Retrouvailles avec la CEDEAO: Quel discours pour convaincre les frères militaires du Sahel ?


 Le président de la république Bassirou Diomaye Faye a été désigné par le chef de l’État Togolais Faure Eyadema par la Conférence des Chefs D’État de la CEDEAO comme médiateur chargé de discuter avec les autorités de l’AES. En même temps que le sommet de la CEDEAO, le Burkina, le Mali et le Niger se sont réunis en sommet pour officialiser leur confédération. Réellement, la situation au Sahel avec le retrait annoncé de ces trois pays inquiète la CEDEAO. D’ailleurs, c’est un sujet qui a été longuement discuté lors du 65e sommet de l’institution gouvernementale africaine à Abuja. La position du président de république Bassirou Diomaye Faye a été claire : « Je réitère ici l’ancrage du Sénégal dans la CEDEAO, en tant que membre fondateur et au regard des relations d’amitié fraternelle et de coopération conviviale que mon pays a toujours entretenues avec tous les membres de notre organisation depuis l’époque des pères fondateurs » a-t-il souligné lors de sa prise de parole lors du sommet. Selon le  désormais médiateur entre la CEDEAO et les pays de l’AES, « il est impératif de poursuivre les efforts pour des retrouvailles de toute la famille afin de consacrer toutes leurs forces et ressources aux projets et initiatives communautaires qui les rassemblent ». Même lors de sa visite au mois de mai dernier à Bamako et Ouagadougou, le chef de l’Etat avait estimé que cette réconciliation entre la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et les trois pays de l'AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger pourrait bien être possible. « Je comprends aujourd’hui quelque peu que les positions sont figées. Mais je perçois dans chacune de ces positions une fenêtre d’ouverture un fil, si ténu soit-il, du dialogue », a constaté Bassirou Diomaye Faye au Burkina considérant que « la Cedeao reste ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être ».

 

L’urgence pour le président de la république du Sénégal, c’est d’adapter les mécanismes et le mode de fonctionnement de la CEDEAO face à la réalité. « D’où l’importance d’engager les réformes pour l’adapter aux réalités de son temps et consolider la marche collective vers les objectifs communs. Face aux possibles sanctions qui pourraient accentuer les difficultés entre les pays de l’AES et la CEDEAO, Bassirou Diomaye Faye a déjà fait le plaidoyer : « le moment est peut-être venu de réfléchir davantage sur les sanctions communautaires extrêmes, qui, au regard de leurs impacts économiques et sociaux sévères, renforcent malheureusement l’idée d’une institution qui punit ses populations au lieu d’être à leur service et à leur secours ». La CEDEAO appelée à changer de fusil d’épaule face aux sanctions à l’encontre des régimes militaires, au-delà de la nécessité des grandes réformes que les pays « rebelles » attendent en termes de souveraineté. Justement, cette même souveraineté est prônée par le régime de Diomaye. La posture de l’actuel président de la république du Sénégal est claire : « sauvegarder les acquis de la CEDEAO, maintenir l’entité, mais réajuster ce qui peut l’être notamment dans le cadre des relations avec le reste du monde dans le respect, l’équité et la dignité.

 

La commission de la CEDEAO avait déjà listé des sanctions sur le plan diplomatique et politique au regard du retrait du Mali, du Burkina et du Niger sur la scène internationale. « Ils perdraient le soutien des blocs pour des candidatures à des postes internationaux au sein de l'Union africaine, des Nations unies et d'autres organisations similaires. Des changements vont intervenir sur les conditions de voyage et d'immigration » avait soutenu le président de la commission, Omar Touray.

 

Les citoyens ressortissants de ces pays seront désormais soumis à l’obtention des visas pour voyager dans la sous-région. De plus, ils ne pourraient plus résider ou créer des entreprises librement dans le cadre des facilités de la CEDEAO et seraient soumis à diverses lois nationales. De son côté, le bloc des militaires indique sur le plan institutionnel, le retrait qui entraînerait la fermeture de plusieurs structures régionales de la CEDEAO dans ces 3 pays, affectant la sécurité d'emploi de quelque 130 personnels de la CEDEAO et de citoyens de ces pays. La perte de ces infrastructures régionales serait aussi un revers significatif pour l'intégration et le développement régional. Mais prenant son bâton de pèlerin, Bassirou Diomaye Faye peut-il faire revenir les frères militaires sur leurs décisions ? Va-t-il réussir à leur « garantir » la prise en compte de leurs préoccupations au sein de la CEDEAO ? Cette mission commando ne semble pas aisée certes, pour le jeune chef d’Etat qui veut accomplir une première mission dans son optique souverainiste. Ce serait tout de même une victoire pour le Sénégal et toute la région Ouest Africaine qui a nécessairement besoin de parler et d’évoluer en synergie. « Eviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO qui serait le pire des scénarii et une grande blessure au panafricanisme».
Lundi 8 Juillet 2024
Dakaractu



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