Focus sur le village des lépreux de Kaolack : Koutal Keur Malick Ndiaye

Niché dans la commune de Ndiaffate (département de Kaolack), le village de Koutal Keur Malick Ndiaye a été créé en janvier 1952 par la loi 76-03 obligeant les lépreux à rester dans l'un des neuf villages de reclassement social du pays.
En fait, il est ceinturé par 03 communes que sont Kaolack commune, Latmingué et Ndiaffate. Pour s'y rendre, la route de Kaolack en passant par le pont Serigne Bassirou Mbacké (ex pont Noirot) est la plus indiquée parce qu'étant l'axe routier le plus proche.


Focus sur le village des lépreux de Kaolack : Koutal Keur Malick Ndiaye
Ce matin, nous avons eu la chance d'être reçu par le chef de village, Abdoulaye Ndiaye, qui nous a  momentanément servi de guide et par le secrétaire général du village qui fut le premier instituteur de la localité, El hadj Ngom.

Après une visite guidée au niveau du pavillon qui fait actuellement office d'asile aux lépreux composés de 12 personnes dont 06 femmes et 06 hommes, du marché, de l'école française et coranique, de la case des femmes constituant dans l'immédiat les seules infrastructures dont dispose le village, nos deux interlocuteurs ont répondu sans détour à nos questions. " Senghor a créé ce village parce qu'il avait voulu protéger la population c'est-à-dire éviter le contact du lépreux et du non lépreux puisque la maladie n'avait pas de remède, alors il avait vraiment peur à ce qu'il ait contamination. La première année, il y avait juste 17 malades et parmi eux figurait une seule dame du nom de Amy Ndour, une sœur à moi. Au fil du temps, nous avons maintenant plus de 1 000 habitants au village, mais ceux qui sont atteints ne font pas 300. La maladie a vraiment reculé avec le nouveau médicament PCT( une polychiothérapie) qui est très efficace pour soigner la lèpre", a évoqué Mr Ngom.

Depuis janvier 1952, les habitants de Koutal Keur Malick Ndiaye ne varient pas dans leurs discours. " Avec la loi 76-03, il y a un frein au développement de notre localité. Le village n'est pas doté de terres de culture, de nourriture et le service des grandes endémies n'existe plus. Certes, nous bénéficions des bourses familiales, mais c'est insuffisant. Dans certaines familles, ce sont les lépreux eux-mêmes qui mendient pour subvenir aux besoins des membres du foyer. Et dans ce pavillon, les villageois se débrouillent avec les moyens du bord pour nourrir les locataires, à part l'appui des bonnes volontés qui viennent dans le village pour aider les plus démunis. Et pour faire face à la  soudure, nous avons préféré ne pas vendre nos produits en attendant les mois de disette pour les écouler sur le marché ou les vendre aux opérateurs qui viennent pendant cette période", a confié le chef de village, Abdoulaye Ndiaye.

Informés de la visite ce lundi à Kaolack du président de la République, Macky Sall, les populations ont égrené leurs chapelets de doléances. " Nous voulons que le chef de l'État nous apporte de l'aide. Nos enfants ne travaillent pas, les femmes elles demandent des financements en vue de mener des activités génératrices de revenus. Le président Macky Sall doit aussi abroger cette loi qui fait de nous des sujets dans notre propre pays. La fondation servir le Sénégal est aussi attendue dans ce village parce que nous avons entendu leurs bienfaits dans les autres localités du pays", ont-ils conclu.
Jeudi 15 Février 2018




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