La posture de fermeté du président de la République Macky Sall dans le retro pédalage de Yaya Jammeh est à saluer. Elle doit susciter une adhésion totale de toutes les forces vives de la Nation, opposition, société civile, populations, médias et camp présidentiel. Parce que le combat d’une restauration définitive de la démocratie en Gambie ne saurait être seulement celui du chef de l’Etat. Il est d’une exigence nationale parce les deux peuples du Sénégal et de la Gambie partagent tout sauf la langue du colon. Macky Sall ne saurait être alors seul dans un tel combat d’histoire du fait que le Sénégal et lui perdront la face si une force extérieure venait à régler cette question. La géographie de la Gambie qui est synonyme d’une langue dans la bouche du Sénégal s’est toujours imposée au Sénégal comme une patate difficile à avaler du fait des atermoiements de son dictateur de président. Il devient essentiel pour toutes les composantes de la Nation de susciter un fort élan de solidarité aux côtés du chef de l’Etat pour que Yaya Jammeh puisse débarrasser définitivement le plancher. Alliant courage politique, lucidité et surtout saisissant le sens de l’histoire en cours, Macky Sall a déroulé un bon timing qui lui confère un leadership incontestable dans ce dossier. Quelques heures à peine de la volte-face de Jammeh, le chef de l’Etat n’a guère attendu que des forces politiques extérieures le devancent sur le dossier. Il a pris la ferme résolution de condamner et de mettre en garde sévèrement Banjul de toute volonté de confisquer le pouvoir. Non seulement Macky Sall a été ferme en exigeant de Jammeh qu’il respecte la volonté des urnes du 01 décembre en remettant le pouvoir à Adama Barrow, mais qu’il lui tiendra rigueur de tout ce qui arrivera aux nombreux ressortissants sénégalais vivant en Gambie. La riposte sénégalaise est parfaite. Elle est un succès énorme. Elle est saluée fortement par la communauté internationale. Ainsi quelques heures après la sortie musclée du Sénégal, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’Union Africaine, la CEDEAO, le Département d’Etat américain, le Quai d’Orsay s’aligneront rapidement sur la position sénégalaise. De sa prise au pouvoir à la fin de son règne, Yaya Jammeh a été une éternelle angoisse des régimes successifs de Abdou Diouf à Macky Sall en passant bien sûr à celui de Abdoulaye Wade. Jammeh a toujours défini la température des relations entre les deux pays. Jouant habillement sur des enjeux stratégiques comme la traversée du fleuve et la question de la rébellion casamançaise, le dictateur de Kanilaï n’a jamais été d’une courtoisie républicaine à l’endroit de ses homologues successifs du Sénégal. A plusieurs reprises, il s’en prenait ouvertement avec une indélicatesse énorme à nos chefs d’Etat qui sont souvent à ses yeux les représentants honnis de l’occident. La virulence des propos montrait à suffisance le peu de respect que Yaya Jammeh accordait à Abdou Diouf, à Abdoulaye Wade et à Macky Sall. Seulement à l’évidence, pour Macky Sall, le boucher de Kanilaï s’est visiblement trompé de personnage. Si Abdou Diouf et Abdoulaye Wade mettaient beaucoup de circonspection dans les relations entre Dakar et Banjul- certainement à cause de l’âge-, il est à apprécier que Macky Sall est d’une orientation totalement en rupture avec ceux que ses prédécesseurs faisaient. Certes voulant donner à l’axe Dakar-Banjul une place de choix dans notre diplomatie de bon voisinage, Macky Sall à peine élu, a accordé sa première visite officielle en Gambie dès son accession au pouvoir 2012. Il a ensuite multiplié des actes de bonnes volontés en direction de Banjul rien que pour doper nos relations. Mais très vite, il se rendra compte qu’il avait un partenaire incommodant qui ne respectait jamais ses engagements. Alors, il change de fusil d’épaule en décidant de rendre coups sur coups à son homologue. Macky Sall ne transigera plus avec le voisin de dictateur. D’ailleurs lors du blocus de la Transgambienne, Macky Sall avait affiché une fermeté qui avait poussé Banjul à négocier pour lever le blocus. Alors il est évident qu’avec Macky Sall, Yaya Jammeh s’est tiré une balle dans la tête. Parce que si jusqu’ici, il était impossible pour le chef de l’Etat malgré les attitudes hostiles de Banjul d’aller au-delà de ce qui est permis, aujourd’hui le Sénégal a la chance inouie de permettre au peuple gambien de se débarrasser d’un homme encombrant. Et que gré ou de force, il sait qu’il va quitter le pouvoir parce qu’il y a un homme à côté en l’occurrence Macky Sall qui ne lui laissera jamais l’occasion de confisquer le pouvoir de son peuple. Président vous avez le soutien de votre peuple et celui de la Gambie. Ce soutien passera tout de même par un sursaut national soutenu par toutes les forces vives de la Nation. Parce qu’une telle occasion de régler légalement les comptes de Yaya Jammeh ne doit pas échapper au Sénégal
Baba TANDIAN
Baba TANDIAN
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