L'ex-comzone Losseni Fofana est le nouveau seigneur de l'ouest ivoirien. S'il a accepté de parler à jeuneafrique.com, c'est avant tout pour répondre aux accusations portées contre lui par plusieurs ONG, dont HRW, qui le soupçonnent d'être responsables de crimes de guerre pendant les violences posélectorales. Rencontre à Man avec "Cobra", un homme qui préfère l'ombre à la lumière.
« Je n’ai jamais aimé apparaître dans les journaux », dit Losseni Fofana. De fait, l'ex-comzone de Man, Cobra de son nom de guerre, est longtemps resté l’un des plus discrets dirigeants des ex-FAFN (ex-rebelles), jusqu’à ce que l’histoire tumultueuse de la Côte d’Ivoire le place sous les feux de la rampe.
Mais du « lord of war », Fofana n'est pas exactement le portrait-robot. Ce dimanche, dans son bureau climatisé du peloton de la gendarmerie de Man, chef-lieu de la région des Dix-huit montagnes où il a établi son quartier général, il n'est entouré de deux proches, en civil. Lui-même porte un boubou malinké et s’est présenté seul à bord de son véhicule 4X4, sans gardes du corps lourdement armés, ni protocole.
Ce Dioula de Mankono (centre-nord du pays), ancien caporal de la Force d’intervention rapide para-commando (Firpac), avait fui la capitale économique ivoirenne en janvier 2001 (après le complot dit de la Mercedes noire). Pour échapper aux règlements de compte anti-Dioula de l’ère Gbagbo, il avait pris la direction de Ouagadougou avant de revenir pour participer au coup d'État manqué de 2002.
"On va manger Dioula !"
C’est dans son bureau de Man, où trônent deux cobras sculptés que le commandant Losseni Fofana a minutieusement préparé la bataille de l’ouest, où il règne désormais en maître. Ville après ville, village après village, ce proche de Shérif Ousmane (alias Guépard) a mis en déroute les combattants pro-Gbagbo qui avaient mis la région en coupe réglée depuis 2002.
Pour lui, la vraie guerre a commencé dans la nuit du 24 au 25 février dernier, quand des combattants pro-Gbagbo surexcités et chantant « on va libérer Man, on va installer Gbagbo, on va manger Dioula ! » ont attaqué les positions des ex-FAFN à Bounta (Danané, ouest montagneux). La conquête de l’ouest par ses troupes s’est achevée après la prise de Guiglo, intervenue juste après celle de Duékoué.
Plus de cinq mois après la fin des hostilités, Losseni Fofana s'est décidé à parler. Lui qui n’avait jusque-là accordé aucune interview à la presse, rejette catégoriquement les accusations de crimes de guerre portées contre lui par des organisations des droits de l’homme, en particulier par Human Rights Watch. « Les massacres de Duékoué n’étaient pas de notre fait. Là bas, chaque communauté avait son armée. C’étaient des règlements de compte entre communautés. Nous avons au contraire, mis un terme à cela », affirme-t-il.
Adepte de la boxe
Grand et svelte, calme et concis cet adepte de la boxe a le sentiment du devoir accompli. Et s’il ne veut pas être considéré comme un héros, « Cobra » refuse d’être traité de bourreau. « Mes hommes ont été formés pour faire la guerre, non pour tuer des civils. Depuis quatre ans, nous travaillons avec la Croix rouge sur le droit international humanitaire et les crimes de guerre », se défend-il.
À 37 ans, le plus jeune des comzones s’apprête à assumer sa nouvelle mission : celle de la Force spéciale (FS) créée par Alassane Ouattara, dont il est l’un des responsables. Celle-ci est chargée de combattre le grand banditisme. En attendant qu'elle soit opérationnelle, Cobra se rend régulièrement à Abidjan, où vivent son épouse et ses deux enfants. Pour lui, « la guerre est derrière nous, l’heure est au relèvement de la mère patrie ».
( Jeune Afrique )
« Je n’ai jamais aimé apparaître dans les journaux », dit Losseni Fofana. De fait, l'ex-comzone de Man, Cobra de son nom de guerre, est longtemps resté l’un des plus discrets dirigeants des ex-FAFN (ex-rebelles), jusqu’à ce que l’histoire tumultueuse de la Côte d’Ivoire le place sous les feux de la rampe.
Mais du « lord of war », Fofana n'est pas exactement le portrait-robot. Ce dimanche, dans son bureau climatisé du peloton de la gendarmerie de Man, chef-lieu de la région des Dix-huit montagnes où il a établi son quartier général, il n'est entouré de deux proches, en civil. Lui-même porte un boubou malinké et s’est présenté seul à bord de son véhicule 4X4, sans gardes du corps lourdement armés, ni protocole.
Ce Dioula de Mankono (centre-nord du pays), ancien caporal de la Force d’intervention rapide para-commando (Firpac), avait fui la capitale économique ivoirenne en janvier 2001 (après le complot dit de la Mercedes noire). Pour échapper aux règlements de compte anti-Dioula de l’ère Gbagbo, il avait pris la direction de Ouagadougou avant de revenir pour participer au coup d'État manqué de 2002.
"On va manger Dioula !"
C’est dans son bureau de Man, où trônent deux cobras sculptés que le commandant Losseni Fofana a minutieusement préparé la bataille de l’ouest, où il règne désormais en maître. Ville après ville, village après village, ce proche de Shérif Ousmane (alias Guépard) a mis en déroute les combattants pro-Gbagbo qui avaient mis la région en coupe réglée depuis 2002.
Pour lui, la vraie guerre a commencé dans la nuit du 24 au 25 février dernier, quand des combattants pro-Gbagbo surexcités et chantant « on va libérer Man, on va installer Gbagbo, on va manger Dioula ! » ont attaqué les positions des ex-FAFN à Bounta (Danané, ouest montagneux). La conquête de l’ouest par ses troupes s’est achevée après la prise de Guiglo, intervenue juste après celle de Duékoué.
Plus de cinq mois après la fin des hostilités, Losseni Fofana s'est décidé à parler. Lui qui n’avait jusque-là accordé aucune interview à la presse, rejette catégoriquement les accusations de crimes de guerre portées contre lui par des organisations des droits de l’homme, en particulier par Human Rights Watch. « Les massacres de Duékoué n’étaient pas de notre fait. Là bas, chaque communauté avait son armée. C’étaient des règlements de compte entre communautés. Nous avons au contraire, mis un terme à cela », affirme-t-il.
Adepte de la boxe
Grand et svelte, calme et concis cet adepte de la boxe a le sentiment du devoir accompli. Et s’il ne veut pas être considéré comme un héros, « Cobra » refuse d’être traité de bourreau. « Mes hommes ont été formés pour faire la guerre, non pour tuer des civils. Depuis quatre ans, nous travaillons avec la Croix rouge sur le droit international humanitaire et les crimes de guerre », se défend-il.
À 37 ans, le plus jeune des comzones s’apprête à assumer sa nouvelle mission : celle de la Force spéciale (FS) créée par Alassane Ouattara, dont il est l’un des responsables. Celle-ci est chargée de combattre le grand banditisme. En attendant qu'elle soit opérationnelle, Cobra se rend régulièrement à Abidjan, où vivent son épouse et ses deux enfants. Pour lui, « la guerre est derrière nous, l’heure est au relèvement de la mère patrie ».
( Jeune Afrique )
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