Jour férié le lendemain de la Tamkharite : Le legs d’un homme pieux, feu Mansour Bouna Ndiaye, ancien député-maire de Louga


Jour férié le lendemain de la Tamkharite : Le legs d’un homme pieux, feu Mansour Bouna Ndiaye, ancien député-maire de Louga
La Tamkharite est célébrée le 10ème jour de Mouharram, ou Achoura et la nuit qui le précède. On pourrait comparer cette fête au 31 décembre ou Jour de l’An dans le calendrier grégorien. La nuit et le jour de Tamkharite (achoura) regorgent de grâces et de bienfaits qu’il importe de connaître pour mieux en tirer profit en adoptant une conduite appropriée. En termes de dévotion, il est particulièrement recommandé de jeûner, de réciter le Coran, de prier, d’implorer le pardon, de faire œuvre charitable, de se montrer solidaire avec les nécessiteux et les orphelins et de faire largesses à l’endroit des membres de sa famille.

Profitant de la séance du 27 janvier 1983, fixant le 1er février, fête de la Sénégambie, il avait avec beaucoup de courage introduit l'amendement sur la Tamkharite au grand bonheur de l'immense majorité des sénégalais qui, après cette nuit de réjouissance, devrait, le lendemain, se rendre au travail. 

Cette loi, rappelait souvent le regretté Mansour Bouna Ndiaye, a été voté par 17 députés: "En 1974 l'assemblée avait voté les fêtes légales au Sénégal sauf la Tamkharite, alors que moi je n'étais pas encore député". 

Selon lui, le président Senghor avait demandé une seconde lecture tout en insistant pour que la Tamkharite ne figure pas sur la liste des fêtes religieuses. 

Ainsi, a déclaré Mansour Bouna Ndiaye, une réunion du groupe parlementaire élargie au bureau politique du parti unique de l'époque (UPS) et au gouvernement a été convoquée dans ce sens. 

Élu député en 1978, l'édile de la ville de Louga rencontre son oncle , ancien ministre et ancien maire de Saint­Louis, Ibrahima Tall qui lui délivra des informations. Il lui confia : "Mon neveu, je sais que tu es courageux, mais Senghor s'oppose à donner le jour de la Tamkharite férié. J'ai rencontré l'iman ratib de Dakar, El Hadji Maodo Malick Sylla, qui m'a dit qu'à chaque audience au palais de la république, Senghor lui disait, je vous reçois, mais la seule condition, n'évoquez pas la Tamkharite". 

Profitant du vote, Mansour Bouna récita cette matinée 1000 "Salatoul Alal Nabi" (prières sur le Prophète Mouhamed, PSL) avant d'introduire cet amendement auprès du président Amadou Cissé Dia. Le président de l'assemblée lui demanda de présenter un document écrit avant de saisir le ministre de la fonction publique, de l'emploi et du travail d'alors, Alioune Diagne Mbor, au banc du gouvernement et le rapporteur Alioune Sall de Pikine. 

Mansour Bouna Ndiaye s'opposa au renvoi à la commission et sur les 80 députés présents, il n'y eut aucune abstention ou contre. La loi devait passer avec 17 voix (dont celles de Fara Ndiaye et de Boubacar Sall du PDS) parce que ne venant pas du gouvernement. À 12h, radio Sénégal annonçait le vote de la fête de la Sénégambie sans parler de celui de la Tamkharite. 

Sans se décourager, Mansour Bouna envoya un courrier dans la journée au président Abdou Diouf pour lui signifier qu'il est prêt à quitter le parlement et dénoncer ces pratiques auprès du peuple. Quelques heures plus tard, le journal de 20 heures annonçait la nouvelle loi sur la Tamkharite. 

Pourtant, tenait à préciser Mansour Bouna Ndiaye, le président Diouf recevra les félicitations du Roi Hassan II et du roi Fahd d'Arabie Saoudite pour cette loi qui, à l'époque, avait les allures d'une véritable révolution dans les mœurs politico-­religieuses. 

Les chefs religieux Serigne Abdou Lahat Mbacké, Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh et l'Iman Maodo Sylla adressèrent des courriers à notre député de l'époque, pour l'audace avec laquelle il a défendu sa position. Le Khalife de Touba signifiait à Mansour Bouna Ndiaye qu'il avait la bénédiction divine "nguereumou yallah". 

Aujourd'hui , les Sénégalais, rendent un vibrant hommage et adressent des prières à cet homme, car cette loi a permis aux millions de Musulmans Sénégalais de jouir d'un lendemain de Tamkharit chômé et payé , et ils pourront pratiquer en toute quiétude leurs actes de dévotion envers Allah (swt) comme le rappelle ce hadith du Prophète (PSL) : « quiconque aura vivifié la nuit de Achoura par l’accomplissement d’actes de dévotion, sera considéré comme ayant servi Allah (swt) à l’image des proches serviteurs ». 

Il est temps de sortir de l’oubli et de magnifier les actes posés par nos Hommes et Femmes, Pour que nul n'en ignore mais aussi pour inspirer la nouvelle et future génération. 

Mame Oumar Ndiaye 
Fils de Feu Mansour Bouna NDIAYE 
Administrateur de l'Agence de Communication PiccMi et du Groupe Asfiyahi.Org 
mamemomar@gmail.com
Vendredi 23 Octobre 2015




1.Posté par NDIAYE Bouna Sémou le 25/10/2015 08:48
Que Dieu veille sur lui. il avait de qui tenir. Pour moi, il est le fils du plus grand djolof djolof de tous les temps. Mame Oumar, vous avez fait oeuvre charitable en retraçant l'histoire de cette loi dont je ne connaissais pas les coulisses. Dans la même veine, je ne cesse de répéter que les grands hommes et femmes de ce pays ne sont pas honorés à juste titre. Or, chaque jour qui passe, nous voyons un ambassadeur étranger, un dirigeant d'une grande institution financière qui est récompensé pour service rendu à un peuple qui n'est pas demandeur...
Merci d'avoir revisité un pan de l'histoire de cet homme confondu avec celle de son pays.



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