Dans les années 1960, le Sénégal, jeune République indépendante, a connu des événements tragiques qui ont marqué son histoire politique. Deux affaires particulièrement notables se sont produites en 1967 : la tentative d’assassinat contre le Président Léopold Sédar Senghor et le meurtre du député-maire Demba Diop. Ces événements, qui ont conduit à des exécutions capitales, révèlent les tensions politiques et sociales de l’époque. Voici un retour sur ces faits marquants.
1. La Tentative d’Assassinat de Senghor
Le 22 mars 1967, lors de la célébration de la Tabaski sur l'esplanade de la grande mosquée de Dakar, un jeune homme, Moustapha Lô, tente d’assassiner le Président Senghor. Armé d'un pistolet qui s'enraie, il est immédiatement maîtrisé par la sécurité. Moustapha Lô, cousin de Cheikh Tidiane Sy (un religieux emprisonné par Senghor), est accusé d’avoir voulu prouver que même le Président n'était pas à l’abri de la colère populaire.
Durant son procès, Lô affirme qu’il n’avait pas l’intention de tuer Senghor, mais de montrer que le Président pouvait être atteint malgré ses mesures de sécurité. Malgré ses protestations et l’intervention des chefs religieux pour obtenir une grâce présidentielle, Lô est condamné à mort. Le 15 juin 1967, il est exécuté avec une sérénité troublante. Senghor, malgré sa conscience tourmentée, refuse de faire preuve de clémence, affirmant que la politique ne peut être menée avec une « sensibilité excessive ».
2. Le Meurtre de Demba Diop
Le 3 février 1967, Demba Diop, député-maire de Mbour et ancien ministre, est assassiné par Abdou Ndaffa Faye, un partisan du député Jacques d’Erneville. Ce meurtre survient après une dispute sur un parking. Diop, qui avait été poignardé en pleine poitrine, meurt peu après malgré les soins reçus.
L’assassin, Abdou Ndaffa Faye, est immédiatement arrêté et un tribunal spécial est mis en place pour juger l’affaire. Faye, reconnu coupable de meurtre avec préméditation, est condamné à la peine de mort le 11 avril 1967. Les deux députés impliqués dans la conspiration contre Diop sont également jugés et reçoivent des peines de prison sévères.
Ces événements, qui ont conduit à la dernière vague d’exécutions au Sénégal avant l’abolition de la peine de mort en 2004, montrent la gravité des conflits politiques et personnels de l’époque. La décision de Senghor de ne pas accorder la grâce à Moustapha Lô et la rapidité des mesures judiciaires contre Abdou Ndaffa Faye révèlent un contexte de fermeté et de tension qui caractérisait le Sénégal des années 60. La mémoire de Demba Diop est honorée par le stade et le lycée qui portent son nom, tandis que l'affaire de Moustapha Lô reste un sujet de réflexion sur la justice et la politique dans une jeune démocratie.
Pour une compréhension plus approfondie de ces événements et leur impact sur l'histoire politique du Sénégal, continuez à suivre notre rubrique bi-hebdomadaire sur les grands moments de l'histoire sénégalaise.
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