Le président Macky Sall a proposé d'assouplir les sanctions économiques de la CEDEAO contre le Mali pour des raisons humanitaires. Comment analysez-vous cette position du chef de l'Etat Sénégalais ?
Cela dépend de l’angle d’approche. On peut penser que le Président Macky Sall croit à ce qu’il dit. C’est à dire qu’il est animé par une réelle volonté de venir en aide au peuple malien. Ce qui serait légitime venant du Sénégal, un pays frère pour le Mali. Mais du point de vue économique, on peut comprendre la position de Macky Sall.
Le Mali n’est pas n’importe quel pays pour le Sénégal. Il est un partenaire privilégié du Sénégal.
Que représente aujourd’hui le marché malien pour l’économie du Sénégal et quelles seraient les conséquences d’un embargo contre le mali ?
Le Sénégal a comme premier partenaire commercial le Mali. Près de 20% des échanges du port autonome de Dakar se font avec le Mali. En 2019, près de 70% des échanges internationaux maliens ont été faits avec le voisin sénégalais.
Entre 2009 et 2019, les exportations sénégalaises vers le Mali sont passées de 300 milliards de FCFA à 600 milliards de FCFA, ce qui représente près de 5% du PIB sénégalais en 2019.
Un embargo complet contre le Mali impacterait considérablement et de façon immédiate l’économie sénégalaise. De ce point de vue, on comprend aisément la position de Macky Sall.
Contrairement au Sénégal qui privilégie l'assouplissement des sanctions économiques, la Côte d'Ivoire a suspendu ses relations économiques avec le Mali. Au final à qui profite cette situation ?
À l’instar de la position des autorités sénégalaises, celle de la Côte d’Ivoire peut aussi être comprise suivant deux approches.
Politiquement il s’agit de respecter les décisions de la communauté, qui en principe, s’oppose à tout coup d’Etat militaire. Mais aussi on ne peut pas exclure l’hypothèse selon laquelle la position ivoirienne soit tout à fait motivée pour des raisons politico-économiques.
Le Sénégal et la Côte d’ivoire constituent les deux géants de l’UEMOA. Le Sénégal titille de plus en plus la Côte d’Ivoire, et ce depuis la crise ivoirienne des années 2000. On se rappelle des agissements de quelques voix ivoiriennes autorisées qui à l’époque reprochaient au Président Wade d’accueillir Guillaume Soro à Dakar.
Ces dernières sous-entendaient que le Président Wade était dans une dynamique d’encourager l’instabilité politique en Côte d’Ivoire dans le but de profiter des échanges commerciaux détournés vers Dakar. Restant dans la même perspective, on comprend bien que mettre fin aux échanges commerciaux entre le Sénégal et le Mali, ne serait-ce que dans un terme court, pourrait indirectement renforcer la position de la Côte d’ivoire au sein de la communauté. Tout cela pour dire que ce qui semble être la position du Président Macky Sall est tout à fait justifiable selon l’adage qui dit que les pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts à défendre.
Cela dépend de l’angle d’approche. On peut penser que le Président Macky Sall croit à ce qu’il dit. C’est à dire qu’il est animé par une réelle volonté de venir en aide au peuple malien. Ce qui serait légitime venant du Sénégal, un pays frère pour le Mali. Mais du point de vue économique, on peut comprendre la position de Macky Sall.
Le Mali n’est pas n’importe quel pays pour le Sénégal. Il est un partenaire privilégié du Sénégal.
Que représente aujourd’hui le marché malien pour l’économie du Sénégal et quelles seraient les conséquences d’un embargo contre le mali ?
Le Sénégal a comme premier partenaire commercial le Mali. Près de 20% des échanges du port autonome de Dakar se font avec le Mali. En 2019, près de 70% des échanges internationaux maliens ont été faits avec le voisin sénégalais.
Entre 2009 et 2019, les exportations sénégalaises vers le Mali sont passées de 300 milliards de FCFA à 600 milliards de FCFA, ce qui représente près de 5% du PIB sénégalais en 2019.
Un embargo complet contre le Mali impacterait considérablement et de façon immédiate l’économie sénégalaise. De ce point de vue, on comprend aisément la position de Macky Sall.
Contrairement au Sénégal qui privilégie l'assouplissement des sanctions économiques, la Côte d'Ivoire a suspendu ses relations économiques avec le Mali. Au final à qui profite cette situation ?
À l’instar de la position des autorités sénégalaises, celle de la Côte d’Ivoire peut aussi être comprise suivant deux approches.
Politiquement il s’agit de respecter les décisions de la communauté, qui en principe, s’oppose à tout coup d’Etat militaire. Mais aussi on ne peut pas exclure l’hypothèse selon laquelle la position ivoirienne soit tout à fait motivée pour des raisons politico-économiques.
Le Sénégal et la Côte d’ivoire constituent les deux géants de l’UEMOA. Le Sénégal titille de plus en plus la Côte d’Ivoire, et ce depuis la crise ivoirienne des années 2000. On se rappelle des agissements de quelques voix ivoiriennes autorisées qui à l’époque reprochaient au Président Wade d’accueillir Guillaume Soro à Dakar.
Ces dernières sous-entendaient que le Président Wade était dans une dynamique d’encourager l’instabilité politique en Côte d’Ivoire dans le but de profiter des échanges commerciaux détournés vers Dakar. Restant dans la même perspective, on comprend bien que mettre fin aux échanges commerciaux entre le Sénégal et le Mali, ne serait-ce que dans un terme court, pourrait indirectement renforcer la position de la Côte d’ivoire au sein de la communauté. Tout cela pour dire que ce qui semble être la position du Président Macky Sall est tout à fait justifiable selon l’adage qui dit que les pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts à défendre.
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