« Revit Gorée toujours.» ​


« Revit Gorée toujours.» ​
Revit Gorée toujours
Ile de sang et de larmes
Symbole de la déportation.
Dernier rempart
Pour le voyage du non-retour.
 
Revit Gorée toujours.
Dans tes ruines
Et souvenirs
En écoutant la chaloupe nourricière
En versant à Coumba Castel
Sa calebasse de lait à la mer
 
Revit Gorée toujours
Pour que la souffrance
Conditionne la délivrance
Pour que le regard
Suscite la liberté
 
Revit Gorée toujours
Gorée la douloureuse, dixit le poète
Je te dis une prière ardente
Aux oreilles du vent
Pour qu’au passage de l’ultime chaloupe
Tu ne deviennes l’Ile-tombeau
Je mêle mon sang
Le sang du continent maternel
Au sang de la diaspora
Pour que toujours, tu demeures
Ile-colère
Ile-mémoire  
 
Ils ont osé ! La Place de l’Europe à Gorée la douloureuse.
Ainsi me revient la Mémoire, me revient l’Histoire.
Que valent nos attitudes molles face à leurs turpitudes folles ? Notre raison face à ces monstres froids?
Quand donc, frère noir, ton corps marchera sur les miettes des chaînes de la honte ?
Quand seras-tu un Homme Libre aux semelles de vent crachant l’humiliation séculaire sous le soleil de la justice ?
Quand seras-tu enfin debout, vigoureusement dans ta couleur agressive, dans ton odeur répulsive, dansant de toutes tes forces avec entrain pour vomir ton zénith de dédain ?
« Tristes sont les Esprits qui rapetissent leur Histoire
Qui rapetissent leur Mémoire.» disait le poète
Dans leur folie et dans leur idôlatrie, ils ont oublié Breyten BREYTENBACH investi dans son Institut à Gorée, luttant contre l’apartheid, déchirant le passe que les noirs portaient en Afrique du Sud et qui leur collait à la peau comme une identité, se promenant dans des aires minuscules étouffées par des barbelés si ridicules.
Dans leur devise et dans leur ruse, ils ont oublié les filles de Mariama BA qui, comme Promothée, lèvent un cri si violent jusque dans les entrailles de la terre, jusque dans le fond de l’air,  jusque dans la source de l’eau, jusque dans le souffle du feu pour susciter la fierté noire.
De l’Amérique, nous parviennent déjà des propos, des mots : « iIs ont tué le bleues. »
Musique berçant des corps fouettés sur des rythmes endiablés dans le tempo métallique des chaînes attachées à des pieds inanimés.
Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes au cœur d’un témoigna- ge. Il ne s’agit pas d’avoir le sens de l’engagement. Il s’agit d’être tout simplement sensible à la dimension historique des êtres et des cho- ses pour construire ensemble un monde de justice, d’égalité et de fraternité.
Nous devons accepter notre Histoire non de manière passive mais en se revendiquant Africain et humain à la fois.
Mots après mots, paroles après paroles, pour toi, frère de sang, j’ai voulu comme beaucoup de nos compatriotes, résister à l’assaut de la barbarie toujours à l’affût sous mille déguisements.
                                 Mamadou DIALLO
                                Avocat au Barreau de Paris
                                docteur en droit
           Auteur des Eclats du Temps (Poésie) et Bal d’Afrique (Théâtre) 
 
« Revit Gorée toujours» est la devise de l’Ile. Poème extrait des Eclats du Temps-Editons Acoria 2005)
Vendredi 11 Mai 2018




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