Anders Breivik raconte dans son manifeste comment il a pu obtenir jusqu'à dix cartes de crédit. Il aurait décidé d'avancer la date de ses attaques, par crainte d'être à court d'argent.
Tout est consigné noir sur blanc dans le manifeste du tueur norvégien. Au fil des 1500 pages que compte le document, Anders Breivik raconte dans le détail comment il a, depuis plusieurs années, récolté des fonds pour financer ses attaques. Après avoir cofondé, en 2002, à Londres, un nouvel «ordre des Templiers», il multiplie d'abord les emplois pour amasser un maximum d'argent : d'après son CV, il sera successivement manager dans une agence de publicité, conseiller pour la banque espagnole Bankia puis directeur des opérations dans une PME de 7 employés, E-Commerce Group. Il y travaille énormément, «plus de 12 heures par jour» assure-t-il.
Au fur et à mesure que son plan se précise, Anders Breivik comprend qu'il a besoin d'un afflux massif d'argent : il prévoit de dépenser 280.000 euros. Il commence par spéculer en bourse sur les cours du pétrole, mais il «commet plusieurs erreurs» et perd beaucoup d'argent, plus de 250.000 euros entre 2005 et 2008. Après avoir quitté son travail en 2007 pour se consacrer à l'écriture de son manifeste, Breivik change de stratégie. Il crée une société qui lui sert de couverture pour obtenir des cartes de crédits. «J'ai rapidement compris qu'il était hors de question pour moi de décrocher des prêts à mon nom, car je ne remplissais pas les conditions requises (relevé fiscal indiquant des hauts revenus, propriété immobilière, etc.) Obtenir des cartes de crédits était la seule alternative», écrit-il.
Une montre Breitling contre un sac d'engrais
En 2009, Anders Behring Breivik contacte 16 instituts de crédits, dont neuf lui accordent une carte. Il retire d'emblée 29.000 euros puis effectue ensuite des retraits hebdomadaires de plusieurs milliers d'euros en alternant les cartes. Avec cet argent, il achète en octobre 2010 sa première arme : un fusil d'assaut Ruger, pour 1400 euros, qui aurait été utilisé lors de la fusillade d'Utoeya. Breivik connaît ses premières difficultés financières en avril 2011, date à laquelle il s'installe dans une ferme à Asta, dans l'est du pays, louée 1250 euros par mois. Il trouve de l'argent là où il peut : il revend pour 2000 euros une montre Breitling et un stylo Montblanc et négocie avec son propriétaire un délai pour le paiement du loyer.
Après l'achat des six tonnes d'engrais chimiques nécessaires à la fabrication de sa bombe, pour un coût estimé à 24.000 euros, Anders Behring Breivik est ruiné. Le 17 juin, il doit ainsi réunir 8550 euros en une semaine pour s'acquitter de ses dettes. Il décide alors d'avancer les attaques, prévues à l'origine à l'automne, par crainte de ne plus avoir suffisamment de fonds pour louer une voiture le jour J. «Après des retraits compulsifs d'argent liquide, j'ai réussi à réunir suffisamment pour me tenir la tête hors de l'eau jusqu'à mi-juillet», écrit-il, toujours à la mi-juin.
Quelques heures avant l'opération, Breivik, un brin idéaliste, se projette déjà après l'attentat : «Je serai gravement endetté (…) Si tout échoue, je débuterai une carrière au sein d'une entreprise de sécurité privée dans une zone de conflit pour engranger un maximum d'argent et rembourser mes dettes», écrit-il. Puis, quelques lignes plus tard : «Je crois que ce message sera le dernier. Nous sommes le 22 juillet, il est 12h51». Trois heures plus tard, sa bombe explosait devant le siège du gouvernement norvégien.
( Avec Le Figaro )
( Avec Le Figaro )
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