Projet Sicap-Coeur 3 VDN Extension 2 : La Cour des comptes révèle un gros scandale


Le contrôle de la gestion de la Société Immobilière du Cap-Vert (Sicap) par la Cour des comptes, portant sur les exercices 2014-2018, a révélé des faits assez particuliers concernant les modalités qui ne permettent pas de préserver les intérêts de la société. Dans sa livraison de ce mercredi 3 juillet, le quotidien Libération informe que ce constat est illustré par la cession à Mme M. F. S., chargée d'accueil et d'informations, d'une villa du projet Sacré-Cœur VDN Extension, préalablement attribuée en septembre 2002 à E. B. V., pour un prix de vente à terme de 33 636 000 FCFA. 
 
Selon la Directrice commerciale de la Sicap au moment du contrôle, les critères retenus pour l'attribution des unités d'habitation de la Sicap concernent notamment l'ancienneté de la demande, l'éligibilité au programme et la solvabilité du demandeur. Cependant, il a été constaté que des réservations sont directement effectuées pour le compte du Directeur général (ndlr, Ibrahima Sall) sortant et suivant ses instructions, sans ouverture de dossier et sans précision sur les conditions de cession. Interrogé par la Cour, l'ancien directeur général de la Sicap conteste l'existence de réservations effectuées par ses soins au profit notamment d'autorités politiques, administratives et judiciaires, et soutient que cette affirmation « n'est assortie d'aucune pièce justificative ».
 
Toutefois, la Cour indique qu'elle a bien reçu de la direction commerciale de la Sicap des états de réservations avec la mention « réservation DG » portée devant les noms de personnalités politiques, administratives et judiciaires. Cette pratique contrevient aux procédures en vigueur en matière de réservation d'unités d'habitation et n'est pas de nature à garantir l'accès égal à tous aux logements de la Sicap.  À titre illustratif, la Cour des comptes indique que sur le projet Sicap Sacré-Cœur 3 VDN Extension 2, 19 logements ont fait l'objet de réservations directes effectuées par le Directeur général au profit d'autorités politiques, administratives et judiciaires. 
 
Pire encore, souligne le journal Libération, sur le projet Lac Rose, 5 logements de type Fatma sont réservés par le Directeur général sortant sans contrat. De plus, des logements sont attribués ou cédés à des agents de la Sicap à des tarifs préférentiels, mais avec des mensualités de location qui dépassent leur capacité de remboursement. Dans la même veine, des logements ont été attribués à des agents de la Sicap Sa à Keur Massar 1, où des agents ont cédé leurs baux en cours de contrat. Ces pratiques montrent une gestion qui ne respecte pas les modalités et les intérêts de la société.
 
Aux termes de la convention de cession de contrat conclue le 23 novembre 2016, Mme M. S. s'est engagée à couvrir les sommes déjà acquittées par M. V., soit 18 388 617 FCFA, et à solder le restant dû, soit 15 247 383 FCFA, dont 10 651 983 FCFA d'arriérés. À la date du 31 juillet 2020, Mme M. n'a procédé à aucun versement et son compte affiche un solde débiteur de 15 247 383 FCFA.
 
Cependant, la Sicap a décidé de céder le logement à Mme M., qui a aussitôt sollicité un moratoire pour le paiement des arriérés et l'autorisation de verser mensuellement un montant de 250 000 FCFA. Il est à noter qu'elle est également affectataire d'un autre logement dans le projet Sicap Grand Mbao pour un prix de cession à terme de 18 174 500 FCFA.
Mercredi 3 Juillet 2024
Mouhamadou Moustapha GAYE



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