"Pistorius non coupable de meurtre avec préméditation"


La juge a expliqué qu'elle ne pouvait pas retenir la thèse de la préméditation à l'encontre de Pistorius sans se prononcer à ce stade sur sa culpabilité. "Le parquet n'a pas démontré au-delà du doute raisonnable que l'accusé était coupable de meurtre avec préméditation", a déclaré la magistrate, non sans avoir souligné que le champion lui avait semblé ne pas dire la vérité à la barre.
 
La juge au procès d'Oscar Pistorius a estimé que le champion paralympique a agi "en toute conscience" lorsqu'il a pris une arme pour tirer sur sa victime, a-t-elle dit au cours de la lecture de son jugement jeudi. 
 
"Il a décidé de prendre son arme, en d'autres termes, il a pris une décision en toute conscience (...) la cour estime qu'à ce moment-là, l'accusé était capable de distinguer entre le bien et le mal, et qu'il pouvait agir conformément à cette distinction", a déclaré Thokozile Masipa, qui doit rendre son verdict dans ce procès pour le meurtre de la jeune Reeva Steenkamp, tuée en février 2013. "Il a été un très mauvais témoin (et s'est montré) évasif", a-t-elle ajouté.
 
 
La juge, qui a entamé la lecture de ses attendus à 09h30, a expliqué n'avoir aucun doute sur l'honnêteté des témoins et les a même remerciés d'"avoir sacrifié leur temps et leur argent pour aider la cour". Mais elle a jugé qu'ils s'étaient trompés dans l'interprétation de ce qu'ils avaient entendus.
 
"Le témoignage de ce témoin (Michelle Burger, voisine habitant la résidence à côté) et de son mari a été critiqué avec raison (par la défense, ndlr), il n'est pas fiable de mon point de vue", a-t-elle dit notamment. "Il doit être rejeté dans sa totalité", a-t-elle ajouté, soulignant la distance importante du domicile du champion, plus d'une centaine de mètres, où se trouvait Mme Burger au moment du meurtre. 
 
Plus généralement, la juge a souligné pourquoi elle estimait que la plupart des témoins de l'accusation comme de la défense avaient donné un compte rendu "inexact" des faits, en soulignant que la perception et la mémoire humaine sont "faillibles". "A mon avis, ils ne sont pas parvenus à faire la différence entre ce qu'ils savaient personnellement et ce qu'ils ont entendu dire par d'autres gens, ou dans les médias", a-t-elle dit.
 
"Le fait que l'affaire ait attiré beaucoup d'attention médiatique, en particulier juste après l'incident, et le fait qu'elle soit devenue un sujet de discussions dans beaucoup de foyers, n'a pas non plus aidé", a-t-elle poursuivi.
 
 
Saint-Valentin 2013
Les deux jeunes gens se fréquentaient depuis trois mois au moment du drame, et l'accusation soutient qu'ils se sont disputés alors qu'elle était venue passer la nuit chez lui pour la Saint-Valentin 2013.
 
Oscar Pistorius a été un motif de gloire nationale pendant des années en Afrique du Sud, alliant le glamour d'un sourire de play-boy à une irrésistible réussite sportive perçue comme une revanche pour un jeune homme, âgé aujourd'hui de 27 ans et que ses parents ont dû faire amputer à l'âge de 11 mois et équiper de prothèses. Tout un symbole pour une nation ayant elle-même surmonté le douloureux passé de l'apartheid. 
 
Meurtre ou homicide involontaire?
Star des Jeux Olympiques de Londres de 2012, Pistorius avait couru avec des athlètes valides, une performance couronnant des années de bataille juridique pour faire homologuer ses prothèses en carbone qui donna un rayonnement à tout le handisport. 
 
Le meurtre a brisé sa carrière mais n'a pas mis fin à l'intérêt des médias dont l'effervescence, jeudi matin, n'avait d'égal que l'austérité des heures qui vont suivre. La lecture risque d'être longue.

Procès Pistorius: la juge rendra son verdict cette semaine 7sur7.be
Jeudi 11 Septembre 2014




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