Tenant une conférence de presse ce lundi, Me Saïd Larifou, avocat franco-comorien et président du parti Ridja-Pactef s’est exprimé sur la loi d’amnistie qui fait l’actualité depuis quelques jours. Se considérant témoin des actes politiques qui ont porté atteinte à des vies humaines, Saïd Larifou pense que la question qui se pose encore aujourd’hui est de savoir quelles suites pénales donner à ces actes qui ont causé la mort de plus de 60 personnes au Sénégal. Il faut se poser la question sur quels moyens juridiques et quelles ressources humaines sont disponibles pour faire juger différents crimes jugés en Afrique.
Évoquant la période 2021 et 2024, le président du parti Ridja-Pactef tient à rappeler d’emblée que son organisation politique conçoit clairement que « l’amnistie ne couvre et ne peut couvrir les crimes les plus graves. » Il ne s’agit pas selon Larifou, d’un débat politique, mais d’un combat pour le triomphe du droit international et des droits de l’homme. « La question est de savoir qu’est ce que c’est un crime international qui je rappelle, ne peuvent être objet de prescription. La qualification internationale des crimes est définie par des conventions internationales. Les droits individuels rattachés à tout être humains ne peuvent être violés pour n’importe quel prétexte », a t-il précisé ajoutant que la victime du crime contre l’humanité, n’est pas l’individu, mais l’humanité car, ces mêmes crimes contre l’humanité heurtent et bousculent l’être humain. Donc, « il ne fait pas pas rester indifférents sur ces crimes contre l’humanité », considère l’avocat.
Un devoir de soulagement des familles des victimes
Entre 2021 et 2024, le Sénégal a traversé une période très mouvementée. Plus de 60 personnes tuées, plus de 1000 blessés et plusieurs arrestations. D’après Saïd Larifou, ceux qui tenaient le pouvoir pensaient qu’ils pouvaient se servir des moyens de l’Etat pour réprimer les personnes qui ne faisaient qu’exercer leur droit conditionnel. Le 6 mars, l’adoption de la loi d’amnistie prétend n’y tourner la page et couvre les actes incluant les graves crimes perpétrés à l’époque. Le Ridja-Pactef prend position en faveur de la justice car, estimant que « le droit international interdit les crimes de guerre mais aussi ne couvre pas des actes de torture, des disparition forcées , des génocides, des violations graves aux droits humains et ne couvre pas des crimes commis pour des raisons politiques ».
La loi d’amnistie est reconnue et même nécessaire dans un pays en troubles politiques pour prôner et encourager la réconciliation. Mais est-ce qu’elle n’a aucune vocation à couvrir les crimes graves, contre l’humanité, rapporte l’avocat comorien qui poursuit dans cette même démarche : « Il faut savoir que même les violations des droits, les assassinat pour des raisons politiques, reste des crimes. L’Afrique espère beaucoup de la justice Sénégalaise pour que ces actes ne restent pas impunis et le Sénégal n’a pas le droits de décevoir. Si les crimes commis restent impunis, ces dictateurs en Afrique vont se croire encore tout permis. Nous devons exiger que ces conventions internationales ne soient pas des lettres mortes. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures », a servi Larifou.
Les crimes contre l’humanité au Sénégal
Si les actes commis au Sénégal entre 2021 et 2024 relèvent de crimes contre l’humanité? Larifou pense que les actes qui ont été commis et entrainé la mort des dizaines de Sénégalais et surtout pour des raisons politiques, d’autres blessés après des actes de torture doivent être punis. « Ce n’est pas de la science-fiction. C’est du concret car il y’a des sénégalais froidement abattu. Les commanditaires sont connus. Ce sont des actes qui relèvent bien de crimes contre l’humanité. Ce sont les conventions internationales qui le disent », a t-il martelé.
Les jeux politiciens ne peuvent générer une d’amnistie qui empêche la poursuite et la condamnation de ces actes, indique l’avocat qui s’en tient en tant que dirigeant de mouvement panafricaniste, à « ces conséquences de conflits meurtriers ». Pour l’avocat qui a été dans le pool défendant Ousmane Sonko en tant qu’opposant, « les lois ne doivent en aucune façon empêcher la poursuite des personnes qui ont commis ces graves crimes ». Il espère d’ailleurs que les auteurs seront poursuivis.
« Même s’il y’a abrogation, les faits sont objectivement établis. Interprétée ou abrogée, cela ne change rien. Il y’a de l’enfumage dans l’espace public avec une politisation qui ne dit pas son nom. Il y’a un minimum de décence. Poussés par leur appétit de pouvoir, ces gens de l’ancien régime ont commis de grave crimes. Il y’a des gens qui ont tenté d’humilier et de démolir le Sénégal. Les crimes commis ne relèvent pas d’une quelconque loi d’amnistie et dépassent largement le cadre du Sénégal », conclut-il.
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