Tardive rébellion (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck)

DAKARACTU.COM Bokk Guiss Guiss est né des flancs d’un PDS en lambeaux, suite à la débâcle de la présidentielle qui a vu un de leur ex-frère prendre en mains les destinées du Sénégal. La cassure est nette et à présent officielle, et des pans entiers de dirigeants s’apprêtent à migrer vers le nouveau maître et son pouvoir. Mais d’autres ont la ferme intention de rester dans un parti où, malgré l’omnipotence de la constante Wade, ils ont misé des billes et dépensé de l’énergie avec conviction. Pape Diop, Mamadou Seck, Thierno Lô, Abdoulaye Baldé et Moustapha Guirassy ont décidé de voler de leurs propres ailes et de créer une coalition. C’est plus que de la dissidence, c’est un clash. Ils disent ne pas vouloir que ce parti qu’ils ont contribué à asseoir, remis à des personnes, fussent-elles proches du fils du patriarche du Sopi, devienne leur lieu de sépulture politique. Alors on se met à penser que s’ils avaient plus tôt dit leur « guiss guiss », leurs pensées, et les avaient défendues, il en serait allé autrement de l’histoire de ce pays. Pourquoi n’ont-ils pas dit non, quand la machine à casser du Idrissa Seck ou du Macky Sall en son temps s’est mise en route ? Pourquoi n’ont-ils pas su persuader l’ancien chef de l’Etat que c’était peine perdue d’aller à la présidentielle dans cette configuration de la dévolution monarchique du pouvoir ? Pourquoi ne se sont-ils pas opposés à la montée en puissance de la Génération du concret qui est à l’origine de l’implosion du PDS ? Pourquoi ont-ils tous courbé l’échine devant les exigences impossibles à tenir de Wade ? Quels avantages voulaient-ils préserver et alors pourquoi devrait-on les croire forts quand ils ont pu être aussi faibles ? On se demande comment de tels hommes ont pu se laisser glisser sur une pente aussi suicidaire politiquement, sans réagir. Combien d’hommes et de femmes avec eux vont accepter de traverser un tel désert d’opposition et les accompagner dans une reconquête de leurs positions de puissance ? C’est là la seule question qu’ils vont devoir rapidement résoudre. A une rébellion aussi tardive il manquera à coup sûr le panache.