Le silence des agneaux (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck)

DAKARACTU.COM Le meurtre de deux thiantacounes dans le domicile même de Cheikh Béthio Thioune, et qui lui vaut d’être en garde à vue et probablement inculpé et déféré au parquet pour au moins complicité, sonne comme un avertissement à tous ceux qui voient la vérité et ne la disent point, de peur d’être à contre-courant d’on ne sait quelle mode ou croyance mystique. Ce fait gravissime, on l’a vu arriver. Il n’est point surprenant, sauf l’horreur qui l’accompagne, qui, elle, peut laisser son homme abasourdi. Mais ce cirque grandguignolesque déroulé sous nos yeux, à coup de « unes » médiatiques sur sa demie douzaine d’épouses, son pouth-path, ses pas de danse exubérants et le commerce vulgaire que cet homme entretenait avec la foi et la religion se sont passés sous nos yeux. Et nous n’avons rien osé dire, par lâcheté, par peur de la violence affichée et revendiquée par le Cheikh lui-même et ses thiantacounes. On a laissé faire, on a laissé dire. C’est un signe divin que cette incartade fatale de cet homme qui se croyait tout permis. Dieu est venu lui rappeler qu’on ne se moquait pas de Lui impunément. Mais Dieu nous rappelle aussi que nous autres sommes responsables de cette scandaleuse adulation pour un homme qui a dévoyé aux yeux de tous des milliers de jeunes gens paumés et abandonnés par un système égoïste et broyeur, que cet opportuniste de la crédulité ambiante a su faire fructifier, sous notre silence coupable et absolu. On a pris un clown au sérieux au point que des jeunes illuminés l’ont comparé à Dieu. Ils en sont morts. Mais si nous avions crié plus tôt et plus fort à l’imposture, nous aurions évité ce drame en plus d’avoir évité d’être la risée du monde. C’est le Sénégal tout entier qui est responsable de l’existence même d’un phénomène Béthio Thioune. On ne pourra pas faire l’économie d’une profonde réflexion, d’un ndeup national pour revenir à ce que nos religions nous recommandent de faire. Le ridicule peut tuer. La preuve en est donnée.