APPELS TÉLÉPHONIQUES POUR « WAX SA XALAAT » : Jamais absents… Qui paie les factures ?


APPELS TÉLÉPHONIQUES POUR «  WAX SA XALAAT » : Jamais absents… Qui paie les factures ?
En écoutant les radios du pays, on peut facilement se rendre compte qu’elles sont unanimes à donner la parole aux populations à travers des émissions interactives déroulées, pour la plupart du temps, à la fin des éditions de journal. Ces émissions s’appellent d’une fréquence à une autre « Wax sa xalaat, Questions aux auditeurs, Kaddu askanwi, forum sur l’actualité … ». Même les radions communautaires s’essaient à ce jeu. « Jeu ? »…Pas vraiment un jeu puisque les services commerciaux y trouvent leur compte étant entendu que les serveurs vocaux sont pris d'assaut. Un appel téléphonique peut coûter jusqu’à 5 000 francs, confirme un habitué. Pourtant, à regarder de plus près, pour ceux qui se distinguent le plus dans cet exercice, on découvre qu’économiquement, ce sont des personnes loin d’être nanties, parfois même sont au chômage. Ils ne font que squatter les radios. Autant dire qu’ils ne leur manquent plus que de voir inscrit sur leurs cartes d’identité nationale la fonction de « wax sa xalaateur ».
 
A la découverte des « wax sa xalateurs » et des thèmes


L’identité des « wax sa xalateurs » a sensiblement changé depuis le départ du Président Abdoulaye WADE. Du temps du Pape du Sopi, les Sénégalais étaient habitués à entendre certaines individualités. Elles appelaient, pour l’essentiel de la banlieue dakaroise, de l’intérieur du pays et principalement de Touba, Mbacké, Kaolack. Très fréquentes, elles se chargeaient de défendre becs et ongles leur leader ou de charger le régime en place. Cela dépend de leurs positions politiques respectives. Le fait qu’ils ne s’absentent jamais leur octroie même le privilège de voir les animateurs prononcer leur nom dès qu’ils montrent «  le bout de leur nez ». Ils n’ont plus besoin de se présenter. Dès que leur intervention est faite sur une radio, ils courent négocier l’entrée en ligne sur celle d’à-côté. C’est comme s’ils étaient tenus par un contrat qui les oblige à faire le tour des stations radios pour livrer le discours du jour. Mieux, ils sont tellement habitués qu’ils parviennent toujours à  « être à l’antenne » malgré le fait que généralement le serveur vocal est saturé. 
Seulement quand le sujet du jour n’est pas éminemment politique, ils disparaissent et c’est « dimanche » pour eux. Bref, le « wax sa xalaatisme » est devenu un métier qui nourrit son homme. Et comment ?
 
Qui paie les factures ?


Il faut d’emblée dire que tous ceux qui appellent ne sont pas à la solde des politiques. Parfois, des Sénégalais effectuent des intrusions pour donner leurs points de vue. De fil à aiguille, il a été donné de découvrir que plusieurs de ses « wax sa xalaateurs » ne paient aucune de leurs factures téléphoniques. Les groupes « Wax sa Xalaat » sont dûment constitués. N’y prend pas part qui veut. Dans une lettre adressée à une personnalité de ce pays, un groupe a écrit en substance « Nous groupe Wax sa Xalaat de … n’avons plus reçu de soutien depuis que vous êtes parti de votre poste. Vous avez dû remarquer que certains d’entre nous n’appellent plus ». En guise de réponse, la personnalité écrit : « ah ok, bin c’est plus moi qui gère ça. Adresse-toi à … au numéro… ». Notre « wax sa  xalaateur » anonyme de confier : « Il n'y a rien de mal à cela. Toutes les personnalités ont mandaté quelques personnes chargées de sillonner les partis. Si tu n’as pas quelqu’un pour te défendre, les auditeurs vont penser que c’est ce qui est dit par ceux qui appellent qui est vrai. Chez nous, il y a un député qui se charge de nous acheter des cartes de crédit toutes les fins du mois. C’est notre contribution quoi! ».  
Dans tous les cas, les « wax sa xalaateurs » sont presque toujours des personnes éloquentes, bien informées et qui savent faire des messages que même les publireportages ne peuvent pas assurer. A vos fréquences !
Samedi 20 Février 2016




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