l’affaire. Malgré les 150 000 000%C2%A0000%C2%A0000 millions de subvention récemment annoncés pour permettre à la lige Pro de démarrer sa campagne 2019-2020, les solutions conjoncturelles devraient peut-être céder la place à des stratégies viables. Adama Ndione qui semble cautionner cela s’explique : « La fédération sénégalaise de football ne peut pas être épargnée par rapport à cette situation. Aujourd’hui les gens s’occupent de la participation de nos équipes dans des compétitions Africaines et internationales (U17, U20, équipe nationale A.) Mais force est de reconnaitre que cela est plus le résultat des politiques sportives des centres de formation que celles de la fédération. Si notre football peine à exister dans les compétitions Africaines c’est parce que l’instance dirigeante de notre football ne joue pas son rôle. Quand on parle d’administration, de stratégies et de politiques de développement, quand on parle de politiques publiques, naturellement, de facto on pense au gouvernement. Aujourd’hui qu’est ce que le ministère fait dans ce sens ? Est-ce que le ministre de sports a les moyens de sa politique ? Ont-ils le budget nécessaires à financer toutes les politiques publiques en matière de sport ? » Autant de questions brulantes qui attendent sur les tables des autorités susmentionnées.
Les centres de formation, les participations aux compétitions internationales… Les « arbres » qui cachent la forêt ?
Le football sénégalais est tout de même assez bien représenté sur la scène internationale. Un constat fait notamment dans les catégories jeunes (U17, U20) qui réalisent de belles performances. Un voile qui cache l’envers du décor pour Aïdara, cette présence assez régulière dans les compétitions mondiales est loin d’être le fruit d’un quelconque travail de la FSF. « Ce qui se fait au niveau des compétitions internationales avec les U20, les U17… Ce n’est pas une représentation effective des clubs, ce sont des joueurs qui sont dans des académies, qui sont dans la formation, qui compétissent dans les équipes nationales de petites catégories. Mais cela ne représente toujours pas le niveau de notre championnat local. Le championnat n’est nullement représenté dans les compétitions de haute envergure. Au niveau de l’équipe nationale A on n’a pratiquement rien, il n’y pas de joueurs locaux qui y figurent », déplore le consultant.
D’ailleurs, l’agent de la Rts, Adama Ndione de préciser que la vocation première de ces centres de formation n’est certainement pas de participer à des compétitions Africaines. « On a des centres de formation dont la vocation justement n’est pas de participer à des compétitions Africaines, encore moins remporter des trophées et compétir dans le sens professionnel du terme. Leur rôle c’est de former des joueurs susceptibles d’être transférés dans les marchés européens, américains et asiatiques... Notre football peine à décoller parce qu’il n’y a pas d’argent, les gens n’investissent pas. »
Toute choses qui font dire à Aziz Diagne de FM Sénégal, qu’il urge de mettre en branle des politiques sportives viables. Ceci commençant par un redressement du football local. Car c’est de la « santé » de nos clubs locaux que dépendra de façon plus large celle du foot Sénégalais globalement. « Il ne faudrait pas que tous les efforts soient concentrés sur l’équipe nationale A du Sénégal. J’ai souvent l’habitude de dire que c’est cette équipe nationale qui est l’arbre qui cache la forêt. Il y a du travail à faire au niveau de notre football local. Nous devons à l’avenir essayer de voir comment faire pour avoir des clubs forts. »
L’élimination de Génération Foot, tout sauf une surprise ?
Loin d’être sur cette même longueur d’onde, Cheikh Oumar Aidara, consultant en football, spécialiste du foot local sénégalais, reste moins conciliant avec GF qui, selon lui, devait au moins s’imposer contre l’ESEA : « Il y a une question de gestion et de management. Cette élimination est impardonnable. Ils devaient au moins passer le cap de la coupe CAF. Le football local est vraiment malade. » Le mot est lâché ! Les maux dont souffrent notre championnat local sont désormais inéluctables selon lui.
10 ans plus tard, le « professionnalisme » chemine aux côtés de l’amateurisme… La Ligue Pro a-t-elle les moyens de sa politique ?
Quatre ans avant l’instauration de la ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) qui devait restructurer la ligue amateur, la Jeanne d’Arc réussissait à briller sur la scène Africaine. La JA se hissait en demi-finale de la LDC Caf, sorti par ES Sahel (2-4.) À cette époque, le Jaraaf de Dakar s’arrêtait au premier tour (Battu par Enyimba FC 3-2.) Une période que regrette Adama Ndione : « Depuis 2004-2005 avec la Jeanne d’Arc de Dakar, aucun club sénégalais n’a participé à la phase de poules de la ligue des champions Africaine. À l’étape où nous en sommes, aussi bien en ligue des champions Africaines des clubs, qu’en coupe CAF, aucun club Camerounais n’est qualifié... Ce qui témoigne de la très mauvaise santé du football local. » constat-il dans un premier temps.
Le journaliste de la Rts de poursuivre en ces termes crus : « Force est de reconnaître que la ligue sénégalaise de football n’a pas les moyens de sa politique. Parce qu’une ligue professionnelle, un football professionnel, exige énormément de moyens. Les équipes de manière individuelle ont leur stade où ils reçoivent leurs adversaires, ils ont des centres d’entraînement, des sponsors qui les soutiennent. Ils ont même des comités de supporters qui les soutiennent, qui contribuent à la marche de la structure. Ces clubs peuvent se permettre d’aller faire des stages de préparation à l’extérieur. Les joueurs sont des contractuels évoluant dans des structures avec toutes les commodités que requiert le haut niveau. Le football professionnel englobe beaucoup de choses et aujourd’hui la Ligue Pro n’a pas les moyens de sa politique. » Une lecture de la situation. Et, en même temps une « convocation » de la ligue Pro au banc des accusés. Mais est-elle l’unique responsable de cette « crise » silencieuse ?
À cette interpellation, l’expert local, Cheikh Oumar apporte une réponse nuancée. Loin d’être à charge contre le président de la Ligue Pro, Saër Seck et ses proches collaborateurs, il prône une nouvelle forme de management pour une gestion efficiente. « La première chose qu’il faut faire en ce moment c’est de transformer la responsabilité des dirigeants (Ministre, président de fédération, président de clubs etc…) en une obligation de résultat. Ceci est extrêmement important dans la gestion du football. Tant que ces responsabilités ne seront pas transformées en obligation, cette situation va perdurer. L’argent du football doit être réinjecté dans le football. Il faut que la fédération fasse en sorte d’avoir des tractions au niveau étatique, que l’Etat s’implique davantage et que la FSF puisse mettre en place des stratégies claires qui lui permettront d’avoir les moyens de sa politique. »
Le Sénégal à l’école Guinéenne, doit-on s’inspirer du voisin modèle ?
Pour Aziz Diagne le chef du desk sport de FM Sénégal, dans le domaine du football local, les pays de la sous-région ont tout simplement damé le pion au Sénégal qui stagne en la matière, depuis des dizaines d’années. « En 10 ans de professionnalisme aucune équipe sénégalaise n’a réussi à émerger sur le plan Africain, toutes les équipes représentant le Sénégal sont éliminées dès le premier tour, par des clubs de la sous-région. La Gambie à l’époque avait éliminé nos équipes championnes, par le biais de Gamtel et Africell, le Djoliba nous a éliminé ici. Idem pour Le Horoya, je me rappelle même qu’une équipe Mauritanienne nous a déjà sorti. Tout ça pour dire qu’il y a du travail à faire. »
Pareil constat chez le chercheur en football, Oumar Aïdara qui ne manque pas de faire appel à un procès de notre foot local. Selon lui, notre professionnalisme n’existe que de nom… « Non seulement le football sénégalais n’a pas de niveau, mais on a aussi un problème de management. Depuis qu’on n’est passé vers un football professionnel en 2009, nos clubs peinent à exister dans les compétitions Africaines. Au moment où la Guinée, avec le Horoya, est souvent présenté dans les compétitions Africaines, notamment la ligue des champions. Même la Mauritanie a réussi à qualifier une de ses équipes locales en phase de poule. Ceci que le football local sénégalais accuse un retard énorme… Notre championnat est professionnel sur le papier, mais on n’a rien dans les faits. »
La fédération sénégalaise de football au banc des accusés…
Les centres de formation, les participations aux compétitions internationales… Les « arbres » qui cachent la forêt ?
Le football sénégalais est tout de même assez bien représenté sur la scène internationale. Un constat fait notamment dans les catégories jeunes (U17, U20) qui réalisent de belles performances. Un voile qui cache l’envers du décor pour Aïdara, cette présence assez régulière dans les compétitions mondiales est loin d’être le fruit d’un quelconque travail de la FSF. « Ce qui se fait au niveau des compétitions internationales avec les U20, les U17… Ce n’est pas une représentation effective des clubs, ce sont des joueurs qui sont dans des académies, qui sont dans la formation, qui compétissent dans les équipes nationales de petites catégories. Mais cela ne représente toujours pas le niveau de notre championnat local. Le championnat n’est nullement représenté dans les compétitions de haute envergure. Au niveau de l’équipe nationale A on n’a pratiquement rien, il n’y pas de joueurs locaux qui y figurent », déplore le consultant.
D’ailleurs, l’agent de la Rts, Adama Ndione de préciser que la vocation première de ces centres de formation n’est certainement pas de participer à des compétitions Africaines. « On a des centres de formation dont la vocation justement n’est pas de participer à des compétitions Africaines, encore moins remporter des trophées et compétir dans le sens professionnel du terme. Leur rôle c’est de former des joueurs susceptibles d’être transférés dans les marchés européens, américains et asiatiques... Notre football peine à décoller parce qu’il n’y a pas d’argent, les gens n’investissent pas. »
Toute choses qui font dire à Aziz Diagne de FM Sénégal, qu’il urge de mettre en branle des politiques sportives viables. Ceci commençant par un redressement du football local. Car c’est de la « santé » de nos clubs locaux que dépendra de façon plus large celle du foot Sénégalais globalement. « Il ne faudrait pas que tous les efforts soient concentrés sur l’équipe nationale A du Sénégal. J’ai souvent l’habitude de dire que c’est cette équipe nationale qui est l’arbre qui cache la forêt. Il y a du travail à faire au niveau de notre football local. Nous devons à l’avenir essayer de voir comment faire pour avoir des clubs forts. »
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